C'est notre troisième année d'école à la maison, mais c'est la première année que j'ai un enfant en âge d'obligation d'instruction.
Et nous n'avons pas échappé au premier contrôle, cette après-midi, par une inspectrice de l'éducation nationale. J'avais assez peu d'inquiétudes: mon fils a un an d'avance, et un très bon niveau par rapport à ce qui se fait dans les écoles.
L'inspection
Avec plus d'une heure de retard, "parce que la secrétaire état malade et qu'elle n'avait pas transmis le rendez-vous" (Nul doute, j'ai bien affaire à l'éducation nationale, fidèle à elle-même, me voici rassurée), une charmante inspectrice s'est présentée à notre domicile.
De nombreuses questions sur les raisons pour lesquelles nous avons fait ce choix ont précédé un examen minutieux, matière par matière, du contenu des cahiers et livres de mon petit garçon.
Beaucoup de questions sur ses loisirs, ses activités "extra-scolaires", s'il a une chambre individuelle ou pas, s'il participe aux corvées, ce qu'il lit, mon niveau d'études et leur consistance, la profession de mon mari, nos différentes résidences, les prénoms et âges des frères et sœurs, les activités de la fratrie, le déroulement de mon planning hebdomadaire, s'il fait bien de la musique et un sport collectif, s'il fait bien de la généalogie (!), l'implication de mon mari dans la famille, quelles sorties pédagogiques nous faisons, quels outils informatiques nous avons, à quelle association de défense de l'ief j'adhère, si j'élève des animaux, si je côtoie d'autres familles Ief, si je suis active dans une association,…
Le tout soigneusement consigné au fur et à mesure par informatique.
Nous avons des cours par correspondance, la loi voudrait donc que l'inspection se limite à la seule vérification que c'est bien mon fils qui remplit ses devoirs.
J'ai donc à plusieurs reprises fait part de mon etonnement face à un questionnaire aussi intrusif. L'inspectrice m'a néanmoins affirmé, dans la continuité des courriers qui l'ont précédée, ne faire aucune distinction entre école à la maison et instruction en famille. Nous avons donc eu le même examen que les familles faisant l'instruction en famille sans cours par correspondance.
Une inspection qui s'est bien déroulée, avec toutefois pas mal de critiques formulées devant mon enfant, sur un contenu jugé "trop dense", "trop rigoureux", des mathématiques pas assez manuelles… Beaucoup de suggestions également sur la manière de faire l'éducation civique, sur l'importance de l'anglais, sur comment ils procèdent à l'école…
Le bilan
Je suis assez mitigée.
Je suis très fière de mon enfant qui ne s'est pas du tout démonté, et qui a répondu calmement aux différentes questions alors qu'il était à 7ans à peine en situation d'examen face à une personne inconnue.
Je regrette cependant de ne pas avoir été plus ferme sur le fait qu'elle venait simplement vérifier que mon fils bénéficiait bien d'une instruction et non pas passer toute son éducation au tamis.
J'apprécie les critiques, elles font avancer.
Mais je ne pense pas qu'il soit acceptable que l'on remette en cause devant mon enfant les méthodes et la pédagogie que j'ai choisies.
Et les enfants scolarisés?
Je ne trouve pas normal que l'éducation nationale m'impose une obligation de résultat qu'elle ne s'impose pas à elle-même.
Je suis pour les contrôles.
Ils me semble normal de vérifier une fois de temps en temps qu'aucun enfant n'est maintenu dans un état d'ignorance ou de dérive sectaire.
Mais dans ce cas pourquoi s'arrêter aux enfants non-scolarisés?
Dans le cadre scolaire, les inspecteurs évaluent les professeurs, pas les élèves. Si un professeur est mauvais il ne sera pas pour autant retiré et remplacé en cours d'année.
Le mauvais prof est un sujet tabou, la plupart continueront à sévir jusqu'à la retraite sans être inquiétés.
Mais alors qui évalue les enfants scolarisés?
Les enseignants se sont toujours majoritairement
opposés aux évaluations de leurs élèves; certains réclamant encore plus d'anonymat,
d'autres refusant même carrément de faire réaliser les évaluations nationales.
Résultat, q
uatre écoliers sur dix arrivent en sixième avec de graves lacunes. Aucun inspecteur ne le tolèrerait d'un homeschooler. Et pourtant, pour un enfant scolarisé, ça n'affole personne.