Certains enfants ont besoin d'un petit coup de pouce pour apprendre à se placer dans un groupe. Ayant un fils dans ce cas, je me suis penchée sur les différents jeux proposés aux Etats-Unis, pays précurseur en terme d'enseignement des compétences sociales.
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Norman Rockwell, Marble champion |
1- Développer les compétences sociales des tout-petits
En France on entend souvent dire qu'un jeune enfant a besoin de passer beaucoup de temps avec ses pairs pour se "socialiser". En réalité ce serait plutôt l'inverse:
plus un enfant de moins de cinq ans passe de temps avec ses pairs en collectivité, plus il risque de développer des troubles du comportement.
Les compétences sociales des tout petits dépendent en fait de trois facultés:
-le contrôle de soi
-l'empathie
-et la communication verbale.
Pour acquérir ces trois compétences, la priorité serait surtout de veiller à maintenir un cadre affectif sécurisant, de parler beaucoup avec l'enfant des sentiments (colère, tristesse, joie...), de jouer avec lui à faire semblant, de
lire énormément d'histoires et de contes, et de veiller à ce que ses fréquentations aient un comportement "positif".
Le jeu du nom
Beaucoup de tout petits ont besoin d'apprendre à capter l'attention
avant de parler. Le jeu est le suivant: asseoir les enfants en cercle, et donner un ballon à l'un d'entre eux. Lui demander d'appeler par son prénom un autre membre du cercle avant de faire rouler la balle dans sa direction. Et ainsi de suite.
Suivre le leader
Dans un grand espace placer les enfants en ligne derrière un "leader". Les joueurs doivent tenter de rester en ligne derrière le leader durant tout le parcours décidé par le chef de file. Le leader change à chaque tour.
"Jouer à faire semblant" avec des enfants plus âgés et des adultes
Avant 5ans c'est en jouant à faire semblant que les enfants se lient d'amitié. Lorsque les parents y jouent avec un tout petit, le jeu est plus complexe et dure plus longtemps (Fiese, 1990); ainsi l'enfant apprend à communiquer et à adopter des comportements adaptés, qui lui permettront d'obtenir les clefs pour jouer avec d'autres enfants de son âge.
La difficulté est de ne pas critiquer ses idées ou de tenter de tout orchestrer, il faut vraiment le laisser faire, se prendre soi même au jeu et s'amuser! (Et en plus, devenir une princesse prisonnière, un loup affamé de biquets ou un rebelle de la forêt de Sherwood c'est délicieusement régressif).
2- Développer les compétences sociales des plus grands
Le sport
Faire partie d'une équipe peut être un exercice formidable… à condition d'expliquer en amont à l'enfant les règles fondamentales du "bon sportif":
-être un bon gagnant: ne pas se moquer ou dénigrer les perdants.
-être un bon perdant: féliciter le gagnant, ne pas reprocher la défaite aux autres membres de l'équipe.
-faire preuve de respect envers l'entraîneur et envers les autres joueurs.
-encourager et proposer de l'aide aux joueurs en difficulté
-tenter de résoudre les conflits sans courir sans cesse chercher l'entraîneur (merci qui?).
Lire les expression faciales
La faculté de décoder ou non les expressions du visage a des conséquences importantes. Certains enfants ne l'acquièrent pas spontanément, or ceux là auront plus de difficultés d'apprentissage et plus de mal à s'intégrer dans un groupe (Goodfellow and Nowicki 2009).
Hop toys propose
des cartes d'expressions faciales toutes faites (mais on peut aussi se servir gratuitement de
planches d'exercices de talentueux dessinateurs de BD) avec lesquelles on peut varier les jeux:
-l'enfant doit trouver dans le paquet de cartes les visages qui correspondent à une situation donnée (par exemple "la personne vient d'apprendre qu'elle va faire un fabuleux voyage", "on s'est moqué d'elle", "son cornet de glace vient de tomber par terre"…)
-l'enfant pioche une carte au hasard et doit raconter l'histoire du personnage: ce qui lui est arrivé pour qu'il ait cette expression.
-placer le paquet de cartes au milieu: l'enfant prend une carte, la garde cachée contre lui et en imite l'expression. S'il parvient à faire deviner aux autres joueurs la bonne émotion il gagne la carte, et c'est au tour du joueur suivant.
-La narration: on tire une carte, et on raconte l'histoire du personnage; par exemple si l'enfant tire une carte de visage paniqué, il peut raconter que le personnage est sur une île déserte, affolé d'être seul. Après un temps donné (1 ou 2 minutes) le joueur suivant tire à son tour une carte et enchaîne sur l'histoire du joueur précédent, en essayant de faire en sorte que la suite soit cohérente. Donc si ce second joueur a tiré un visage heureux, il faudra imaginer pourquoi le pauvre Robinson imaginé par le joueur précédent est devenu soudainement heureux (a t'il trouvé un ami? du secours? de la nourriture?…). Et ainsi de suite.
Apprendre à faire des consensus
Jeu à télécharger ici.
L'idée est de préparer un anniversaire imaginaire (ou pas, là c'est vous qui voyez!). Les joueurs vont devoir se mettre d'accord sur un programme qui contentera un maximum de monde. Il faut préparer autant de jeux de cartes identiques que de joueurs. Chaque jeu comprend:
-des cartes "repas", avec sur chacune une possibilité de plat de résistance (gratin/pizza/nouilles/poulet basquaise/choucroute/steak-frites/…)
-des cartes "activités" (visite de musée/parc aquatique/balade à la plage/escalade/course de vélo…)
-et des cartes "gâteau d'anniversaire" (fondant au chocolat/tour de macarons/cake au citron/gâteau au yaourt/pièce montée…)
L'idée est d'amener les enfants à se concerter pour établir un programme de la journée qui leur convienne à tous. Sur quoi peuvent-ils faire des compromis? Sur quoi sont-ils prêts à négocier?…
Les jeux coopératifs
Pour gagner en équipe ou mener un projet à plusieurs, on est obligé de communiquer. Cela peut prendre l'apparence de jeux de société, d'un projet de construction à plusieurs, d'un potager élaboré en équipe, ou de sports tels que le volleyball (dans lequel la réussite dépend de la manière dont on s'adapte aux actions des autres joueurs).
Faire rire la statue
C'est un grand classique très précieux pour apprendre le self-control. L'enfant s'immobilise à la manière d'une statue. Un autre joueur doit le faire rire sans le toucher.
S'entraîner aux scénarios sociaux
Dans la vie il y a des situations pour lesquelles le scénario est écrit par convention sociale.
C'est le cas lorsque l'on entre dans un magasin, que l'on rencontre une nouvelle personne, lorsque l'on partage un repas, que l'on est invité, que l'on assiste à un mariage ou à des funérailles...
Déroger à ces conventions sociales peut choquer, être pris pour du mépris ou pour un manque d'éducation.
Or il est possible de de les travailler en jouant à des jeux de rôle: du théâtre de la vie quotidienne (je suis la boulangère, toi le client/ je suis ton ami et mon chien vient de mourir/ je suis ton invité/on fait semblant de ne pas se connaître/...)
En somme: amusez-vous!
Lire aussi:
La pédagogie Charlotte Mason et les enfants Asperger
Travailler les compétences sociales: le jeu du consensus.