jeudi 30 juin 2016

Ci-gît notre liberté

Hier après midi l'article 14bis, concernant les contrôles de niveau et le lieu de contrôle, a été voté à l'assemblée nationale.

Il s'agit d'imposer la progression de l'éducation nationale par cycle et de donner tout pouvoir à l'administration pour organiser les contrôles.

J'ai suivi les débats en direct: sur 577 députés, seuls 49 étaient présents et ont voté. Avec 32 voix pour et 17 contre, l'article est passé. Madame Najat Vallaud Belkacem n'avait pas pris la peine de se déplacer. J'avoue ne pas avoir l'habitude de me pencher autant sur les rouages de notre démocratie... il a fallu que je sois directement concernée pour prendre le temps de le faire. C'est consternant: l'assemblée nationale était presque déserte, la ministre de l'éducation absente... pour un texte d'une telle importance! Ne se sentent-ils pas concernés? N'ont-ils aucun sens des responsabilités?

J'ai été très agréablement surprise par le degré d'information de certains députés, et je crois que nous le devons aux associations qui ont fait un travail de communication formidable. Monsieur Noël Mamère a été admirable, ainsi que Monsieur Breton, Mme Attard, Mme Le Callenec et tant d'autres... Leurs nombreuses interventions furent remarquablement éloquentes et pertinentes. Parti socialiste mis à part, nos défenseurs venaient de tous les horizons politiques. Ils n'étaient pas tous convaincus par le homeschooling, mais tous estimaient qu'il s'agit d'une liberté fondamentale. Tous ont insisté sur le fait que l'arsenal juridique est déjà suffisant pour lutter contre d'éventuelles dérives et que cette loi liberticide n'a pas lieu d'être.

Malheureusement toutes leurs questions et objections sont restées sans réponse.

Tout n'est pas terminé: tous les amendements ont été rejetés, mais la loi n'est pas encore passée, nous avons donc encore une chance, aussi infime soit-elle. En bref: communiquez! Communiquez un maximum: c'est l'inconnu qui fait peur.

Pour en savoir plus, voici un excellent article d'isa-lise:

Lire aussi:

vendredi 17 juin 2016

6 idées pour que les dernières semaines d'école à la maison déchirent

Ces dernières années d'école à la maison nous avons essayé beaucoup de configurations différentes: les étés travaillés, les étés cools, les étés moitié-moitié… Cette année nous avons tous beaucoup travaillé, nous apprécierons tous de longues vacances sans cahiers, conjugaison, grammaire et opérations!

Quel que soit votre planning, si vous optez comme nous pour prendre quelques vacances estivales bien méritées, la fin est proche mes amis!


Voici quelques idées pour s'assurer que les dernières semaines d'instruction en famille déchirent:

-Travailler dehors

Notre chariot chaque matin prend désormais le chemin de la terrasse.
Travailler à l'ombre de la vigne est un pur bonheur. 

Le changement de cadre nous apaise tous beaucoup. C'est l'énorme avantage de l'école à la maison: pouvoir changer très facilement de lieu pour apprendre.
L'été permet de se saturer les tympans de chants d'oiseaux puis de rire du petit papillon qui vient se poser sur la copie; ce serait dommage de ne pas en profiter et de s'enfermer entre quatre murs!


-Organiser au moins une journée entière d'excursion

Ce sont les dernières semaines avant les vacances: les derniers jours de calme avant que la plage, les zoos ou même les musées ne soient littéralement envahis!
Nous comptons bien profiter de ce calme avant la tempête, et savourer la formidable liberté de pouvoir partir une journée entière en balade avec un panier de pique-nique!



-Préparer des olympiades en plein-air

Les enfants adorent les olympiades. 
Nous avons prévu des activités pour que chacun y trouve son bonheur (avec une petite compétition de karaté, un lancer d'anneaux, une course en sac... ou même un concours pour passer sous de toutes petites choses, pour que Bébé ait la joie de gagner au moins une fois!). 
Chacun a participé à l'élaboration du programme des festivités, qui dureront une semaine (un peu chaque jour!)



-Faire le bilan de l'année

Je pense:
-non seulement à ce qui n'a pas fonctionné, pour pouvoir remettre en question ma manière de fonctionner et tenter de m'améliorer l'année prochaine! 
-mais aussi à ce qui a fonctionné, parce qu'on a trop tendance à oublier, à la rentrée, toutes ces petites adaptations et ces bonnes résolutions qu'on avait mis du temps à appliquer mais qui avaient bien marché.


-Faire la fête!

Dans mes plus beaux souvenirs d'école, il y a bien sûr la kermesse. Ce moment de fête qui marquait la fin d'une longue année, où nous passions sur scène devant des parents au comble de la fierté, et où nous nous empiffrions de quatre-quart les doigts encore gluants de barbapapa.

Je crois qu'on peut aussi, avec l'école à la maison, célébrer une année entière de progrès. En suggérant par exemple aux enfants d'organiser eux-mêmes un petit spectacle et en faisant une soirée barbecue-brochettes de marshmallows.
Juste pour se dire combien on est heureux d'avoir passé l'année ensemble et d'avoir tant appris les uns des autres!


-Prévoir une VRAIE pause

Le homeschooling implique, malgré toutes les sorties et activités pratiquées, beaucoup de temps à la maison durant l'année.
Même si on ne peut pas forcément partir ailleurs en vacances, faire un vrai break est vraiment important. Il peut s'agir de quelques jours où l'on fait des choses vraiment différentes de d'habitude. Oublier les montres au fond d'un tiroir, voir des amis, passer des journées entières à bouquiner…
Bref, casser le rythme et sortir beaucoup pour mieux recharger les batteries!


Lire aussi: les préparatifs pour la rentrée des homeschoolers de niveau:

lundi 13 juin 2016

L'été: fichier d'activités à imprimer

Voilà bien longtemps que vous me le réclamiez: le voici enfin, le fichier d'activités sur l'été!

Il vient compléter l'automne, l'hiver et le printemps, et s'adresse surtout aux petits. 

L'idée est surtout de leur faire découvrir des thèmes très variés autour de la saison à venir: le blé, les fruits, la plage, les glaces, le bateau, les dangers du soleil... tout en s'exerçant au graphisme et en rêvant à la lecture de quelques contes d'Andersen. J'espère de tout coeur qu'il plaira à vos tout petits homeschoolers!


Le fichier est protégé par les droits d'auteur; merci de ne pas le partager sans faire de lien vers ce site


Et pour les plus passionnés, télécharger ici la suite du récit de la petite sirène, à glisser dans le grand fichier pour le compléter. Cette fin d'Andersen est très triste, à éviter avec les enfants sensibles:

Plus de fichiers à imprimer:

jeudi 9 juin 2016

Restrictions pédagogiques: ce qui va changer

Ce matin a eu lieu la tant attendue conférence de presse de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, au sujet de l'instruction en famille et des écoles hors contrat.

Sans surprise, voici ce qui devrait changer:


-Augmentation du nombre d'inspections, grâce à un renfort de profs (qui toucheront pour cela des indemnités de mission particulière). Autrement dit vous ne serez plus forcément inspectés par un inspecteur d'académie, mais potentiellement par un professeur des écoles.

-Des contrôles inopinés (Il n'est pas précisé si ces inspections surprise ne concernent que les écoles hors contrat: à préciser)

-Des tests oraux et écrits: les inspections consisteront en un entretien avec la famille, suivi d'exercices, oraux et écrits, pour évaluer le niveau de l'enfant.

-Le choix des modalités et du lieu du contrôle reviendra désormais exclusivement à l'inspection académique: chez vous, à l'inspection académique, dans une école... Motorisés ou pas, débrouillez-vous.

-En cas d'échec deux fois de suite ou de refus de contrôle, les familles seront mises en demeure de scolariser leur enfant (Ce qui ne représenterait pas une obligation de résultat... c'est tellement limpide qu'on n'y avait pas pensé!)

-Le programme: les contrôles porteront non plus sur l'acquisition du socle commun des compétences à 16 ans, mais sur la progression de l'éducation nationale. Autrement dit les familles auront désormais l'obligation de suivre la progression des écoles sous contrat pour chaque cycle. Nous sommes assurés que nos choix éducatifs seront respectés... ce qui est un non sens puisqu'ils devront être conformes à la progression définie par le ministère!

-Les maires seront rappelés à l'ordre sur le contrôle social. Le ministère de l'éducation nationale collaborera avec les mairies afin de s'assurer qu'elles suivent systématiquement les familles pratiquant l'instruction en famille.

-Les "bonnes moeurs": l'instruction dispensée devra être "conforme aux bonnes moeurs". C'est un terme subjectif, totalement dépourvu de sens juridique: les "bonnes moeurs" correspondent à l'idéologie en vigueur.


Evaluer le niveau, vraiment? 

Les exercices oraux et écrits destinés à évaluer le niveau des enfants instruits en famille posent plusieurs problèmes:

-l'éducation nationale ne peut  pas être à la fois juge et partie. Pour évaluer la qualité de mon pain maison, je n'irai pas demander son avis au boulanger de ma rue. Pourtant mon pain est une tuerie je vous assure!

-ils vont à l'encontre de la liberté éducative. Mes enfants vont bien au delà du programme de l'éducation nationale dans la plupart des matières. En revanche, en dehors de mon petit passionné de programmation, ils ne font pas d'informatique. Ils ne font pas non plus d'anglais écrit avant le CM1. En CP, sauf exception, ils ne savent pas écrire leur prénom avant d'en avoir étudié toutes les syllabes, ce qui peut arriver à la fin de l'année... or c'est une compétence attendue en petite section de maternelle je crois! 
Bref, nous n'avons ni les mêmes objectifs, ni les mêmes méthodes de travail.

-mettre en situation d'examen un enfant de 6, 7 ans.... est-ce bien raisonnable? Imaginez-vous à cet âge, dans des lieux inconnus, avec des étrangers, avec pour épée de Damoclès une scolarisation forcée... Pensez-vous que ce soit adapté pour un petit?
Les parents d'élèves accepteraient-ils que leurs enfants scolarisés en primaire passent un examen annuel dans les locaux de l'académie pour "évaluer leur niveau", avec changement d'établissement à la clef en cas de ratage?

-des exercices donnés par une tierce personne ne peuvent absolument pas estimer correctement le niveau d'un enfant.  Si vous demandez à mon enfant de CP de réciter l'alphabet il en sera bien incapable, même s'il lit parfaitement, parce que nous ne l'apprenons qu'en ce1 (pour les recherches dans le dictionnaire). Et si vous demandez à mon fils de 9 ans de "souligner les noms noyaux puis de barrer les expansions du nom superflues" ou d' "enrichir les groupes nominaux", vous risquez de croire qu'il n'a jamais fait de grammaire, alors qu'il fait chaque jour de l'analyse logique et de l'analyse grammaticale, ce qui est autrement plus poussé. Enfin récemment un de mes enfants a été hospitalisé et nous avons dû composer avec l'envahissante "directrice de l'école de l'hôpital", choquée parce qu'en ce1 il ne savait pas écrire toutes les lettres CAPITALES pour remplir son exercice-mot croisé. Il sait parfaitement les lire mais en ce1 il n'a jusqu'ici écrit qu'en cursives. Nous verrons les capitales vite fait en cm1, pour la géométrie. 

Nous travaillons juste différemment: nous n'employons ni la même terminologie, ni les mêmes méthodes. Je ne suis pas certaine qu'un test écrit ou oral, totalement arbitraire (contrairement à un examen national dont les attendus sont fixés au préalable), sans savoir ce que nous avons fait et comment nous travaillons, puisse refléter le niveau réel des enfants instruits en famille. 

L'éducation nationale est-elle qualifiée pour apprécier la qualité de l'instruction en famille? 

Je tomberai peut être sur des gens formidables, respectueux et ouverts d'esprit. Mais désormais il va falloir vivre avec l'idée que ce sont peut être aussi ces guignols là qui viendront juger notre instruction en famille (extraits choisis, tirés du groupe Facebook  tous professeurs des écoles"):





"Bonjour dans ma classe il n'y à aucun livre pas de coin bibliothèque je voudrai donc prendre un abonnement"

"Dans ma nouvelle école, il y a très peu de livres (une bibliothèque quasiment vide et aucun livre dans la classe...). Il est donc difficile de proposer aux élèves des livres à lire."

"Un parent d'une de mes élèves a agressé verbalement un autre de mes élèves dans l'enceinte de l'école (menace de mort, de venir chez lui et intimidation physique).Que leur dire ? "

"je trouve que le niveau des enfants baissent" (sic)

"vous êtes à jour dans vos programmes ?"
réponses par dizaines: "Meuh non! Mon inspecteur m'a dit plusieurs fois que c'est utopique de penser boucler le programme!"

"On a copié Promettre au passé composé avec le pp "promi" "

"Connaissez-vous des versions de contes "non sexistes" ? Par exemple, le Petit Chaperon Rouge avec pour héros un petit garçon si joli que tout le village l'aimait ? Le Petit Poucet incarné par une fille petite mais extrêmement malicieuse ? Ainsi que des contes avec des amours gays ? Une fois une élève m'avait apporté "La princesse qui n'aimait pas les princes", c'était très mignon, la princesse tombait amoureuse d'une fée, aucun prince ne l'intéressait vraiment."
-"Boucle d'Ours ! Un petit ours qui veut se déguiser en Boucle d'Or pour un carnaval, mais Papa Ours n'est pas d'accord... Et c'est lui qui termine déguisé avec une perruque blonde et une robe rose, il est top !"

"j'ai lu avec mes MS/GS, le livre "Poupoule" de Loufane où la petite poule est amoureuse mais pas du coq comme toutes les autres. On découvre progressivement et c'est confirmé à la fin que la poule est amoureuse du renard."

" je suis contre ces gens qui refusent l'instruction républicaine afin que leurs enfants ne soient pas mélangés avec la racaille du peuple et les enseignants incompétents dans des écoles où leurs enfants seront de temps en temps sanctionnés ou où les méchants vaccins sont obligatoires."

"Pour le spectacle de fin d'année, les élèves ont commencé à apprendre le contraire de tout des orgres de Barback, il y a des gros mots dedans con et cul .... Est ce que les parents du groupe ca vous choque?"
-"J'ai fait ça avec une chanson de Mika tout en expliquant aux élèves que le mot connard je savais qu'ils connaissaient mais que devant leurs parents c'était pas très correct"

"Je suis dans une école avec un public de zep en CE2, un tiers de ma classe sait à peine déchiffrer, et a de grosses difficultés en mathématiques."

"j'ai un cm1 non lecteur, deux ce2 non lecteurs aussi et qui ne veulent pas rentrer dans les apprentissages, des élèves en grosses difficutés. je suis épuisée et je ne parviens pas à m'y retrouver."

"Je veux mettre en place un rallye lecture Max et Lilli l'an prochain pour mes CE1"

"J'aurai un CM1 assez faible avec des élèvesNON lecteurs et des élèves NON francophones.Comment gérez-vous la classe pour que tout le monde avance?"

"Horrible ma classe!!!! Les ce1 pas autonomes et non lecteurs...et des d'élèves vilains.. Ou des cas..."

"je fais partie de la promo 100% PES où tu obtenais le concours en juin et tu faisais la rentrée dans ta classe (ou tes classes) à 100% toute l'année sans aucune formation (surtout pour moi qui venais d'un autre master, je n'avais jamais mis les pieds ds un iufm)"

"Le plus dur pour moi est de faire croire aux élèves et aux parents que je connais le métier. Non seulement on est dans la galère pour ne pas dire plus, mais surtout faut le dire à personne."


"Une vigilance égale pour tous les enfants de la nation": vraiment? 

Mme Vallaud-Belkacem a terminé son discours en se félicitant que tous les enfants de la nation bénéficient bientôt d'une même vigilance concernant leur droit à l'éducation. 

A titre de rappel... les enfants scolarisés dans les écoles de la république ne sont absolument jamais inspectés. Seuls les enseignants peuvent l'être, et encore puisque ces inspections sont facultatives! Un enseignant de l'éducation nationale peut tout à fait, aujourd'hui en France, refuser de se faire inspecter. Son augmentation de salaire sera certes un peu plombée, mais c'est son droit. Il ne sera pas mis à l'écart pour autant et continuera d'enseigner. 

Je résume: 

-l'éducation nationale n'a aucune obligation de résultat. Elle en impose en revanche une aux écoles hors contrat et aux familles pratiquant l'école à la maison. 

-d'ailleurs heureusement pour elle étant donné ses résultats ( moins de 80% des jeunes de 16 ans sont "des lecteurs efficaces". Chiffres japd.)

-ses enseignants sont en moyenne inspectés tous les 5 ans et ces inspections sont facultatives

-en cas de mauvaise inspection ils continuent à sévir sans aucune conséquence. 

-le prof de votre enfant peut parfaitement exercer en ayant un casier judiciaire. C'est "à l'appréciation de l'administration". Dans les faits, faute de moyens, les casiers des enseignants ne sont presque jamais contrôlés. En 2015, 27 enseignants ont été radiés pour faits de pédophilie: la plupart d'entre eux a sévi durant plusieurs années. 

-enfin, 700 600 élèves scolarisés dans les écoles de la République sont victimes de harcèlement. 383 000 enfants le sont "sévèrement". C'est un enfant sur 10, et c'est eux qui le disent



Alors non, Madame Vallaud Belkacem, la vigilance aujourd'hui est loin d'être égale pour tous les enfants de la nation. 

lundi 6 juin 2016

Année 2015-2016: l'heure du bilan

Voici le venu le mois de juin. C'est l'heure, un peu partout, des réinscriptions en vue de l'année prochaine. C'est aussi l'heure du bilan pour l'année écoulée. Histoire de tirer des leçons sur ce qui n'a pas fonctionné et de garder ce qui a marché.

Pour les petites

C'était la dernière année "cool"
























Les cours par correspondance pris pour la grande section avaient surtout pour fonction d'occuper les filles pendant les matinées de homeschooling. Elles venaient "travailler" (écrire sur leurs cahiers, dessiner, modeler, tisser, tricoter...) quand elles le souhaitaient, le reste du temps elles jouaient dans le jardin ou dans la maison. Elles n'ont pas raté une seule lecture, moment qu'elles adorent même si elles ne participent pas encore aux narrations, et je m'aperçois que cela a payé au niveau vocabulaire et culture G. Par exemple elles jouent à Daphné fuyant Apollon et aux méchantes Piérides. Elles sont aussi très marquées par l'univers de la Comtesse de Ségur et par la lecture récente d'Helen Keller. Je regrette surtout de ne pas avoir été rigoureuse plus tôt sur les habitudes d'ordre et de rangement. 

A 4 ans 1/2 et bientôt 6 ans, elles ont toutes les deux ont à peu près le même niveau. Ecouter d'une oreille le cp de leur frère, l'an dernier, a fait beaucoup. Sans pression et avec très peu de formel, elles:
-savent déchiffrer et écrire des mots composés de syllabes simples (toujours en cursives)
-la plus petite écrit son prénom (bien malgré moi). La grande n'en voit pas l'intérêt. 
-elles savent compter, additionner et soustraire jusqu'à 10 (au boulier)

Au niveau académique (maths et français) je crois que c'est peu comparé aux enfants scolarisés. 

Je trouve le programme de maternelle, en France, beaucoup trop chargé. Mais ce qui prend énormément de temps à acquérir petit va très vite quand l'enfant est plus mûr. Je préfère donc consacrer les petites années à l'imaginaire, aux cabanes, aux balades, au jeu et à la culture générale: les compétences en français et en maths se rattrapent extrêmement vite quand on s'y colle vraiment et que l'enfant est intellectuellement prêt. 

Je suis heureuse de leur avoir laissé autant de temps libre pour se construire. Ces petites années à la maison ont été très paisibles, très heureuses. Elles ont beaucoup voyagé, fait énormément de sport en club, écouté des centaines de living books, joué, dessiné... Elles ont largement profité de leurs petites années: nous passerons sans regrets à un rythme plus cadré à la rentrée prochaine. Au programme: CP Ste Anne pour la grande, GS Ste Anne pour pour la petite, qui suivra sûrement le CP en même temps que sa soeur. Et comme toujours: beaucoup de dessin libre, de sorties dans la nature et de living books!



Pour les grands

L'année a été sportive et studieuse! Ils ont pratiqué au moins 6h de sport en club par semaine, et ont étudié environ quatre heures par jour, mais c'était quatre heures très denses. Malgré tout nous bouclerons in extremis notre objectif de 24 modules. Les vacances seront vraiment très appréciées cette année!

En narration, en 2015-2016, nous avons fait ou refait, toujours en intégralité: la Bible, les mythes grecs, les mythes nordiques, sur les chemins de France, l'histoire de l'antiquité, l'histoire de l'art, l'histoire des grands hommes, les grands mythes racontés aux enfants, 50 fables, l'histoire des des grands compositeurs, Helen Keller, un bon petit Diable et les Mémoires d'un âne. 

Plus quelques narrations "exceptionnelles" pour coller à un fait d'actualité marquant. Leurs progrès dans cet exercice sont spectaculaires: s'il y a bien une chose que nous conservons pour l'an prochain, c'est la narration. 


-CE1

Avec mon grand garçon de ce1 nous avons dû énormément travailler la rapidité et l'autonomie. Je suis impressionnée de voir la masse de travail abattue depuis septembre. Il a fallu régler tout plein de petites difficultés les unes après les autres. Il a travaillé très dur, mais sauf exception ça a toujours été dans la bonne humeur. J'avais eu tendance, pour son CP, à m'éparpiller, à passer sans cesse d'un enfant à l'autre... et je pense qu'il avait pris de mauvaises habitudes en concentration: il papillonnait, tout prenait des heures. Ca s'est progressivement arrangé en chronométrant chaque travail. Il a un temps donné: si c'est fini avant, tant mieux pour lui, il peut faire ce qu'il veut du temps restant (courir dans le jardin pour faire du tir à l'arc, lire le journal de mickey hebdomadaire...). Petit à petit, il a gagné en rapidité et en endurance. 


A titre indicatif en fin de ce1 il maîtrise les quatre opérations jusqu'au million et sait calculer une aire et un périmètre.  En français ses dictées ont de moins en moins de fautes. Il connaît les huit temps de l'indicatif, auxiliaires, premier et deuxième groupe. A rectifier pour l'année prochaine: remettre en service le pop corn des verbes. C'est un petit rituel quotidien qui fait au final économiser beaucoup de temps et d'énergie. 





-CM1

Mon grand de CM1 fonctionne presque tout seul désormais. Je regrette surtout de ne pas accorder plus de temps à l'anglais et au dessin: j'aimerais l'an prochain dégager plus de temps pour ces deux matières. 

Tout les niveaux de primaire de la méthode Singapour ayant été bouclés, il a embrayé directement sur la cinquième de cet excellent manuel. La narration ainsi que cinq ou six heures de lecture quotidiennes (pour le plaisir!) assurent la culture G et la prise de maturité. 

En résumé, il en est aujourd'hui en maths aux priorités, à la division euclidienne, aux additions et soustractions de nombres relatifs, aux additions, soustraction, produits et rapports de fractions, et à la proportionnalité. En géométrie il a bouclé le programme de cinquième sur les constructions, égalités et inégalités de triangles, sommes des angles du triangle et propriétés des droites. En Français il sait analyser tous les mots d'une phrase (analyse grammaticale) et il sait faire l'analyse logique d'une phrase. Ses rédactions (la bête noire) commencent à prendre forme. Tous les temps de tous les modes et de tous les groupes sont sus (oui, même ce très méchant plus que parfait du subjonctif). Il commence à être calé en histoire et en géographie, et est capable de tenir une (toute) petite conversation en anglais. 



L'année prochaine: on reprend les cours Ste Anne, CE2 et CM2. Ces cours nous réussissent bien et collent à merveille à la pédagogie Charlotte Mason qui me tient tant à coeur: pas d'exercice à trous, des textes absolument magnifiques, de belles valeurs, la possibilité de tout adapter...  Et surtout un niveau d'exigence à la hauteur des enfants: on cherche à les élever, à développer leur goût de l'effort. Pas à s'abaisser à ce qu'on pense être leur niveau. Ils nous permettent aussi d'être dans une dynamique que j'aurais du mal à tenir seule en gérant quatre niveaux.

Je travaille aussi sur une nouvelle routine quotidienne, on continuera d'adapter en maths pour mon grand, et j'espère reprendre nos vrais/faux voyages mensuels

Et chez vous, ça repart aussi pour un an? 

jeudi 2 juin 2016

Ecole à la maison: une liberté qui dérange?

Comme chaque année ou presque, l'école à la maison est attaquée. 


Dans les fourneaux cette fois-ci: 

-un projet de loi qui ambitionne purement et simplement d'éradiquer homeschooling et écoles hors contrat. Hop hop hop, tout le monde dans le public et dans le privé sous contrat, histoire d'avoir une chance de faire partie des 20% d'heureux élus à l'illettrisme et de garnir un peu plus les classes surchargées. Les profs apprécieront. L'idée parfaitement assumée est de lutter contre l'islamisme radical. Sachant que 100% des terroristes français sortaient de l'école publique et/ou de l'assistance publique, comme n'y ai je pas pensé plus tôt? Nous devons cette riche idée à Monsieur Eric Ciotti des Républicains. 

-et un projet de décret, sorti cette fois des cerveaux féconds du ministère de l'éducation nationale. Ce projet a pour but de modifier le code de l’éducation: « La recrudescence du nombre d’enfants instruits dans la famille témoigne de la nécessité d’améliorer le cadre juridique du contrôle existant. Le présent projet de décret a pour objet de modifier l’article D. 131-12 du code de l’éducation relatif au contrôle du contenu des connaissances requis des enfants instruits dans la famille ou dans les établissements d’enseignement privés hors contrat. Il précise que l'acquisition des connaissances et compétences doit être progressive et continue dans chaque domaine de formation du socle commun. ». Autrement dit: bye bye Montessori, Charlotte Mason, Singapour, unschooling et autres progressions alternatives. Tous les enfants seraient tenus de suivre les mêmes programmes, ceux de l'éducation nationale.



Mais pourquoi veut-on la peau de l'école à la maison et des petites écoles libres? 

Le nombre d'enfants déscolarisés aurait quadruplé en quatre ans, et si je m'exprime au conditionnel c'est tout simplement parce que les chiffres sont top secrets. Quant au hors contrat, avec près de 800 établissements, il explose! Face à une telle hémorragie l'éducation nationale pourrait peut être se demander pourquoi les familles préfèrent désormais se charger elles mêmes de l'éducation de leurs enfants. Comment se fait-il que malgré un budget pharaonique de plus de 88 milliards par an et malgré son apparente gratuité, l'éducation nationale séduise de moins en moins? L'école c'est facile, gratuit... pourquoi est ce que je m'embête, franchement? Malheureusement il est plus facile d'interdire les alternatives que de se poser ces bonnes questions et de changer en profondeur un mammouth système qui prend l'eau. 

Ces deux projets d'interdiction sont à l'éducation ce que le mur de Berlin était à la libre circulation: ce qu'on vous propose ne vous plaît pas? Vous aspirez à autre chose? Le plat officiel du parti vous donne de l'urticaire?  Taratata, cachez cette rébellion que nous ne saurions voir. De toute manière toutes les autres recettes sont désormais interdites: ouvrez grand la bouche, gobez, respirez. 


Homeschooling: la grande terreur


Les politiciens actuels semblent penser que le milieu familial est un "carcan" néfaste, et que l'enfant qui évolue en dehors du système scolaire est en danger. En somme: l'Etat assure à mort, les familles craignent. 

Alors oui, les familles abusives existent. Mais devons-nous pour autant partir du principe que le nouveau-né qui sort de la maternité pour rejoindre sa maison est en danger?

On ne pourra jamais tout contrôler: des enfants sont maltraités tous les jours, et la quasi totalité d'entre eux sont scolarisés. Quant aux violences à l'école, on en parle ou pas? 

Faire l'école à la maison, c'est un engagement personnel énorme, qui demande du temps, un sacrifice financier, et de nombreuses démarches. C'est tout, sauf le choix de la paresse et de la facilité: les parents qui se lancent dans cette aventure le font pour avoir des enfants instruits et épanouis. 

Par ailleurs entre les contrôles de la mairie et ceux de l'inspection académique, je suis désolée de vous l'apprendre mais si vous faites dormir votre neveu orphelin sous l'escalier-façon Pétunia Dursley-le pire moyen de ne pas attirer l'attention est de faire l'école à la maison. 

Concernant la peur de l'ignorance: que dire du fait que 20% des jeunes de 17 ans soient dépistés comme étant illettrés, aujourd'hui en France, durant leur journée d'appel à la défense? (étude réalisée grâce à l'analyse d'une page de programme TV) Tous ces jeunes là-qui ont été bien scolarisés pourtant-n'ont-ils pas été maintenus dans un état d'inculture? Qui s'en est soucié? (Télé-loisir devrait s'en soucier, cela dit)


La scolarisation obligatoire: l'instrument des états totalitaires. 

L'école est un droit formidable, et je soutiens de tout mon coeur les familles qui se battent pour que leurs enfants handicapés puissent y avoir accès (en passant, avant de forcer ceux qui ne veulent pas y aller à entrer dans les rangs, pourquoi ne pas commencer par faciliter la scolarisation de tous ceux qui sont un peu trop différents pour y être les bienvenus?)

Mais c'est un droit... pas une obligation, et je prie pour que cela le reste. L'école forcée est une arme, un outil de propagande massif: elle est le meilleur moyen pour un état de distiller ses idées auprès d'un jeune public malléable à souhait. Manuels scolaires et enseignants diffusent des contenus passés au travers du prisme idéologique: les enfants, encore dépourvus d'esprit critique, sont une manne pour les régimes totalitaires.

1930: l'URSS instaure l'école soviétique obligatoire: cette dernière se déclare idéologiquement antireligieuse et éducative sur le plan social et politique.


1938: en Allemagne, le régime national-socialiste instaure l'obligation scolaire, afin de s'assurer qu'aucun enfant n'échappe aux valeurs du parti. Pour soustraire davantage les élèves à l'influence de leurs familles, transmettre les idéologies en vigueur, favoriser égalité et "cohésion nationale", les Jeunesses hitlériennes créées en 1926 deviennent elles aussi obligatoires. Les jeunes allemands y passent leurs vacances et leurs soirées, après la journée d'école. La loi nazie sur l'école obligatoire est toujours en vigueur en Allemagne: les parents qui pratiquent l'école à la maison se font retirer la garde de leurs enfants.

2012: En Corée du Nord, Kim Jong-Un étend et renforce l'école obligatoire.

Sachant cela, je me pose quelques questions quant aux motivations des états qui souhaitent aujourd'hui rendre l'école obligatoire!

Ce que les pédagogies alternatives ont à offrir à la France

Ce qui fait la richesse d'un peuple, c'est sa diversité.
Nous sommes ce que notre éducation a fait de nous. Elle bâtit notre culture, notre manière de raisonner, et notre sens critique. L'école à la maison et les écoles hors contrat ont beaucoup à apporter, par leurs expériences et par leur différence.

Les enfants scolarisés dans les établissements sous-contrat étudient les mêmes programmes en même temps, dans des manuels validés par le ministère de l'éducation, et avec des professeurs qui sortent tous des mêmes facs et IUFM. Ils développent un système de pensée conforme à ce qu'on attend d'eux.

Mais pour progresser et avoir des idées nouvelles, nous avons besoin de gens hors du moule, de gens qui voient les choses sous un angle différent.

Les fondateurs de Google, Sergey Brin et Larry Page, sont de purs produits "Montessori", tout comme Anne Franck en son temps.

Et je pourrais faire un article entier rien que pour vous citer des noms de homeschoolers marquants: Albert Einstein, Charlie Chaplin, Beatrix Potter, Condoleezza Rice, Pierre Curie, Michael Faraday, George Washington, Agatha Christie, Jean d'Ormesson, Maud Fontenoy, Vincent Cassel, Soichiro Honda, Christopher Paolini (auteur d'Eragon), Louis Armstrong... ou encore Albert Schweitzer.

Le point commun entre toutes ces personnalités: un esprit novateur. Une conception des choses qui bouscule l'ordre pré-établi: un autre regard sur leur temps.
Pour sauver cette richesse, nous devrions au contraire encourager la création d'écoles hors contrat, comme le fait Anne Coffinier avec l'association Liberté scolaire, mais aussi soutenir les parents qui font le choix de l'instruction en famille.

Un état qui refuse que certains enfants évoluent en dehors de ses programmes éducatifs est un état qui se ferme aux idées nouvelles. 

C'est un état qui ne tolère plus la différence.