vendredi 24 janvier 2014

école à la maison et inspection

C'est notre troisième année d'école à la maison, mais c'est la première année que j'ai un enfant en âge d'obligation d'instruction.
Et nous n'avons pas échappé au premier contrôle, cette après-midi, par une inspectrice de l'éducation nationale. J'avais assez peu d'inquiétudes: mon fils a un an d'avance, et un très bon niveau par rapport à ce qui se fait dans les écoles.

L'inspection


Avec plus d'une heure de retard, "parce que la secrétaire état malade et qu'elle n'avait pas transmis le rendez-vous" (Nul doute, j'ai bien affaire à l'éducation nationale, fidèle à elle-même, me voici rassurée), une charmante inspectrice s'est présentée à notre domicile.

De nombreuses questions sur les raisons pour lesquelles nous avons fait ce choix ont précédé un examen minutieux, matière par matière, du contenu des cahiers et livres de mon petit garçon.

Beaucoup de questions sur ses loisirs, ses activités "extra-scolaires", s'il a une chambre individuelle ou pas, s'il participe aux corvées, ce qu'il lit, mon niveau d'études et leur consistance, la profession de mon mari, nos différentes résidences, les prénoms et âges des frères et sœurs, les activités de la fratrie, le déroulement de mon planning hebdomadaire, s'il fait bien de la musique et un sport collectif, s'il fait bien de la généalogie (!), l'implication de mon mari dans la famille, quelles sorties pédagogiques nous faisons, quels outils informatiques nous avons, à quelle association de défense de l'ief j'adhère, si j'élève des animaux, si je côtoie d'autres familles Ief, si je suis active dans une association,…
Le tout soigneusement consigné au fur et à mesure par informatique.

Nous avons des cours par correspondance, la loi voudrait donc que l'inspection se limite à la seule vérification que c'est bien mon fils qui remplit ses devoirs.

J'ai donc à plusieurs reprises fait part de mon etonnement face à un questionnaire aussi intrusif. L'inspectrice m'a néanmoins affirmé, dans la continuité des courriers qui l'ont précédée, ne faire aucune distinction entre école à la maison et instruction en famille. Nous avons donc eu le même examen que les familles faisant l'instruction en famille sans cours par correspondance.

Une inspection qui s'est bien déroulée, avec toutefois pas mal de critiques formulées devant mon enfant, sur un contenu jugé "trop dense", "trop rigoureux", des mathématiques pas assez manuelles… Beaucoup de suggestions également sur la manière de faire l'éducation civique, sur l'importance de l'anglais, sur comment ils procèdent à l'école…

Le bilan

Je suis assez mitigée.

Je suis très fière de mon enfant qui ne s'est pas du tout démonté, et qui a répondu calmement aux différentes questions alors qu'il était à 7ans à peine en situation d'examen face à une personne inconnue.

Je regrette cependant de ne pas avoir été plus ferme sur le fait qu'elle venait simplement vérifier que mon fils bénéficiait bien d'une instruction et non pas passer toute son éducation au tamis.
J'apprécie les critiques, elles font avancer.
Mais je ne pense pas qu'il soit acceptable que l'on remette en cause devant mon enfant les méthodes et la pédagogie que j'ai choisies.

Et les enfants scolarisés? 

Je ne trouve pas normal que l'éducation nationale m'impose une obligation de résultat qu'elle ne s'impose pas à elle-même.

Je suis pour les contrôles.
Ils me semble normal de vérifier une fois de temps en temps qu'aucun enfant n'est maintenu dans un état d'ignorance ou de dérive sectaire.

Mais dans ce cas pourquoi s'arrêter aux enfants non-scolarisés?

Dans le cadre scolaire, les inspecteurs évaluent les professeurs, pas les élèves. Si un professeur est mauvais il ne sera pas pour autant retiré et remplacé en cours d'année. Le mauvais prof est un sujet tabou, la plupart continueront à sévir jusqu'à la retraite sans être inquiétés.

Mais alors qui évalue les enfants scolarisés?
Les enseignants se sont toujours majoritairement opposés aux évaluations de leurs élèves; certains réclamant encore plus d'anonymat, d'autres refusant même carrément de faire réaliser les évaluations nationales.
Résultat, quatre écoliers sur dix arrivent en sixième avec de graves lacunes. Aucun inspecteur ne le tolèrerait d'un homeschooler. Et pourtant, pour un enfant scolarisé, ça n'affole personne.

14 commentaires:

  1. Merci pour ton compte rendu. Et je partage tout à fait ton questionnement et tes indignations sur ce que l'EN exige des familles mais pas des écoles.
    Peux-tu écrire un courrier pour expliquer ton mécontentement que l'inspection ait fait ses remarques devant ton enfant?

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  2. Euh... Excuse-moi hein, mais je n'aurais pas dit que ça s'est bien passé dans ces conditions : elle s'est asssise sur vos droits, est allée bien au-delà de sa mission et s'est permis d'être intrusive sur des questions qui ne la regardent pas !!!! (Genre la chambre individuelle, même pour le contrôle à caractère social dans le cadre de l'instruction ça ne les regarde pas !)
    Alors je comprends qu'un premier contrôle ça impressionne, mais accepter des tests scolaires, se soumettre à des exigences invasives et hors-la-loi (et de cette façon donner des billes à l'EN pour ensuite mettre la pression aux autres familles, crois-moi on est nombreux à l'avoir vécu, c'est dur de faire valoir ses droits quand tant de gens se soumettent sans broncher), pour le coup je n'aurais pas dit que ça s'est bien passé...

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  3. Plouf, j'avoue l'avoir reçu la fleur au fusil. J'étais prévenue et sur mes gardes par rapport à un excès de tests sur mon enfant. À ce niveau elle n'a pas exagéré, elle lui a posé quelques questions orales extrêmement simples et a été courtoise et douce avec lui. Au contraire il était tout heureux de répondre et de montrer qu'il savait. Ce n'est pas allé trop loin donc je ne suis pas intervenue.

    Si je publie ce témoignage en revanche c'est parce que je n'étais absolument pas prévenue sur le risque d'un tel interrogatoire, qui plus est consigné au fur et à mesure par informatique. Je le lui ai signalé, je suis restée la plus évasive possible, et avec le recul oui j'aurais dû totalement refuser de répondre (avec le recul, c'est facile à dire). Elle m'a assuré à plusieurs reprises que c'était normal et qu'elle le faisait systématiquement.
    Je vais faire remonter mon mécontentement au recteur parce que oui, c'est illégal et j'aurais dû être plus ferme. En attendant, si cela peut servir d'avertissement pour d'autres personnes tant mieux.

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  5. Un témoignage très instructif, merci !

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  6. Plusieurs contrôles à notre actif et aucune intrusion de ce genre.
    Inadmissible!

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  7. Je n'en reviens pas.... Ayant mon fils au cned reglementé je ne serais pas controlé par l'EN mais par une assistante de la mairie, qu'ont-ils le "droit" de faire?

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  8. Je suis sideree face a l'intrusion de cette inspectrice... Quel rapport y a-t'il entre votre enseignement et le fait qu'il ait une chambre individuelle, fasse de la musique ou pas.. et de la genealogie? ca ne s'etudie pas a l'ecole, que je sache! Aucun eleve scolarise n'a a repondre a de telles questions... Je suis a 100% d'accord avec vous, il y a vraiment inegalite de traitement entre les enfants scolarises et ceux qui ne le sont pas!

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  9. Elle a outrepassée ses droits : elle a mené l'enquête EN et l'enquête à caractère social ce qui ne relève pas de ses prérogatives. Le cas échéant c'est un argument à faire valoir !
    Par ailleurs tu n'es pas tenue de faire de l'éducation civique à 7 ans ni de l'anglais...ton obligation est d'atteindre le socle commun des connaissances à 16ans, tu peux décider de ne commencer l'anglais qu'en 6ème si tu estimes que c'est préférable !! C'est un contrôle tout à fait inadmissible mais je pense qu'il n' y a pas lieu de réagir tant que le rapport écrit est positif.

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    1. En effet Laurence, j'attendais le rapport pour savoir si je devais réagir ou non. Il est arrivé, et à ma grande surprise il est élogieux. Elle émettait tant de bémols et de suggestions (généalogie, sport co etc), que je suis agréablement surprise.

      Un bémol toutefois sur le rapport: instruction civique "insuffisante" (pour un enfant qui devrait être en CP, qui nous accompagne dans l'isoloir et qui a suivi les élections avec passion! -mais il n'a pas de "cahier d'éducation civique", elle veut donc en voir un l'an prochain).

      Chiffonnée; j'hésite à rentrer dans son jeu en faisant un cahier d'éducation civique (qui le leur fera pas de mal), ou à passer outre ses exigences.

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  10. Rassurez moi ce n'est pas a chaque fois affreux ces visites?
    car a vous lire ça me fait un peu froid

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  11. Merci Laure, il va falloir que je trouve une astuce pour l'éducation civique pour l'année prochaine ! alors que c'est mon ADN, je vais lui transmettre de toute façon ... (je suis fonctionnaire territoriale et formatrice dans ce secteur).

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  12. Pour moi, tout est grave. Ma petite-fille dyspraxique (donc intelligente comme l'a précisé le neuropédiatre) a, enfin trouvé le plaisir d'apprendre, à son rythme. Elle est heureuse, reprend confiance en elle. Mais voilà, cela déplaît à l'inspection académique de sa petite ville. Première année, premier contrôle,inspectrice partant à la retraite, tout va bien. Deuxième année, contrôle musclé avec ricanements devant les bons résultats obtenus avec le CNED LIBRE.Deuxième contrôle exigé avec menace d'obligation de re-scolarisation à la rentrée. Prétexte, niveau insuffisant....
    Un dyspraxique évolue à son rythme qui est plus lent, un retour à l'école signifie donc que ma petite-fille sera mise de côté une fois de plus, donc mise sur une voie de garage.
    Ces gens m'écoeurent.

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