mercredi 14 décembre 2016

L'enfant malade et la scolarisation

Les petites maladies des enfants

En déscolarisant vos enfants vous espériez échapper aux microbes?  Désolée mais c'est loupé:entre les clubs sportifs et les diverses activités culturelles on n'échappe pas aux petites maladies. Les enfants non-sco font donc eux aussi leur immunité, même s'ils sont sûrement moins souvent malades que leurs homologues scolarisés. Mais lorsqu'un enfant est malade je n'hésite pas à lever le pied le temps qu'il se rétablisse. C'est l'un des gros avantages du homeschooling: la liberté de pouvoir s'arrêter.

Lorsqu'un enfant scolarisé rate une semaine d'école, la maîtresse n'attend pas: la classe continue sa progression. Chaque jour d'absence est donc un jour de travail à rattraper. Mais en homeschooling les enfants prennent le temps de se remettre sur pieds. Une fois guéris ils reprennent tranquillement à l'endroit exact où ils s'étaient arrêtés.

Les petites maladies des parents

Parent de petit homeschooler, ne rêve pas: ton enfant peut avoir la grippe, mais pas toi. Tu ne peux pas. Si tu flanches, tout flanche avec toi. Si tu étais tenté à l'idée de tomber malade, pense à l'état de ta maison après plusieurs jours d'alitement. Tu vois, ça va tout de suite beaucoup mieux! Sport, jus d'orange pressée au petit déjeuner, vie saine: pour assurer auprès des enfants commence par prendre soin de toi!

Mais si malgré toutes ces précautions ton corps, en bon scélérat, venait à te trahir: lève le pied. Comme tes enfants: prends le temps de te remettre. J'ai testé le homeschooling avec la grippe, parce qu'il fallait "avancer"... mais ce n'est pas franchement une expérience à renouveler. Tu es malade? Range les cahiers: je suis sûre que les petits ont justement besoin d'enrichir leur culture cinématographique!

L'hospitalisation d'un enfant non-scolarisé

J'ai appris, à l'occasion de l'hospitalisation d'un de mes enfants, l'existence de "l'école à l'hôpital". Comme un homeschooler averti en vaut deux, voici ce qui risque de vous arriver:

A peine arrivés dans le service pédiatrique, après une nuit épouvantable et alors que nous avions franchement d'autres soucis, nous avons reçu la visite d'une institutrice pour remplir une fiche de renseignements sur mon enfant: classe, établissement scolaire et nom de la maîtresse. Elle souhaitait organiser sa scolarisation à l'hôpital et m'informer qu'elle passerai chaque matin lui faire classe dans sa chambre jusqu'à ce qu'il puisse se déplacer pour aller en classe avec les autres enfants de l'hôpital. 


Et comme je sais à quel point vous adorez cette facette du homeschooling qui consiste à débattre, se justifier, argumenter et expliquer... je vous épargnerai le long débat qui a suivi: "comment ça il ne va pas à l'école?", "mais pourquoi?", "à l'hôpital en tout cas c'est gratuit et obligatoire", "mais enfin, nous sommes vendredi et l'école est obligatoire!", "il a peut-être passé une nuit blanche mais puisque je vous dit que j'ai l'accord du médecin pour le faire travailler!", "vous êtes bien la première à ne pas être contente", "vous êtes qualifiée pour ça?", "dans ce cas je lui ferai juste faire un petit test pour vérifier son niveau, vous pouvez nous laisser" ... 


Evidemment je n'ai pas laissé un enfant qui ne tenait même pas debout avec une inconnue pour faire des tests de niveau. Ça s'est fini avec un mot croisé débile sur les fruits, en ma présence, pour la "rassurer" sur ses capacités en lecture et en écriture et acheter -enfin!- notre tranquillité à tous les deux. Tranquillité obtenue après un nouveau petit débat sur le fait qu'à 7 ans il ne savait pas qu'un mot croisé se remplit en majuscules d'imprimerie et non en cursives.


Mais surprise: quelques jours après notre retour à la maison, soit une semaine avant les grandes vacances, j'ai reçu un appel étrange de l'inspection académique affirmant-à tort- que nous n'étions pas en règle étant donné que nous n'avions pas été inspectés durant l'année scolaire! Nous devions scolariser nos enfants pour les trois derniers jours d'école ou risquer une amende exorbitante. Sauf que... nous étions parfaitement en règle. Et nous ne sommes bien sûr pas responsables de l'absence de contrôle: c'est à l'académie d'y veiller, pas à nous. 
L'inspection académique a refusé de me dire comment ils avaient obtenu mon numéro de portable et pour cause: ils n'ont pu l'avoir que par l'intermédiaire de l'hôpital. Nous n'avons plus eu de nouvelles d'eux suite à cet étrange appel. 

Alors si d'aventure cela devait vous arriver sachez que non, en France l'école n'est pas plus obligatoire à l'hôpital qu'ailleurs. Vous avez le droit de continuer à assurer le homeschooling en milieu hospitalier, tout comme vous avez le droit de décréter que votre enfant peut lever le pied sur ses apprentissages le temps de guérir. Vous n'êtes pas non plus soumis au calendrier scolaire sous prétexte que l'enfant est hospitalisé: vous avez parfaitement le droit de le mettre en vacances mi-septembre ou encore de ne pas étudier un mardi.

Depuis quand inflige-t'on une telle pression aux enfants? Vous devriez pouvoir bénéficier d'un trimestre ou d'une année sabbatique le temps de remettre votre bout de chou sur pieds, sans subir la moindre pression. "Redoubler" pour guérir n'a absolument aucune importance. N'importe quel adulte hospitalisé a droit à un congé maladie, sans qu'on vienne le saouler avec des factures et des bilans: un enfant aussi a le droit de lever le pied!

L'école à l'hôpital est peut-être une chance pour certains enfants malades, mais contrairement à ce qui est écrit un peu partout elle n'est absolument pas obligatoire. Sachez aussi qu'à l'hôpital plus que n'importe où vous êtes vraiment attendus au tournant: tout ce qui sort de l'ordinaire en matière d'éducation est sujet à soupçons. Si vous réussissez à éviter d'aborder la question du homeschooling, faites-le! 

mardi 13 décembre 2016

Des activités autour d'Helen Keller!

Notre planning de voyages autour du monde nous a emmenés récemment aux Etats-Unis. Et comme il y avait vraiment trop à dire et trop à faire, le voyage s'est largement prolongé!


Au programme: hamburgers maison, lecture de la case de l'oncle Tom, après-midis pluvieuses devant la petite maison dans la prairie,... et puis les choses ont pris une direction que je n'avais pas du tout prévue! Je pensais cow-boys et indiens, guerre d'indépendance, constitution, Captain America, gastronomie, New-York, Charlie Chaplin... Mais pendant que les deux grands se passionnaient pour les élections Clinton vs Trump, c'est Helen Keller qui a le plus retenu l'attention des petites de 4 et 6 ans. Alors nous avons lu toute son histoire en narration...

Au fil des semaines les filles se sont mises spontanément à errer dans la maison les yeux bandés et les oreilles bouchées grâce à un casque anti-bruits.

Nous avons sorti, comme Ann Sullivan, l'alphabet rugueux. Je l'avais en stock depuis des années sans vraiment m'en servir. J'ai appris à cette occasion qu'il était utilisé bien avant Maria Montessori, pour enseigner la lecture aux enfants déficients visuels. Les filles ont joué à se bander les yeux et à deviner de quelle lettre il s'agissait. 

Puis elles ont appris l'alphabet manuel qui se trouvait dans le livre d'Helen Keller, et elles ont commencé à s'épeler des mots entre elles. L'idée de pouvoir s'échanger des secrets devant les grands frères était vraiment trop tentante. 

Pendant les courses nous avons cherché ensemble les étiquettes en braille...

Comme l'intérêt ne faiblissait pas et qu'elles commençaient à tester l'écriture en braille à coups de compas sur leurs feuilles (décidément, cette table doit vraiment m'en vouloir à mort de m'être lancée dans le homeschooling)... il a fallu commander une petite ardoise en braille.


Et grâce aux bonnes idées d'Eve la maison s'est remplie de la mélodie d'On écrit sur les murs en LSF, les enfants apprenant progressivement à en copier les gestes.

Nous avons poursuivi par l'écoute, en voiture, de l'histoire de Louis Braille, l'enfant de la nuit, et par une après midi devant le très beau film sur la "Helen Keller française": Marie Heurtin.

J'avais peur que les filles, en plein apprentissage de la lecture et de l'écriture, s'emmêlent les pinceaux en apprenant un autre alphabet. Je me suis vite aperçue que non seulement elles ne mélangeaient rien du tout, mais qu'elles ont même décollé en lecture et en écriture! A ma grande surprise cette passion dévorante pour Helen Keller est venue alimenter leurs propres apprentissages sur les sons et les syllabes. Plus surprenant encore: écrire le braille de droite à gauche, en "miroir", a énormément aidé à régler les problèmes d'écriture de la plus grande, gauchère, qui avait tendance à inverser les lettres. 



Autres ressources:
Elix, le dictionnaire vivant en LSF
L'histoire d'Elen Keller
Louis Braille l'enfant de la nuit
Ardoise pour écrire le braille
Lettres rugueuses
Le film Marie Heurtin
Le clip On écrit sur les murs en LSF

mardi 6 décembre 2016

École-maison: le bêtisier du jargon pédagogique

Voilà pas mal d'années maintenant que je baigne dans le vocabulaire du homeschooling en France.  Certes, en nous tenant à distance des écoles nous limitons les dégâts: svt, nap, eps, emc, rep... Les acronymes de l'éducation nationale c'est comme les compositions florales, ça marche toujours par trois. J'ai même récemment été interrogée par une amie instit sur ce que nous faisons en DDM ("mphm? ah! en géographie!").

Mais je ne peux que constater à quel point il ne suffit pas de ne pas scolariser ses enfants pour éviter le jargon façon éducation nationale.


IEF (oui, "l'ieuèfe") 

-Déjà ça ne veut rien dire. Ce n'est pas parce que l'enfant n'est pas scolarisé qu'il est forcément instruit par sa famille. Oui parce que Ief, comme chacun ne le sait pas, est l'acronyme d'instruction en famille. Et comme nous vivons dans un monde doté d'une créativité débridée en matière d'appellations il se trouve que c'est aussi celui de l'institut européen de formation, de l'institut d'électronique fondamentale, des industries en France, de l'institut européen de français, ... )


-ensuite "ief" c'est à peu près aussi glamour que le nom de la caisse de retraite de ma grand-mère. 



-et puis summum de l'horreur: à l'oral on commence à entendre "ieufeur" (personne qui pratique l'IEF) ou le verbe "ieufer" ("Un running demain matin? Nan, je peux pas, j'ieufe de 9h à midi").

Alors ici nous avons opté pour "homeschooling" tout simplement parce que c'est un terme que tout le monde comprend du premier coup et qui englobe toutes les façons de faire: du unschooling à l'école à la maison. Et quitte à choisir un terme francophone, j'opte sans hésiter pour l'appellation québécoise: vive l'école-maison! 

TPS, PS, MS, GS, cp, ce1, ce2, cm1, cm2, 6ème... , seconde, première, terminale

Mais quel cerveau malade a bidouillé un truc pareil?

Allez expliquer à un étranger notre système de classes: c'est incompréhensible! Ne cherchez plus d'où vient la surconsommation énergétique liée à internet, il suffit de voir le nombre de messages de parents totalement paumés dans les équivalences de classes France/étranger. 

N'importe quel pays sensé commence en "première" vers 6 ans (first grade), pour passer son bac en "douzième année". Mais en France on aime faire compliqué quand il suffirait de faire simple: les acronymes se succèdent en maternelle et en primaire, avant de passer à un système numérique décroissant (pourquoi décroissant?); système numérique qui sonne comme un mauvais cancer et finit en phase terminale. Mais terminale de quoi? Vous avez terminé quelque chose vous en terminale? Et est-ce que ça veut dire qu'un enfant qui part en apprentissage et donc bifurque sur une autre voie avant le lycée n'a pas "terminé"? En plus les appellations des classes de primaire ne correspondent même plus aux nouveaux cycles.



"Moi président", ma première action serait de faire sauter tout ce charabia digne du référentiel bondissant et de faire commencer l'apprentissage de la lecture en "première année". D'ailleurs je tire mon chapeau au premier cours par correspondance ou à la première école libre qui aura le courage de se libérer des noms de classe "éducation nationale".


La "maternelle"

Qui a eu l'idée d'appeler l'école des 2-6 ans "école maternelle"? En 2016 il n'y a pas plus absent des écoles que les mères. Dans certains établissements les parents n'ont même plus le droit de franchir le portail pour cause de vigipirate. Est-ce une recherche de substitution de la mère? Est-ce pour rassurer les parents? Est-ce parce qu'au fond on sait bien qu'ils sont trop petits pour se passer de papa/maman? Et puis pourquoi "maternelle"? Que dans une maternité on devienne mère, ça a du sens. Mais quel est le rapport entre l'école et les mères? Et puis si vous saviez le nombre de papas géniaux que j'ai croisés, qui assurent à fond dans l'instruction de leurs petits bouts, mon mari en tête! Sans parler du nombre d'instits masculins extras qui pourtant n'ont rien de "maternel".


A l'étranger on appelle ça:


-le jardin d'enfant (c'est autrement plus poétique non? Mais... ça ferait bizarre étant donné que nos cours et nos préaux bitumés n'ont plus grand chose à voir avec un jardin)

-ou l'école préparatoire (preschool). Sauf qu'en France, on aime s'instruire à l'envers. Alors notre classe préparatoire, celle qui devrait normalement "préparer à aller à l'école"... et bien c'est après la terminale. Vous savez, après cette classe qui fait que vous n'avez rien terminé du tout!


La "maternelle à la maison"

J'entends parfois "je fais la maternelle à la maison". Je l'ai même dit moi aussi. Ca ne veut rien dire non plus: l'enfant étudie à la maison, à la rigueur, on l'instruit en famille... 

J'ai aussi lu des débats houleux au sujet des enfants de moins de trois ans: "avant 3 ans ce n'est pas du homeschooling, c'est juste normal". Quelque chose change dans la tête des gens le premier septembre de l'année des trois ans de l'enfant. Un peu comme un yaourt à minuit une le jour de la date de péremption: désolée de vous l'apprendre mais en une minute, comme un vulgaire petit suisse, vous êtes passés de "normal" à "un peu louche". 


Mais amis louches, ieufeurs sachant ieufer et autres pros de la maternelle à la maison: chez les petits homeschoolers on vous aime quand même! 

lundi 5 décembre 2016

Noël: nos idées de cadeaux

Je reçois toujours énormément de mails, et je n'ai pas le temps de vous répondre à tous. J'en suis sincèrement désolée: les journées sont affreusement courtes! Mais je ferai prochainement un article pour répondre aux questions qui reviennent le plus souvent. En attendant, depuis quelques semaines une interrogation revient souvent: qu'offrir d'utile à Noël? 

Les enfants d'aujourd'hui croulent sous les jouets. Jeux vidéo, jouets "high tech" à piles, gadgets envahissants... les maisons sont surchargées. Et tout ça pour rien étant donné que les enfants se lassent extrêmement vite de tout le superflu. Voici nos 10 idées de cadeaux beaux, durables, et vraiment enrichissants. 


1. Un jeu de société

Nous commençons à avoir une ludothèque bien garnie. On fait aujourd'hui de pures merveilles en matière de jeux de stratégie. Offrir un jeu de société c'est aussi la promesse de pas mal de soirées à rire ensemble! Voici notre top, pour chaque catégorie d'âge:

Pour les petits: le petit verger, Docteur Maboul (fantastique pour la petite motricité), puissance 4,  qui est-ce, Monza, gagne ton papa, Carcassonne, Crossing, hippo-gloutons, les héros de Kaskaria, ...


Pour les grands enfants, ados et adultes: Pandémie, New-York 1901, Smallworld, 7 wonders, Dominion, Zombicide, Mysterium, Mare Nostrum, Abyss, Mémoire 44, ... 


2. Des livres

C'est le moment rêvé pour une intégrale d'Harry Potter, pour ces romans de science fiction dont rêve le grand ou encore pour ce superbe recueil de contes de fées. L'offre est si riche et les goûts varient tellement d'un enfant à l'autre qu'il est difficile de conseiller tel ou tel livre. On peut néanmoins s'inspirer de notre top 10 littéraire pour lecteurs débutants, ou de cette liste de living books


3. Un Kindle

A la maison nous en avons un par personne. C'est notre cadeau pour chaque enfant lorsqu'il devient lecteur. Le Kindle est un outil absolument fantastique: la lecture est reposante, tous les grands classiques sont gratuits, c'est facile à trimballer dans le sac de sport ou dans la poche...  Bon et puis c'est plus agréable que la combinaison "gros bouquin + lampe de poche" (vous savez, à minuit, en douce sous la couette pour finir Les Fiancés de l'Hiver...)! 

Nous avons différents modèles, mais je préfère vraiment la kindle paper white


4. Des déguisements

Faits-maison, c'est encore mieux! Notre malle est remplie de costumes usés jusqu'à la corde: c'est génial pour imaginer, rêver, jouer... Je pense qu'entre 2 et 7 ans les enfants ont plus porté leurs déguisements que leurs propres vêtements!


5. Du matériel pour les travaux manuels

Tricotin, métier à tisser, boîte de pastels, coffret d'aquarelles, machine à coudre pour les plus grands...


6. Du matériel de sport

Un kit de tir à l'arc (notre décathlon à flèches ventousées a servi tous-les-jours!), un skate-board/vélo/trottinette, de beaux accessoires pour la discipline sportive qu'ils pratiquent, une slackline pour entraîner son équilibre, un punching-ball pour se défouler, des kettle-bells pour la muscu des grands, un masque de snorkeling en prévision de la belle saison, une tenue de running... 


7. Des vêtements

... parce que c'est toujours utile et que c'est agréable, même en homeschooling, de porter des vêtements neufs. Surtout quand on est le petit dernier et qu'on a l'habitude de récupérer la garde-robe des grands! Un beau pull chaud, cette paire de chaussures de skate dont elle rêve, la petite robe qu'elle avait aperçue en vitrine ou encore ce bonnet dont il a besoin..


8. Une sortie

Des places pour un concert, un abonnement à l'opéra, un bon pour une virée en famille... 


9. Une jolie maison de poupées

Nous avons eu un coup de coeur récemment pour la maquette de maison victorienne Usborne. Le livre qui accompagne la maison est très bien fait: c'est un vrai reportage sur la vie bourgeoise en Angleterre à la fin du XIXème. Il existe le même coffret en version château fort. C'est du carton fin donc à manipuler avec précaution mais nous les avons depuis plusieurs mois et ils sont encore debout!


En version plus solide et durable, Ikea fait une très belle maison en bois, d'une taille parfaite pour héberger des sylvanians. 

10. Un petit ipod shuffle

Equivalent moderne du "Walkman" que nous trimballions partout quand nous étions petits, l'ipod se branche sur des enceintes ou sur des écouteurs. Nos petits homeschoolers s'en servent pour écouter leurs musiques préférées, mais aussi pour l'histoire de Bainville. ITunes propose pas mal d'audiolivres!

Avis aux petits amateurs de musique: pour les familles qui ont un abonnement spotify premium (c'est inclus dans de nombreux abonnements téléphone/wifi) c'est absolument génial étant donné que vous pouvez synchroniser vos playlists sur les ipods de vos enfants



Et vous, quelles sont vos idées pour gâter vos Petits Homeschoolers?

samedi 29 octobre 2016

Pour discuter et se rencontrer autour du homeschooling: la liste des groupes à ne pas manquer!

A moins d'être très chanceux, peu d'entre nous côtoient beaucoup d'autres familles non-scolarisantes. L'éclatement géographique et le fait que nous sommes encore peu nombreux en France n'aide pas forcément à passer du temps entre "non-sco". Pourtant lorsque nous déscolarisons nos enfants nous rencontrons fatalement divers problèmes que seuls des parents ayant vécu la même situation peuvent comprendre.


Alors pour discuter, échanger, se réjouir ou même lâcher du lest, de nombreux groupes de discussion ont vu le jour ces dernières années sur Facebook. Voici la sélection des petits Homeschoolers:


Un groupe généraliste, avec plein d'infos et notamment un annuaire de tous les groupes régionaux:
Homeschooling, instruction en famille, école à la maison, le groupe!

Pour les familles qui font du formel:
IEF, échanges et partages sur le formel

Pour parler de unschooling:
Unschooling en France

Pour papoter autour de la pédagogie Charlotte Mason:
La pédagogie Charlotte Mason pour les francophones

Pour se plaindre, se réjouir, et décompresser les mauvais jours:
Bulle IEF

Et pour se retrouver un peu entre chrétiens non-sco, ça se passe du côté des
Chrétiens pour l'IEF!


Bon papotage à tous!

jeudi 27 octobre 2016

Homeschooling: réinventer les études


Comme beaucoup d'entre vous je viens de finir la lecture du best seller de Céline Alvarez

Et je dois reconnaître que ce qu'elle a fait à Gennevilliers est absolument admirable. Pour des enfants issus d'un milieu défavorisé, qui à 3/4 ans traînaient déjà leurs propres casseroles, Montessori était clairement le meilleur choix possible. J'ai beau ne pas être pour les apprentissages trop précoces, et estimer que l'école maternelle "gnan-gnan" fait souvent plus de mal que de bien... pour ces enfants là on n'aurait pu rêver mieux. Elle a su les cadrer, développer leur vocabulaire et leur apprendre à lire (ce qui a son importance quand personne à la maison ne fait la lecture aux enfants). 

Bien sûr tout n'était pas parfait. Elle reconnaît d'ailleurs bien volontiers qu'il aurait fallu faire sortir beaucoup plus souvent les enfants dehors dans la nature, ce qui lui était techniquement inaccessible. Mais elle a su prouver qu'avec de bonnes méthodes et de la bienveillance on peut faire des merveilles... même en zone d'éducation prioritaire. Il fallait le faire!

Alors admirative comme je l'étais j'ai longtemps cherché quelque chose qui soit transposable chez nous, dans notre petite instruction en famille.

Et... je n'en ai pas trouvé une seule.

Absolument tout est pensé pour un groupe d'enfants, pour un fonctionnement scolaire. A aucun moment je ne me suis vue récupérer quelque chose pour chez nous.

-Transvaser de l'eau? Il suffit de les laisser se servir à boire quand ils ont soif.
-Jouer avec des clochettes? Le piano c'est autrement plus riche.
-Apprendre à faire ses lacets et à boutonner sur un cadre? Il se trouve justement qu'ils portent sur eux des souliers et des vêtements pourvus de fermetures en tout genre...
-Nettoyer les feuilles des plantes vertes? C'est un bon substitut de nature dans une classe, mais à la maison un bac pour faire pousser des légumes c'est quand même plus complet.
-Plier du tissu? Ils le font déjà tous les jours en pliant leurs vêtements.
-Scotcher des dizaines d'étiquettes partout pour prouver qu'on a compris ce qu'on vient de lire? Génial pour dégager du temps pour l'enseignant mais la vérification de la compréhension se fait déjà naturellement quand on apprend à lire sur les genoux de ses parents.
-...

Bref: les nombreuses activités proposées sont très marrantes et efficaces dans une classe, et j'imagine qu'elles sont fabuleuses pour combler un déficit de vie familiale normale... mais sont-elles vraiment utiles ou même cohérentes à la maison avec des parents impliqués, instruits et francophones? 

A contrario je n'ai absolument rien trouvé dans le livre sur l'éveil culturel des enfants. Rien sur les lectures si ce n'est quelques albums ludiques, rien sur d'éventuelles sorties à la ferme, autour d'un monument, à la piscine ou au musée, rien non plus sur le sport ou sur le temps passé à l'extérieur... autant d'aspect fondamentaux en école à la maison.

Au final j'ai été rassurée quand elle a abordé la question de l'application de ses principes à l'école à la maison. Pour l'avoir vue mise en pratique dans des familles elle est on ne peut plus claire: elle n'est pas contre le homeschooling mais la pédagogie Montessori est conçue POUR une salle de classe. Elle ne prend que grâce à une dynamique de groupe, grâce aux interactions permanentes de nombreux enfants d'âges différents. Piocher dans le matériel, pourquoi pas! Les lettres rugueuses par exemple sont intéressantes (même si elles ne sont pas vraiment "Montessori"). Mais faire du Montessori pur à la maison, c'est exactement comme jouer tous les jours au basket tout seul, sans équipe: il manque l'essentiel! On ne peut tout simplement pas faire fonctionner de la même manière une école et une fratrie. 

Alors à la maison... on fait quoi? 

Les américains distinguent généralement cinq styles de homeschooling. Cinq grandes tendances qui ont fait leurs preuves en instruction en famille. J'ai mes préférences, comme tout le monde, mais j'estime que toutes ces méthodes ont leur rôle à jouer selon les affinités, l'âge, l'enfant ou même le contexte:

-Unschooling (à ne pas confondre avec "informel"). Aucun programme d'étude n'est défini à l'avance, l'adulte ne fixe aucun objectif de connaissances à acquérir à telle date. L'enfant choisit ce qu'il étudie selon ses centres d'intérêt du moment. Cela peut se faire en informel uniquement (en comptant sur le bain culturel) ou -si l'enfant en fait la demande- de manière plus rigoureuse (avec livres et cahiers). Pour en savoir plus: lire John Holt, André Stern, Ivan Illich !

-Classique. Ce sont les vieilles méthodes d'antan, celles qui ont fait leurs preuves. Lecture syllabique, calcul au boulier, analyse grammaticale et logique, dictées, étude des grands auteurs, Histoire de France dès les petites classes...
Pour en savoir plus: direction les cours par correspondance Sainte Anne, Hattemer, Cefop, Sacré-coeur, Kerlann (attention, cours ponctué de très nombreuses coquilles)... Ou encore la caverne d'Ali-Baba "manuels anciens". 

-Traditionnel: ou l'école contemporaine transposée à la maison. L'enfant suit la progression de ses manuels scolaires Hatier/Belin/Nathan/... et valide, compétence après compétence, les programmes de l'éducation nationale. Le fonctionnement est basé sur des interros/QCM/polycopiés. La lecture est apprise avec la méthode mixte.
Pour en savoir plus: c'est sur le site du ministère de l'éducation que ça se passe. Côté cours par correspondance le CNED ou encore Pi sont tout indiqués. 


-Charlotte Mason, ma préférée! Plus qu'un programme, c'est une philosophie qui permet de se donner une certaine ligne de conduite et de choisir les bons supports. Ici les living books remplacent les manuels et la narration quotidienne remplace toutes les autres formes d'évaluation. Le programme d'étude est dense, articulé autour d'une routine fixe. Le temps passé en extérieur à découvrir la nature et à faire du sport est considérable. Le soucis de plonger l'enfant dans un véritable bain culturel est constant. Par exemple aucune dictée, aucun exemple ne sont jamais inventés pour coller aux difficultés étudiées: tout est pioché dans la grande littérature.
Pour en savoir plus: La pédagogie Charlotte Mason tome 1 et tome 2, mais aussi les innombrables ressources sur les blogs anglophones. 

-Unit Study. L'adulte choisit un thème qui va servir de base à tout le reste. Imaginons que le thème est la pomme. En maths l'enfant va compter des pommes. En français il apprendra les sons des mots pomme/verte/rouge/verger/chenille/tarte..., en lecture il lira Un petit trou dans une pomme, en poésie il apprendra Petite Pomme... En sciences il verra comment elle pousse et en dessin il en dessinera de toutes les couleurs. L'année se déroule ainsi, autour d'une succession de thèmes. L'unit study (qui est très en vogue, si ce n'est incontournable, dans les écoles maternelles françaises) convient souvent bien aux créatifs puisqu'il est propice à la multiplication d'ateliers, d'expériences et d'activités manuelles en tout genre.
Pour en savoir plus: Pinterest! Et tous les blogs d'enseignants de maternelle en général. 

Et vous? Comment faites vous fonctionner votre homeschooling?

dimanche 23 octobre 2016

Un film sur le homeschooling: Captain fantastic!


Une famille nombreuse élevant ses six enfants au fond d'une forêt reculée, avec pour tout matériel une grande bibliothèque et de beaux idéaux... nous ne pouvions pas passer à côté de Captain Fantastic!

Le film a rencontré un succès considérable aux USA, mais en France il semble relégué à quelques salles d'art et d'essai. La note des spectateurs est unanime: c'est un vrai bijou. Mais médias et critiques ne sont pas franchement du même avis (comme cet article "tous à l'école publique!"; france 24 ou encore critikat n'ont pas franchement apprécié non plus): Captain Fantastic dérange. 

Nous l'avons vu avec les enfants, parce que nous avons pensé que le sujet les intéressait autant que nous. Ils ont adoré mais je préfère prévenir: les dialogues sont parfois... fleuris, et certains sujets sensibles sont abordés (à commencer par le suicide de la mère)...

Attention, la suite risque de vous dévoiler l'histoire!

Une vie de Robinsons

La première partie du film est un pur régal: les enfants sont attachants, ils mènent une vie simple et passionnante. Leur quotidien est fait de parties de chasse, de toilette dans la rivière, de course à pied dans les bois, d'escalade sur des parois rocheuses, de cours de self defense, de musique autour du feu... et surtout de centaines de livres inspirants et intellectuellement stimulants (oui je n'ai pas vu l'ombre d'un album pour enfant). Ils ne fêtent pas Noël mais l'anniversaire de Noam Chomsky, sont polyglottes, étudient énormément, font des burpees tous les jours et confectionnent leurs propres vêtements.

Chaque enfant a un programme d'étude (le père est d'ailleurs surpris qu'une des filles lise un livre qui n'était pas dans son programme), dans lequel la narration tient une place centrale. Les enfants sont constamment encouragés non seulement à raconter ce qu'ils ont lu mais aussi à donner leur avis et à débattre entre eux. Rien n'est jamais "intéressant" (mot proscrit!) mais "déstabilisant", "dérangeant", "novateur"... En bref: pour un film sur des enfants non scolarisés vivant dans la forêt je m'attendais à voir du unschooling baba cool... mais non: valeurs communistes et anti-chrétiennes mises à part, c'est bien du "Charlotte Mason" version survivaliste!


Le choc des cultures

Un évènement tragique -la mort de la mère- oblige toute la joyeuse troupe à rejoindre la civilisation pour assister à l'enterrement. J'ai beaucoup aimé voir la société de consommation à travers les yeux des enfants: choqués par l'obésité et par la surabondance de tout sauf de l'essentiel. Ils sont politiquement incorrects juste en s'assumant: vêtements bariolés, idées atypiques... 

Le père, patiemment, défend son choix de vie ou esquive quand on l'accuse de maltraitance parce que ses enfants (qui ne passent pas leurs journées entre un pupitre et une console de jeux vidéo) ont des bleus et des égratignures... Je crois qu'on s'est tous un peu reconnus n'est ce pas dans le "oh non c'est parti" lorsque le policier demande "ils ne sont pas à l'école?"! Ou encore lorsque le grand père accuse le père de marginaliser les enfants, de les rendre inadaptés au monde réel. J'ai vraiment retrouvé dans le film cette difficulté qu'ont je pense tous les homeschoolers à s'assumer en permanence dans leurs choix de vie aussi atypiques soient-ils, ainsi que la lassitude d'avoir sans cesse à se justifier de faire "autrement". 

J'ai beaucoup aimé la relation de confiance entre le père et les enfants. Ils parlent de tout librement: de politique et d'alimentation comme de sexe ou de suicide. Aucun sujet n'est tabou: tout est abordé sans condescendance, avec des mots justes et précis.


La famille "standard", incarnée par l'oncle, la tante, et leurs deux affreux rejetons, offre un pendant saisissant: biberonnés aux jeux-vidéo, ne fonctionnant qu'au chantage (si tu vas jouer avec tes cousins tu pourrais faire de la X-box après"), sous-éduqués, hilares lorsque le petit cousin sorti des bois prend la marque Nike pour la déesse grecque de la victoire... Ils sont certes parfaitement adaptés à la société de consommation, mais sont-ils heureux ou même intéressants? Ont-ils ne serait-ce qu'une once de personnalité? 

Le difficile équilibre

On sent, tout au long du film, que les personnages s'interrogent sur le bien fondé de leurs choix de vie. Contrairement aux personnages "standard" ils se remettent continuellement en question. Ils sont clairement très heureux et érudits, mais le manque de culture populaire les fait constamment passer pour des excentriques. Comment s'épanouir en société quand on ignore ce qu'est le Coca-Cola et qu'on porte son trophée de chasse en guise de couvre-chef? 

J'ignore si je suis la seule à avoir rencontré ce problème, mais oui, clairement, quand vous faites du homeschooling et qu'en plus vous n'avez ni télé, ni jeux-vidéo ni même chocapics au petit déj, les enfants passent vite pour des martiens auprès des petits copains. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'apprécie qu'ils soient abonnés au journal de mickey: parce que même si je pense qu'ils n'ont pas besoin de savoir que les J.O ont eu lieu au Brésil, ça leur donne juste assez de culture populaire pour ne pas avoir à souffrir de passer pour de gentils illuminés. 

En revanche j'ai été attristée par la fin (attention, si vous ne l'avez pas encore vu vous pouvez encore arrêter la lecture!) puisque la décision est prise de trouver un juste milieu, d'aller vivre dans une maison à la campagne et d'envoyer les enfants à l'école en bus avec le lunch bag. Je les trouvais hyper attachants dans leur marginalité mais cet épilogue donne l'impression qu'il faut obligatoirement passer par l'école pour être apte à s'épanouir en société...


Les critiques lues sur le web

Dans les critiques le conditionnement idéologique revient souvent.

Certes: le père est clairement en guerre contre la société de consommation, et il transmet ses valeurs à ses enfants. Mais c'est le cas absolument partout. Une instruction sans valeurs... ça n'existe pas. A partir du moment où l'enfant est instruit des valeurs sont inévitablement transmises, heureusement d'ailleurs! Soit ce sont les valeurs de l'école (donc des valeurs politisées, qu'on le veuille ou non), soit ce sont celles des parents.

D'ailleurs ils ne vivent pas non plus sous la coupe toute puissante du père puisque leurs lectures sont variées et qu'ils sont encouragés à jeter un regard critique très personnel sur tout ce qu'ils apprennent. A plusieurs reprises ils prennent une autre position et défendent leurs convictions (mission sauver maman!). La rébellion du fils est même plutôt bien gérée: la discussion est ouverte, posée.

L'autre critique récurrente concerne les scènes d'enfants qui chassent. Mais à moins d'être vegan, je trouve plutôt plus sain de voir un enfant chasser qu'un enfant mangeant un big-mac sans même avoir conscience de la composition du steak. Nos enfants mangent leurs poules et pêchent dès 3/4 ans, c'est quelque chose qui me semble normal.

Bref: certes dans captain fantastic on est dans l'extrême, c'est d'ailleurs un choix de vie absolument impossible en France sous peine de se voir retirer les enfants par l'assistance sociale. Mais malgré tous ses petits défauts et dérapages la famille des bois m'a bien moins choquée que la famille américaine standard, engluée devant la playstation!

Et vous, qu'en avez-vous pensé? 

jeudi 20 octobre 2016

Les maths, la chimie et la génétique en BD

Lui, c'est Larry Gonick, prof à Harvard, auteur, dessinateur, mathématicien, journaliste au MIT... Non seulement c'est une tête, mais en plus il sait expliquer avec limpidité des concepts complexes histoire de les rendre accessibles au commun des mortels.

Et ces petits chefs d'oeuvres remplis d'humour ce sont ses oeuvres, traduites en français après avoir connu un succès incroyable aux USA.

Je vous présente, si vous ne les connaissez pas déjà, Les maths en BD, La Chimie en BD et La génétique en BD! Accessibles dès dix ans, ils ont rejoint l'étagère des livres dont nous nous servons presque tous les jours pour le homeschooling.





Hop, trois nouveaux livres à ajouter à la liste des living books de sciences et de maths!

lundi 17 octobre 2016

Maths: et après la méthode Singapour?

Je sais que je suis loin d'être la seule à avoir cherché en vain de quoi prendre la relève après la fabuleuse méthode Singapour, qui malheureusement s'arrête au CM2. Mon grand homeschooler ayant une vraie passion pour les maths, la question s'est posée plus tôt que prévu. 

J'ai d'abord pensé opter pour un manuel en anglais (aux USA la méthode se poursuit bien au-delà du 5th grade/CM2). Ils sont par ici, et vous aurez l'embarras du choix. Mais l'impossibilité de les feuilleter avant de les commander me freinait un peu. Et puis la barrière de la langue restait à mes yeux un obstacle non négligeable: à dix ans, rares sont les enfants qui maîtrisent assez d'anglais pour être autonomes face à un énoncé de problème de maths. Je me suis ensuite tournée vers Sésamaths, qui semblait faire l'unanimité. Mais ici ça n'a pas pris du tout: la sixième est à un niveau plus bas que le cm2 Singapour, nous avons trouvé les explications un peu tordues et le nombre d'exercices franchement léger... Bref, nous n'avons pas été convaincus. 

J'ai fini par poser la question directement à l'auteur de la méthode Singapour, qui a eu la bonté de me conseiller le meilleur ouvrage pour prendre la relève. Je le remercie infiniment pour cette belle découverte:

Table des matières ICI
Extrait ICI (premier chapitre du niveau 5°, la division euclidienne)

Heureuse surprise: le manuel s'adresse, entre autres, "aux familles qui pratiquent l'école à la maison". 

C'est un véritable pavé: il regroupe tous les cours et tous les exercices de maths et de géométrie pour tous les niveaux du collège. Et surtout: les corrigés sont inclus. Le tout pour17,30€, c'est imbattable! Les concepts sont expliqués clairement, les enfants sont encouragés à les expérimenter eux mêmes pour les comprendre et le nombre d'exercices est assez fourni pour qu'il y ait de quoi faire. La sixième est volontairement éludée: après une primaire Singapour, les enfants enchaînent tout naturellement avec le niveau cinquième. 

Attention: le livre est en noir et blanc, sans dessins ni aucun côté ludique. Pour un manuel de maths niveau collège le "fun" me semble superflu mais pour un enfant qui a beaucoup de mal en maths ça risque d'être un peu austère. 

Ici nous travaillons avec depuis un an, avec l'aide de la Khan Academy pour présenter chaque nouveau concept, et vraiment, nous n'aurions pas pu rêver d'une meilleure relève après Singapour. 

lundi 10 octobre 2016

On a testé la junior spartan race


Dans une super forme depuis que j'ai décidé que, malgré le homeschooling, la sédentarité n'est pas une fatalité, je me suis laissée embarquer dans une folle aventure: faire la Spartan Race en couple. Et tant qu'à faire... nous avons aussi inscrit nos deux grands à la course pour enfants.


Je ne m'étendrai pas trop sur la course des adultes étant donné le nombre d'articles sur le sujet (oui c'est une course de fous-furieux, oui il faut descendre et remonter une montagne avec un sac de gravier de 25 kg, oui il faut nager, sauter et ramper dans la boue sous des barbelés, non personne ne m'a forcée, oui je suis couverte d'hématomes, et oui, en grande masochiste que je suis je recommencerai sans hésiter l'an prochain!). 

Par contre j'ai trouvé très peu d'informations sur la course catégorie JUNIOR. Voici donc notre retour d'expérience: 

Pour qui? 

Pour tous les enfants de plus de 7 ans qui sont en bonne condition physique (c'est à dire habitués à faire du sport très régulièrement). L'effort est important pour des enfants, tout en restant raisonnable: il faut compter environ 25 minutes d'efforts continus pour boucler la course. Le départ se fait par tranche d'âge. 

Où? 

En France la Spartan Race propose plusieurs évènements chaque année: à Paris, Marseille (circuit Paul Ricard), Morzine, et La Rochelle. Pour les québécois et les expats regardez par ici: des "Spartan" sont programmées un peu partout en Amérique du Nord et en Europe. 

Et ça consiste en quoi? 

C'est la même course que pour les adultes mais en miniature. J'ai trouvé que c'était vraiment bien dosé: ni trop facile, ni écoeurant. Les enfants doivent parcourir entre 750m et 2km, selon l'âge, en franchissant divers obstacles: gravir une montagne de pneus, grimper à la corde, escalader des bottes de paille, ramper dans la boue, courir dans les cailloux, porter des charges lourdes, tirer au javelot, franchir un plan incliné, sautiller à pieds joints, passer dans des tubes... Le tout dans une ambiance... spartiate!

Ils ont franchi la ligne d'arrivée écarlates, dégoulinants de boue, mais fiers et heureux. Comme pour les adultes, le mieux est de prévoir de vieilles baskets et des vêtements en bout de course: de toute manière c'est pour aller patauger dans la gadoue. 

On a adoré...

-L'ambiance: très jeune et familiale! Pour la spartan race junior comme pour celle des adultes l'esprit est vraiment bon enfant. Les gens s'entraident, s'encouragent... Ca se sentait même chez les petits. 


-Les valeurs de dépassement de soi, très "no pain no gain". 
Les enfants ont adoré: "Un spartan pousse son esprit et son corps jusqu'à ses limites. Un spartan est maître de ses émotions. Un spartan apprend continuellement. Un spartan donne généreusement. Un spartan mène ses troupes. Un spartan se lève pour ce en quoi il croit, peu importe les sacrifices. Un spartan connaît ses défauts ainsi que ses forces. Un spartan se révèle à travers ses actions, pas à travers des mots. Un spartan vit chaque jour comme si c'était son dernier."

-Le prix: 15€ par enfant, c'est très raisonnable (beaucoup plus que le tarif adulte qui pique un peu même si je pense personnellement que la course les vaut largement). 

-La mixité (hommes/femmes, armoires à glace/brindilles, ...). De tout le week end je n'ai été témoin d'aucun machisme, d'aucune condescendance, au contraire! J'ai vu des petites filles et des ados courir et franchir des obstacles aussi bien, si ce n'est mieux que leurs homologues masculins. L'atmosphère "femme forte" est quand même autrement plus marquante pour les enfants que ces "ABC de l'égalité" bidons. Bref: ils ont été impressionnés par la force des femmes, aux antipodes de certains clichés sur le sexe faible. 

-La proximité des autres courses: les enfants ont adoré assister aux arrivées des adultes et regarder les grands traverser un lac, soulever des pneus de camion ou franchir des murs.

-La simplicité: Certes, entre la Swedish Drill et la spartan race gît comme un lac de boue surplombé de barbelés. Mais je trouve l'esprit très "Charlotte Mason" malgré tout: faire du sport avec des objets de la vie quotidienne, courir dehors dans la nature, se dépasser, manger sainement (les ravitaillements sont composés d'eau et de fruits, ce n'était pas du tout un esprit de "consommation". D'ailleurs la spartan race prône un mode de vie sain et simple)...

-Et bien sûr la médaille! C'est un très beau souvenir dont ils peuvent être fiers. 

On a moins aimé...

-le manque d'indications pour la course junior (contrairement à la course adulte qui elle était remarquablement bien organisée). On ne savait pas trop où était le départ, l'inscription était un peu chaotique (horaire, files d'attente...) et pendant la course les enfants ne savaient pas combien de tours ils devaient faire selon leurs âges. Bref, quelques couacs sans grande importance mais s'il y a un point à améliorer, ce serait celui-là. 

-le manque de visibilité pour les parents. C'est secondaire par rapport au fait que les enfants se sont absolument éclatés, mais j'ai entendu beaucoup de parents regretter de ne pas pouvoir plus facilement encourager et photographier ces petits "spartans". La spartan race junior c'est juste tellement craquant: si on pouvait assister à autre chose qu'au départ et à l'arrivée ce serait fabuleux. 


Deux excellents livres pour approfondir, avec les enfants, l'histoire de Sparte: 
-l'histoire de l'antiquité (le chapitre sur la Grèce est passionnant). 
-et l'histoire des grands hommes (une double page est réservée à Léonidas et à la bataille des Thermopyles dont s'inspire la Spartan race)

Lois et décrets sur l'ief: un vrai point de situation!

Je pense ne pas être la seule à avoir du mal à me repérer entre les différents projets de loi et de décrets en cours. Pour nous aider à y voir plus clair, Denis a gentiment accepté de prendre la parole au nom de la toute nouvelle FELICIA (fédération pour la liberté du choix de l'instruction et des apprentissages)

Bonsoir Denis, quelques mots sur toi?

Bonjour Laure, je suis Denis ;-)
Papa d’une jeune ado en IEF, je suis celui qui a le beau rôle dans la famille. Je fais des trucs rémunérés en dehors du domicile tandis que la maman gère toutes les galères et la responsabilité de la gestion quotidienne de l’instruction en famille. En mai 2016 après l’annonce d’un décret ministériel qui implique une modification réglementaire des contrôles de l’instruction en famille, malgré mon manque d’implication au quotidien je me suis dit : « WOW , mais stop maintenant ! » (d’autant que je voyais à peu près à quoi peut ressembler un contrôle new look tel qu’il se pratique déjà de manière a-légale dans certaines académies.)

Je me suis dit que je pouvais sacrifier mon temps libre en transports en commun et autres, et j’ai regardé quelles étaient les actions mises en place par les associations IEF nationales ou celles de ma région pour lutter contre ce projet de décret et pour faire connaître cette atteinte à la liberté de choix d’instruction dans la presse etc.

De fil en aiguille, ne trouvant pas d’action qui me corresponde, je suis tombé sur un groupe facebook monté par quelques mamans investies proposant d’unir un maximum d’associations et de quidams dans une communication unifiée et des actions communes, explicites, sur le sujet ainsi que de chercher rapidement comment se défendre. Ca m’a parlé parce que c'était à la fois très pragmatique, très ciblé et faisait montre d’un accueil assez ouvert.

J’ai proposé mes maigres compétences en gestion de projet pour aider à ce que les discussions autour de cette proposition de regroupement accouchent d’un concept concret et utilisable pour que cette fédé / asso puisse voir le jour, afin que je sache concrètement si j’ai envie de la rejoindre. Comme j’ai une grosse tendance / défaut à donner mon avis sur tout… ben je me retrouve avec de demandes d’interview sur ton site, largement illégitimes en fait puisque la fédé n’est pas née de mon cerveau (je n’en ai d’ailleurs pas ;-) et qu’elle est à ce jour la somme du travail d’une grosse vingtaine de parents qui bossent tous les jours sur différents chantiers urgents (les statuts, le règlement intérieur, la prise de contact avec les pouvoirs publics, les réactions au texte de loi….), mais aussi le résultat du soutien d’une grosse centaine de sympathisants et de plus de dix associations qui ont déjà manifesté l’envie de porter un projet commun. Tous mériteraient bien plus que moi la faveur d’une interview. Je suis celui qu’on voit parce que je parle beaucoup /trop. Loin d’être celui qui porte le projet sur mes épaules. Elles n'y suffiraient d’ailleurs pas.

On a beaucoup entendu parler ces derniers temps de projets de loi et de décrets autour de l'instruction en famille. Qu'en est-il aujourd'hui?

Tout a “commencé” par le travail de veille des assos nationales sur le sujet. LEDA, LAIA, CISE, le Collectief… ont été invitées à participer au cabinet de la ministre Belkacem à prendre part à la discussion sur l’amélioration des contrôles de l’IEF initié par l'inspection académique. Or en fait de “discussion”, elles se sont retrouvées uniquement invitées à lire un nouveau projet (page 21) de décret d’application régissant les contrôles de l’instruction en famille… et pas vraiment à apporter leur savoir faire dans sa définition. Dans tout autre secteur de la vie publique on appellerait ça un “traquenard”.

Comme pour justifier de la création d’un décret, il faut l’adosser à une loi qui peut seule justifier de modifier les procédures existantes, est né l’amendement n°3679 au projet de loi Egalité Citoyenneté qui modifie par la loi, l’article 131-10 du code de l’éducation de manière très subtile : « L’autorité compétente de l’État détermine les modalités du contrôle ». Dès lors comme il y a nouvelles modalités inscrites dans le code, il y a forcément besoin d’un nouveau décret. Et ça tombe bien il est déjà écrit. :-) Ce décret a fait bondir, à raison, les associations qui l’ont lue et tous les parents qui l’ont ensuite consulté. En voici les quelques lignes qui changent tout:

Article 1er
L’article D. 131-12 du code de l’éducation est remplacé par les dispositions suivantes :
« D. 131-12. L'acquisition des connaissances et compétences est progressive et continue dans
chaque domaine de formation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et doit avoir pour objet d’amener l'enfant, à l'issue de la période de l'instruction obligatoire, à la maîtrise de l'ensemble des exigences du socle commun. La progression retenue doit être compatible avec l’âge de l’enfant et son état de santé, tout en tenant compte des choix éducatifs effectués.
Le contrôle de la maîtrise progressive des acquis du socle commun est fait au regard des objectifs de formation attendus à la fin de chaque cycle d’enseignement de la scolarité obligatoire. »

Article 2
Après l’article D. 131-12 du même code, il est ajouté un article D. 131-13 ainsi rédigé :
« Le contrôle de l’acquisition des connaissances et compétences prescrit par l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation se déroule sous la forme d’un entretien avec les personnes responsables de l’enfant soumis à l’obligation scolaire en présence de ce dernier. L’enfant est ensuite soumis à des exercices écrits ou oraux ». 

Les trois phrases que j’ai mises en gras changent beaucoup de choses. D’abord, le contrôle est désormais prévu non plus pour vérifier qu’une instruction cohérente est bien dispensée à l’enfant , lui permettant d’acquérir pour l’âge de seize ans les attendus du socle commun de connaissances et de compétences, comme c’était écrit dans la précédente version du code et des circulaires envoyées aux inspecteurs mais bien pour vérifier que cette instruction permet d’atteindre les attendus de chaque palier d’acquisition de ce socle (tel que mis en place par les écoles de l’éducation nationale) ; soit des échéances de deux ou trois ans, entre 6 et 16 ans (palier 1, palier 2, palier 3…).

Plus encore, une “maîtrise progressive” est demandée au regard de ces paliers bi ou trisannuels. Ca veut dire, pris au pied de la lettre, que la progression de l’instruction donnée doit être conforme à ce qui est communément établi comme norme pour l’acquisition des connaissances du palier : et la seule norme de progression connue des inspecteurs, ce sont les niveaux de classe définis dans leurs référentiels.

Pour ce qui est de la dernière phrase en gras, cela signifie que désormais l’enfant sera SYSTEMATIQUEMENT soumis à des tests écrits ou oraux, à la fin de l’entretien avec le parent instructeur là où , avant , l’inspecteur pouvait simplement proposer une discussion additionnelle avec l’enfant, après avoir entendu la méthodologie et le projet de l’enseignant parent dans l’acquisition du socle à 16 ans pour vérifier que l’instruction donnée est bien réelle et que l'enseignant n’est pas atteint de mythomanie. Parce qu’il faut le marteler, le but du contrôle est de vérifier la compétence de l’enseignant dans son rôle d’instruction. Pas d'évaluer les résultats de cette instruction sur l’élève. C’est d’ailleurs la stricte transposition de ce qui se fait s’agissant du contrôle des professeurs en classe des écoles de la République.
Ces trois phrases changent beaucoup de choses. Je pense aux parents qui pratiquent les apprentissages informels ou à ceux qui par exemple appliquent des pédagogies où l’examen écrit/oral est une aberration pédagogique. Ou encore ceux qui ont des enfants-élèves passionnés par une matière qu’ils creusent à un certain âge largement au delà des attentes du référentiel et réservent une autre matière pour un autre âge (les études ne cessent de démontrer par exemple que tous les enfants n’ont pas un cerveau programmé pour apprendre à lire à 6 ans)

On jugera aussi avec ironie la prise en compte des « choix éducatifs des parents » mentionnée dans le décret, dans la mesure où le même décret sous-entend de les contraindre à des paliers du socle commun, une progressivité d’apprentissage et des tests écrits ou oraux. Les parents ont donc la liberté de choix de faire comme l’école de la République, à un tempo à peine individualisé. Drôle de conception de la liberté. Aveu de déni de toute avancée pédagogique, neuroscientifique… qui ne cessent de remettre en cause le modèle de l’école en France.

On notera aussi pour compléter le tableau noir que rien n’oblige plus, dans le texte proposé, les inspecteurs à se déplacer dans la classe de l’enfant c’est-à-dire son domicile, la médiathèque du coin…. Nombreux sont les parents qui connaissent déjà le départ pour le contrôle à l’Académie avec une valise à roulettes regroupant toutes les productions de l’élève depuis le début (bah oui parce qu’en plus les inspecteurs changent souvent et ne disposent pas de l’historique de l’élève )

En lisant le texte du décret de manière à peine pessimiste, on peut tout à fait se représenter que le contrôle imaginé par le ministère consiste à inviter les enfants dans un local de l’Académie, de discuter quelques minutes avec les parents, puis de soumettre les enfants à une série de tests piochés dans les exercices donnés aux élèves de la classe correspondante dans les écoles de la République. Et pourquoi pas de rassembler dans une salle d’examen plusieurs examinateurs et plusieurs examinés en demandant aux parents de quitter la salle. (Si d’aucuns en doutent, sachez que c’est déjà l’usage “hors des clous” qui se pratique dans plusieurs académies sous prétexte de rentabilité du temps alloué )

Ce qui se passera après cet “examen” devenu légal par décret est une boîte noire qui n’est pas transcrite dans les nouveaux textes de loi. Que se passera-t-il si l’inspecteur dispose de tests écrits « prouvant » qu’un enfant n’a pas réussi à atteindre le niveau espéré par la progression dans le palier ? A-t-il l’obligation de proposer le brouillon de son rapport pour commentaire à l’instructeur? Sera-ce l’occasion d’une discussion sur les méthodes de l’instructeur-parent pour « corriger le tir » ? Aura-t-on besoin de « corriger le tir » si on parvient à faire valoir que nos choix pédagogiques n’impliquent pas de réussir des tests écrits ou de respecter des paliers de socle? Quelles preuves pourra-t-on conserver d’une inadéquation éventuelle du test avec les besoins de notre enfant ou son profil (dys, zèbre…), quand la seule chose qui restera de l’examen c’est une feuille d’exercices ratés par l’élève et l’appréciation à sens unique d’un inspecteur assermenté de fait?

Toutes ces questions sans réponse et l’expérience malheureuse de certains parents déjà avec le cadre législatif actuel laissent présager que la bienveillance sera parfois toute relative (quand on sait que la rapporteur de la commission du sénat en débat parle déjà de certains parents “qui n’ont pas les pieds sur terre”, que le ministre Kanner évoque “la recherche de médiatisation s’agissant d’un contrôle qui se passe mal” je vous laisse imaginer le champ d’interprétation possible par un inspecteur formé aux et convaincu par la méthodologie pédagogique mise en place de la primaire au collège).

C’est pourquoi les parents, les assos… tout le monde est parti en croisade contre ce décret qui est une atteinte manifeste à la liberté de choix d’instruction. Et pour partir en combat contre un décret qui n’existe pas encore officiellement, la seule issue c’est de se battre pour qu’il n’y ait pas de nouvelle loi, donc pas la possibilité de rédiger un nouveau décret.

En mai tout le monde s’est motivé pour prévenir les députés de l’assemblée des dangers du décret adossé à la loi. Tout le monde a fait les choses dans son coin. On a manqué notre cible. Et accumulé de l'expérience: pour parler d’une loi anodine en apparence adossée à un projet de décret qui n’existe pas encore officiellement il faut avoir des démarches personnelles auprès des représentants de la République, avoir un plan structuré pour faire en sorte de les convaincre individuellement sans en oublier au passage, et surtout faire en sorte qu’ils soient tous présents lors du vote..

Le texte du 14 b n’a pas été retiré ni changé malgré un certain nombre de députés alertés ou gagnés à notre cause. Les débats affreux ont essentiellement parlé de protection des enfants contre les sectes et le terrorisme, et les arguments des pro-ief n’ont pas été entendus, ou si peu. Les enfants ief de Saint Denis ont pris cher dans les débats, souvent cités en exemple pour justifier l'obligation de contrôles dont la plupart des députés semblaient ignorer qu’ils existaient déjà. Le texte de la loi est resté « L’autorité compétente de l’État détermine les modalités du contrôle » (et justifie toujours le décret).

Cet été la loi a été transmise au sénat qui a analysé tous ces points. Les associations nationales, -pas nous malgré mes demandes-, ont été convoquées à une table ronde menée par la rapporteur de la commission spéciale du sénat saisie de la loi Egalité Citoyenneté incluant le 14b. Madame Gatel. Elle a compris en partie les questions légitimes des parents.

Mais elle n’a pas souhaité, non plus, entièrement le 14b du texte qu’elle présentait, avec sa commission, aux autres sénateurs. Elle a juste admis que si le but de la loi proposée par le ministre Kanner était de contrôler les dérives terroristes alors il fallait admettre que les contrôles se passent plutôt à la maison, sinon ça n’avait pas de sens. Le texte qui a été soumis au vote des sénateurs mardi 5 octobre a donc été transformé en ce sens « L’autorité compétente de l’État en matière d’éducation détermine les modalités du contrôle. Le contrôle est effectué sur le lieu où est dispensée l’instruction, sauf décision motivée de l’autorité compétente de l’État en matière d’éducation. » . Plusieurs sénateurs ont proposé là aussi pendant les débats, des choses affreuses à base de terrorisme, de soumettre nos enfants à un examen médical obligatoire, de demander l’autorisation de faire l’IEF…. Mais aucun n’est passé. Ouf, on a bien préparé le terrain. A priori donc les tests réglementés par le décret devront avoir lieu à la maison sauf “motivation” de l’Académie. Ce qui en soit veut tout et rien dire, puisqu’on ne sait pas ce qu’est une motivation recevable.

A noter, on s’était beaucoup investi avec la fédé -et là on est sûrs aussi d’avoir alerté tout le monde et pris des contacts personnels avec un sacré paquet- autour d’un amendement n°309 qui aurait pu encore préciser les modalités du contrôle et qui aurait changé le texte comme suit : « L’autorité compétente de l’État en matière d’éducation détermine les modalités du contrôle. Le contrôle est effectué, dans le respect des choix pédagogiques des parents, sur le lieu où est dispensée l’instruction, sauf décision motivée de l’autorité compétente de l’État. » . Il a été signé par 20 sénateurs qu’on a contacté. Cet amendement aurait rendu le décret de juin sans doute un peu plus compliqué à justifier et aurait offert aux parents lésés lors d’un contrôle la possibilité de faire un rappel à la loi… Malheureusement il n’est pas passé non plus, la sénatrice de Menton qui le portait l’ayant retiré de son propre chef pendant les débats, convaincue par les arguments de Mme Gatel concernant “la brèche” que lui semblait ouvrir cet amendement dans les contrôles qui se passent mal. Nous on aurait plutôt dit la possibilité de faire respecter nos droits. Mais bon...

La loi suit sa procédure normale s’agissant d’une loi « en procédure accélérée ». Elle sera discutée au sénat jusqu’au 12 octobre. Après le 18 octobre, elle retourne à l’Assemblée Nationale ou une commission mixte paritaire de 6 députés et 6 sénateurs devra définir si les modifications proposées par le sénat sont pertinentes ou non.

Ils doivent se mettre d’accord sur un texte final. Ils peuvent encore retoquer complètement l’article 14b mais ce serait étonnant, ou faire revenir le texte dans l’état où il était avant son passage au sénat, donc sans mention pour le lieu du contrôle.

Après, la loi sera officiellement votée, publiée au Journal officiel et le décret d’application sera sans doute traduit en circulaire à l’usage des inspecteurs d’académie pour la conduite des tests.

Si nous ne sommes pas d’accord avec le texte du décret, en opposition à la liberté de choix d’instruction, il faudra sans doute passer par la voie juridique. Et c’est assez compliqué à titre individuel (il faut attendre qu’un inspecteur décide de rescolariser son enfant au nom d’un test raté, et là attaquer en disant que le test est contraire à la liberté de choix d’instruction), parce que c’est un combat qu’on mène souvent seul et qui peut avoir des conséquences familiales dramatiques, malgré le soutien d’assos ou de proches..

On peut aussi explorer des voies juridiques plus globales pour essayer de démontrer que le décret ne respecte pas la liberté de choix d’instruction et pose des questions en matière de constitutionnalité. (C’est un peu ce qui est arrivé à l’arrêté anti burkini, dont le conseil d’état a jugé qu’il était anticonstitutionnel). Mais pour saisir le conseil d’état c’est une autre paire de manches. C’est pourquoi la création d’une fédération d’intérêt général, représentant un maximum de gens par un avocat apte par exemple à plaider au conseil d’état, fait sens. Mais n’est à ce jour une garantie de rien. Et trouver le cador qui prendra fait et cause pour tous, n’est pas une recherche qui se fait à la légère, ni sans financement. En répartissant le poids du financement et la recherche du BON profil entre plusieurs personnes, on ne sera que plus efficace.

La fédération FELICIA semble prendre forme. En quoi pourrait-elle changer la donne à l'avenir?

Elle n’a pas prétention à changer la donne je crois. Poser des garde-fous généraux plutôt. Elle vise essentiellement à se positionner en référent de réalités d’instructions différentes, représentées déjà par plusieurs associations qui font très bien leur travail et leurs actions dans leur microcosme régional ou thématique, mais n’abordent toutes qu’une partie de la réalité des familles en France. Entre une association pour la liberté d’apprendre différemment, une autre qui milite pour l’épanouissement ou les méthodes alternatives, une école hors contrat, des écoles en CPC, des associations de rencontre entre IEF d’une même région, des associations culturelles ou philosophiques en IEF etc. Il y a un large éventail de réalités. Qui aujourd’hui voient les actions à mener chacune par leur prisme particulier, ne peuvent pas toutes, par leurs statuts actuels ou par leur taille, se positionner en association d’intérêt général ou se mettre en ligne dans une quelconque action en justice.

L’idée à la base de la fédération est de se dire qu’en cumulant les dénominateurs communs à toutes ces associations, en y ajoutant la voix de parents qui ne se retrouvent aujourd’hui dans aucune des associations existantes on devient une force de réaction et de prise de position forcément plus importante. On écoute forcément de manière plus attentive une association qui représente 10 000 personnes que 7 associations de 1000 personnes plus une série d’isolés. On produit forcément plus d’actions coordonnées quand on s’y met tous ensemble que chacun de son côté, avec des succès divers et des moyens qui se chevauchent parfois.

On essaie aussi de créer cette association conformément aux règlement qui lui permettraient de se piquer d’ester en justice sur les cas manifestes d’atteinte à la liberté de choix de l’instruction et des apprentissages. C’est passionnant et très complexe, mais le temps presse et les journées ne font que 24h.

Concrètement, que peut-on faire pour t'aider? Recherches-tu des profils particuliers?


M’aider moi, pas grand-chose, sauf à connaître un profil de magicien pour élargir la durée d’une journée. 😀


Mais pour aider tout le monde en IEF il y a plein de manières via la fédé. On a pas mal galéré (ça a été houleux il faut l’admettre) cet été à définir des statuts de fédération qui impliquent que tout le monde soit partie prenante du projet et pas uniquement une petite équipe qui serait la « tête pensante » de la fédé et penserait à la place de ses membres. Certains ont pris leurs distances, d’autres sont montés ou remontés à bord, et quelques voix en gardent une certaine rancoeur. Je ne savais pas mais il faut croire que c’est le lot de la création de ce genre de projet fédérateur. On ne contente pas tout le monde tout de suite, on passe sans doute trop de temps chrono à asseoir des règles qui conviennent au plus grand nombre et ça fait parfois bouillir les esprits au vu du timing serré dont on dispose pour agir. J’ai l’espoir de croire que plus les bases sont solides et moins l’ensemble peut être laminé à la moindre bourrasque.

Le pire travers serait de tomber dans une perpétuelle discussion de philosophie ou d’ego au détriment de l’action, et la structuration nécessaire accapare effectivement beaucoup de temps de cerveau disponible (comme disait l’autre). Il faut trouver le juste équilibre.

Mais c’est vrai aussi qu’au vu de la multitude de chantiers à mener de front, du besoin d’avancer rapidement sur des sujets multiples et parce qu’on a défini un mode de fonctionnement assez ouvert et “investissant”, il faut que chaque participant se responsabilise dans une démarche tout sauf attentiste: si tu as une idée pour faire avancer un des aspects de la fédé ou de ses combats, tu te signales, on étudie ensemble ce que représente ton idée et où tu peux l’emmener. Ensuite on t’invite à constituer une petite équipe de choc qui se met des objectifs clairs, datés, jalonnés quant à la réalisation de ton idée. Et quand ton projet a abouti au résultat préparatoire espéré, on le soumet au vote de tous. Là, si il remporte l’adhésion, on le met en application l’instant d’après. Dit comme ça on dirait les règles d’une communauté hippie. Je sais, c’est aussi la remarque que j’ai faite avec ironie en arrivant en juillet dans les débats au moment ou plusieurs membres ont proposé ce modèle de fonctionnement collaboratif qu’on a ensuite affiné. Mais il faut plutôt le voir comme la mutualisation des cerveaux et des savoir faire pour aller plus vite, plus loin, plus efficacement. Ca a fini par me séduire.

Un exemple simple : quand on s’est dit qu’il fallait trouver un moyen de prévenir les sénateurs que le projet de loi allait leur arriver on a créé un chantier spécifique. On ne s’est pas contenté de proposer à tous les « membres » des éléments de langage sortis de la tête d’un chef de fédé. On a segmenté le truc comme un projet d’équipe. Certains se sont occupés de la lettre type, d’autres de lister les sénateurs à contacter, d’autres ont traqué les fautes dans les courriers que les « membres » se sont proposés d’envoyer, on a essayé de centraliser toutes les démarches histoire d’être sûrs que tous avaient été contactés, on a fait des relances téléphoniques systématiques des assistants parlementaires, et même travaillé à écrire l’amendement 309 dont on regrette qu’il ne soit pas passé.

Autant de tâches impossibles à gérer à deux ou trois, qui se sont avérées possibles avec la force du nombre et la répartition des tâches. C’est sûr qu’on aurait préféré t’annoncer une petite victoire qui nous auraient évités les esprits narquois qui nous regardent de l’extérieur, mais on a au moins la certitude qu’à chaque étape du projet de loi au sénat, on n’avait aucun trou dans la raquette. On a la certitude d’avoir été au plus loin de ce qu’on pouvait faire.

Pour aider Felicia, du coup, il n’y a qu’une seule méthode : se proposer avec ses compétences pour aider à un chantier en cours, ou identifier un chantier utile auquel on a pas encore pensé et qu’on veut mener à bien. La phrase que je répète le plus depuis Août aux gens qui croisent la route de Felicia par la page Facebook ou dans les échanges qu’on peut avoir c’est “qu’on se fiche de savoir ce que tu ne sais pas faire, par contre dis-nous en quoi tu excelles , on va t’aider à aider la création de cette fédé avec ce super pouvoir».

Et franchement les apports sont variables. On a des actions très ponctuelles qui ont permis par exemple de trancher rapidement sur le nom de la fédé de la part d’un papa qui nous a dit qu’il avait quinze jours et pas plus’ pour s’investir. On a des gens qui sont d’une aide précieuse en relecture, en recherche d’outils ou de solution technique, en apport d’idées à première vue farfelues mais qui aident à voir le problème sous un autre angle, on a de très bons chefs de projets, des traducteurs de jargon politique, des meneurs d’hommes et de femmes percutants, des spécialistes de la création d’asso, des graphistes, des as du résumé, des gens qui ont le temps de mener des recherches de fond, de proposer des premières moutures…



Dans les urgences du moment, il y a bien sûr le débroussaillage du volet juridique qui va mobiliser pas mal de bras et de cerveaux pour identifier, argumenter, synthétiser les possibilités. Mais d’autres chantier sont déjà ouverts : quid de l’après 14b s’il passe ? doit-on proposer un livret type pour les cas d’enfants avec une particularité en IEF, pour les faire connaître mieux des inspecteurs ? Comment sensibiliser l’autorité publique de tous les contrôles qui se sont passés ou se passent mal ? Faut-il proposer un référentiel de contrôle ? Doit-on alerter la presse? Une pétition est-elle utile…. Et mille autres qui naîtront au fil des idées des membres pour défendre la liberté de choix de l’instruction et des apprentissages

Si on avait pas établi ce mode de fonctionnement « une idée = une équipe => un résultat » on ne pourrait pas se permettre de réagir rapidement à chaque avancée du projet de loi malgré à peine deux mois “d’existence”. On a donc surtout besoin de gens impliqués et d'un peu de temps de chacun d’eux pour continuer d’avancer sur tous les terrains nécessaires. Cette fédération par le modèle de fonctionnement qu’elle s’est choisi ne pourra exister que si des gens se mobilisent avec leur opiniâtreté et leurs idées pour la faire vivre. Si elle ne trouve pas les relais qu’elle espère auprès des gens qui ont en commun la défense de leur droit au choix… Oui elle ne sera qu’une coquille vide, ou au mieux une association de plus, au pouvoir d’action et à la représentativité limitée. Ce n’est clairement pas ce que je souhaite aux instruits en famille.

Donc bah… venez quoi, il n’y a aucun petit apport. La seule qualité nécessaire est celle d’être capable de se prendre en main seul et ne pas attendre que quelqu’un vienne nous relancer sur la partie de projet qu’on a choisi de porter, si petite ou grande soit-elle. Ca va c’est maigre comme contrainte.

Je te souhaite une bonne soirée. Et merci pour tout ce que vous faites avec FELICIA!

Merci Laura, mais tu sais que ton blog est pas mal non plus ;-) Faire savoir, c’est aussi « Faire ».
Tu nous rejoins du coup?

Avec joie!