mardi 17 décembre 2013

La pédagogie Charlotte Mason et les enfants Asperger.

La plupart des enfants Asperger n'a pas de problème avec les matières purement scolaires, surtout avec l'école à la maison qui lui permet d'aller à son rythme.
Mais à quoi bon dévorer les programmes et assimiler toujours plus de connaissances, si l'on ne développe pas en parallèle ses compétences sociales?
Vous pouvez-être aussi bon que vous voulez, on ne viendra pas vous chercher. Dans le monde actuel il faut savoir "se vendre": connaître les codes sociaux, savoir quoi dire et quand le dire, et développer son répertoire relationnel. On se fiche de votre cause si vous ne savez pas la défendre.

Toutes ces compétences sociales, souvent naturelles, sont très difficiles à acquérir pour les personnes qui vivent avec le syndrome d'Asperger.


Le bain culturel

La pédagogie Charlotte Mason part du principe que les matières "classiques" (le français, les mathématiques, l'histoire…) doivent être aussi souvent que possible enveloppées d'histoires, de contexte. Il n'existe à ma connaissance aucune pédagogie qui insiste à ce point sur l'importance de l'environnement culturel.
Les "living books", ces petits livres inspirants que Mason encourage à utiliser le plus souvent possible pour toutes les matières, aident ces enfants à se raccrocher à une histoire et à des comportements. Dans la pratique, ça signifie étudier la géographie à travers des guides de voyage et des récits d'explorateurs; ou encore étudier l'histoire à travers la littérature.
Non seulement c'est fun, mais surtout ça leur fournit des modèles comportementaux sur un plateau.
Ce bain culturel les aide aussi à diversifier leurs centres d'intérêts, trop souvent focalisés sur un seul et même sujet à la fois.
-> L'enfant Asperger a souvent des difficultés pour saisir les comparaisons et métaphores: il est nécessaire d'y passer plus de temps, et de s'arrêter sur chacune pour les expliquer.

La narration

Les parents d'enfants Asperger connaissent bien le problème: la plupart peuvent parler durant des heures d'un même sujet… celui qui les passionne sur le moment! Mais dès qu'il s'agit d'avoir une réelle conversation et de les faire parler d'autre chose, ça peut vite devenir la croix et la bannière.

Chez Mason, la narration a un rôle crucial: il faut encourager l'enfant à raconter ce qu'il voit, écoute, vit et lit. 
C'est un exercice excellent non seulement pour les enfants Asperger, mais aussi pour tous les enfants "dys", parce qu'il pose les bases de l'écriture et qu'il les pousse à se concentrer sur un sujet en particulier. Cette narration quotidienne ouvre l'horizon du vocabulaire, et libère la prise de parole. C'est aussi l'occasion, avec un enfant Asperger, d'insister sur le regard et de travailler sur le contact visuel trop souvent fuyant.

Le "théâtre de la vie"

Chez Mason, l'apprentissage d'un comportement social adapté aux différentes situations se fait grâce à la littérature. Et plutôt que de travailler sur toutes les règles de savoir-vivre en même temps, elle propose de ne travailler que sur un point à la fois.
En gardant cette idée d' "une chose à la fois", on peut proposer à l'enfant de faire des jeux de rôles. Imitez par exemple un autre enfant qui vient se présenter à lui, et apprenez-lui à faire l'effort de retenir son prénom, à répondre aux questions et surtout à les retourner.

Ou bien amusez-vous à faire des quizz sur ce qu'on peut dire ou ne pas dire, quitte à tomber dans le caricatural. Vous serez surpris de voir que pour un enfant Asperger, ce n'est pas évident. Il va devoir apprendre chaque cas particulier par coeur.
Par exemple:
-Un enfant est tombé, il saigne, et son papa ne l'a pas vu: faut-il le prévenir? 
OUI, c'est une urgence. 
-Un enfant a une énorme pustule sur le visage, faut-il prévenir son papa? 
NON, ce n'est pas une urgence, et cela pourrait peiner le papa. 
-Une dame fait tomber son manteau dans la rue, faut-il la prévenir? 
OUI, pour l'aider à le récupérer
-Une dame a un horrible manteau, faut-il la prévenir? 
NON, elle a le droit d'avoir d'autres goûts,et critiquer son manteau pourrait la peiner.
-…

L'expression écrite

Ici c'est très difficile, et je me heurte à un mur avec le manuel d'expression écrite de notre cours par correspondance. 
Faire imaginer et écrire une histoire à un enfant qui a déjà des difficultés orales… est très difficile, surtout lorsque le sujet donné n'a rien à voir avec ce qui l'intéresse. 
Faire des pages d'opérations ou d'analyses grammaticales est souvent un jeu pour un enfant Asperger. Mais répondre à des questions du style "Que pense le petit garçon sur l'image? Qu'a t'il envie de faire?" est un vrai problème. 
J'essaie de capter son attention en utilisant les sujets qu'il aime. La rédaction hebdomadaire d'un petit "journal à compléter" l'aide beaucoup à structurer son discours.
Nous allons également tenter de partir d'images liées à ses centres d'intérêts du moment.

L'art

De nombreux enfants Asperger s'épanouissent artistiquement. C'est aussi souvent le cas pour les enfants dyslexiques. La pratique quotidienne de la danse, du dessin, d'un instrument de musique ou encore de la peinture peuvent aider l'enfant à s'épanouir et à s'exprimer différemment

Le temps en extérieur

Beaucoup deviennent très "casaniers", et  préfèrent le confort d'une chambre connue et rassurante. L'extérieur, avec tout ce qu'il a d'imprévu, peut être l'objet d'une terrible angoisse. 
Dans la pédagogie Charlotte Mason, l'enfant passe plusieurs heures dehors, à observer la nature ou à se défouler. Encourager mon fils à sortir tous les jours est une habitude qui a été très difficile à instaurer, mais je pense qu'elle en vaut largement la peine.
Ce n'est pas seulement une aide, c'est un réel besoin pour les enfants Asperger: être en extérieur les aide à canaliser leur énergie, à calmer leurs angoisses, et à s'habituer à l'imprévu

Le sport en collectivité

Il fait partie des trois à six heures de temps en extérieur recommandées par Mason. Le sport est essentiel pour les aider à coordonner leurs mouvements-chose souvent laborieuse-, et à faire partie d'un groupe avec des règles définies. 
C'est aussi un bon moyen d'être en collectivité tout en ayant quelque chose de précis à faire: courir après un ballon par exemple, ou encore faire un parcours de gymnastique. Les connexions sociales se créent ainsi par le jeu, autour d'un objectif et d'un intérêt commun; sans pression.


Tous les articles sur la pédagogie Charlotte Mason:



vendredi 13 décembre 2013

Le Pôle Nord: comment les ours polaires survivent-ils au froid?

Dans le cadre de notre expédition imaginaire au Pôle Nord avec le club voyage autour du monde, nous avons fait une petite expérience bien amusante aujourd'hui: après avoir fabriqué une petite banquise et observé sa flottaison, nous avons enrobé notre main dans de la graisse pour comprendre comment les animaux polaires survivent aux températures arctiques.

L'expérience fait partie du fichier d'activités sur le Pôle Nord.


Mais la graisse ne fait pas tout: les ours polaires ont aussi une épaisse fourrure, qui les aide à conserver leur chaleur corporelle. De cela aussi nous avons fait l'expérience: la main enveloppée de fourrure en peluche, nous nous sommes aventurés… dans le congélateur!


mardi 10 décembre 2013

Comment avoir des enfants sages.

J'ai reçu cette semaine une question que j'ai trouvée géniale: "comment fais-tu pour que la troisième peigne sans re-décorer les murs et que ton bébé patouille et fasse de la pâte à modeler sans incruster le tout dans le sol, les chaussures, etc et n'aille pas peindre avec sa soeur ?"


J'allais répondre que l'essentiel est de les maintenir tous occupés, et de naviguer d'un enfant à l'autre pour leur donner toujours de quoi faire. 

Et puis… il s'est passé ça. La rencontre d'une petite fille un peu trop silencieuse dans la salle de jeux, d'une maman occupée, et d'un pastel discrètement subtilisé dans la cuisine. Ou comment rompre joyeusement la monotonie d'un mur immaculé:



Dans la foulée, dimanche, lors de la messe, mes quatre enfants ont chahuté. Je reste toujours au fond avec eux pour qu'ils dérangent le moins possible, mais je dois avouer que les dernières minutes leur ont semblé bien longues.

Je crois qu'il n'est pas une mère qui n'ait jamais vécu ce lourd moment de solitude: maintenir silencieuse une progéniture à bout de patience, tout en restant droite sous la mitraille des regards obscurs.
L'heure achevée, soulagée de prendre le chemin de la sortie, je ne me suis pas éclipsée assez vite: une horde de personnes âgées m'est tombée dessus:
"On fait garder ses enfants pendant la messe, Madame", "Ne voyez-vous pas qu'ils dérangent?", "Vous n'êtes pas gênée qu'ils fassent du bruit?", "Mais à quoi la garderie sert-elle?". 
C'était à la messe, mais ça aurait pu être n'importe où. 

Les enfants n'ont plus leur place dans le monde actuel. On ne tolère plus ni leurs bêtises, ni leur chahut. Ils doivent être "à part": dans des garderies, à l'école… ils doivent rester entre eux, et ne pas "déranger". 

L'enfant est une personne

Nous devons cette idée à Maria Montessori ou encore Charlotte Mason.
Malheureusement, c'est trop souvent mal compris. L'enfant est une personne, qui mérite respect et attention. Il n'est pas pour autant un adulte miniature: la sagesse, le calme, la maîtrise de soi ou encore la patience s'acquièrent avec les années. 
En attendant qu'il s'assagisse, il fera mille bêtises. Et tant mieux! Il tâtonne, découvre, cherche les limites, se défoule, s'amuse d'un rien… 
Faut-il, en attendant qu'il devienne raisonnable, le mettre à l'écart? 

L'exemple scandinave

J'ai voyagé avec les enfants en Islande, Suède et Norvège. 
La fessée y est interdite. 
Mais ce qu'on dit moins souvent c'est qu'il est infiniment plus facile d'être un parent suédois que d'être un parent français. 
La pression n'est pas comparable. Les lieux publics y sont tous adaptés aux enfants: vous avez des bacs de jouets partout, et le moindre snack a quelques feutres et un carnet à prêter aux petits pour les occuper. Tout est fait pour que tout le monde se sente bien et vive ensemble: les personnes âgées, les adultes, les enfants…
Les cris, le chahut, font partie du décor, parce que les enfants font partie de ce décor. Ils sont acceptés comme ils sont; et un enfant qui ne bouge pas, c'est ça qui est inquiétant. 

Supporter les bêtises

Devenir parent, c'est très vite se rendre compte qu'on ne maîtrise pas tout. 
Partant du constat qu'un enfant peut vite se transformer en tornade, vous avez plusieurs options: 

-les mettre à l'écart pour qu'ils ne "dérangent pas". Mais je suis de ceux qui pensent qu'on apprend à devenir adulte dans le monde réel, entouré de personnes de tous âges, et non parqué dans des collectivités "entre enfants". 
-toujours être derrière eux, pour les empêcher de "déborder". Ca marche un temps, mais qui supporterait d'avoir quelqu'un toujours sur son dos?
-ou choisir d'accepter leurs bêtises. Passer derrière, prendre son mal en patience, leur demander de réparer quand c'est possible, leur apprendre à présenter leurs excuses, montrer l'exemple soi-même… expliquer inlassablement que si les hommes des cavernes dessinaient sur les murs c'est parce qu'ils n'avaient pas cette merveilleuse chose qu'est le papier… 

C'est parfois usant. 
C'est souvent décourageant. 
Et oui, cette semaine j'ai repeint un mur, et ça ne sera sûrement pas le dernier. 
J'ai été très en colère, mais les pots de crayons, la peinture et la pâte à modeler resteront toujours à leur portée dans la cuisine. Les bêtises sont inévitables, et surtout elles font grandir. 
Un enfant trop sage est un enfant qui n'ose pas, qui a peur, ou auquel on ne donne pas suffisamment les moyens d'essayer. 

dimanche 8 décembre 2013

Horizontal et vertical

Un affichage tout simple dans la "homeschool room", pour aider les enfants à mémoriser le sens d'horizontal et celui de vertical.


L'affichage est téléchargeable ici:




dimanche 1 décembre 2013

Premier dimanche...

Premier dimanche de l'avent.
Les petits Homeschoolers vous souhaitent un mois de décembre enchanté. 

Ferm living