mardi 15 avril 2014

L'abcd de l'égalité dans notre école à la maison

Faire l'école à la maison me permet de regarder de -très- loin la mise en place des "ABCD de l'égalité" dans les écoles.

J'ai pris le temps de lire le site officiel, et d'y regarder les différentes vidéos.
Une phrase revient souvent: "il faut accentuer la mixité pour calmer les garçons".
J'y ai vu de la GRS et de la danse pour tous, un interminable débat sur les dentelles d'un tableau de Renoir, des paragraphes au sujet de chorégraphies dans lesquelles il faut pousser les filles à faire le loup et les garçons le petit chaperon rouge…

Il faudrait "casser" le schéma des garçons au centre de la cour avec un ballon et des filles en plein bavardages sur les bords. Il serait du devoir de l'enseignant de mélanger les enfants, de les pousser à opter pour les mêmes jeux afin de développer les mêmes compétences…

Il est intéressant de constater qu'on entend très peu d'hommes défendre ces idées: sur le site officiel des ABCD, que ce soit sur la page d'accueil ou sur la page des outils de formation… il n'y a que des femmes. Dix-huit images… de femmes, et aucun homme représenté sur l'intégralité du site. Un beau record pour un site destiné à promouvoir l'égalité des sexes.

L'idée, dans le fond, ne serait-elle pas de faire des garçons des filles comme les autres: sages, calmes et studieuses?

Pour quoi faire? 

J'ai des souvenirs abominables de cours d'EPS. De six à vingt ans, quatorze années de pratiques sportives imposées: handball, course d'orientation, foot, saut d'obstacles… Un cauchemar, auquel je dois reconnaître un profit: j'étais devenue experte dans l'art de simuler d'affreuses migraines. 
Et pourtant j'étais sportive: j'aurais pu nager et danser des journées entières. 
Forcer garçons et filles, sous prétexte d'égalité, à pratiquer des disciplines qu'ils n'aiment pas ne sert absolument à rien d'autre qu'à les dégoûter du sport et de l'école.

Les jeunes aujourd'hui sont libres. 
Personne ne m'a empêchée il y a plus de dix ans de vouloir être militaire. J'ai connu la vie entourée d'hommes, et je n'y ai jamais été discriminée, insultée ou découragée, bien au contraire.  
J'ai essuyé beaucoup plus de mépris et de bâtons dans les roues quand j'ai décidé de devenir mère au foyer. 

Il faut arrêter de croire qu'en 2014 on se bride: garçons et filles, aujourd'hui, font ce qu'ils veulent. 
Mais il faut aussi accepter que la plupart du temps ils n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes envies, et leur faire confiance. 


Des garçons hyperactifs? 

Nous connaissons tous des petits garçons "étiquetés": hyperactifs, dys-,…
J'ai deux garçons, je suis bien placée pour savoir qu'ils ont une énergie tout simplement colossale. Je ne compte pas les fois où l'on m'a demandée si l'un d'entre eux ne serait pas hyperactif. J'ai réussi à le mettre à l'écriture le jour où j'ai compris qu'il avait besoin de commencer ses journées par courir, sauter et faire du vélo. Après il écoute tout ce que j'ai à lui dire… seulement après. 

Honnêtement j'ignore comment la plupart tiennent assis enfermés dans une classe tant d'heures par jour. 

Mes deux grands font six heures de cours de sport par semaine, sans compter tout le temps passé à faire du vélo et à courir dehors. Leur donner des cours de danse ne me viendrait pas à l'idée; non pas parce que c'est "un truc de fille" (Sérieusement, qui dirait encore une chose pareille aujourd'hui?), mais parce que ça les ennuierait à mourir, et que j'ai le genre de garçons qui se sent bien et qui écoute après avoir ramé deux heures.

Apprendre ses tables de multiplications ou ses conjugaisons en jouant au basket, ça c'est fun!

samedi 5 avril 2014

Travailler les compétences sociales: le jeu du consensus à télécharger

Réalisé pour mes enfants, je le mets ici en téléchargement: le jeu du consensus, que j'avais évoqué ici.

L'idée est de préparer un anniversaire imaginaire (ou pas, là c'est vous qui voyez!). Les joueurs vont devoir se mettre d'accord sur un programme qui contentera un maximum de monde. Il faut préparer autant de jeux de cartes identiques que de joueurs. Chaque jeu comprend:

-des cartes "repas", avec sur chacune une possibilité de plat de résistance (gratin/pizza/nouilles/poulet basquaise/choucroute/steak-frites/…)
-des cartes "activités" (visite de musée/parc aquatique/balade à la plage/escalade/course de vélo…)
-et des cartes "gâteau d'anniversaire" (fondant au chocolat/tour de macarons/cake au citron/gâteau au yaourt/pièce montée…)

L'idée est d'amener les enfants à se concerter pour établir un programme de la journée qui leur convienne à tous. Sur quoi peuvent-ils faire des compromis? Sur quoi sont-ils prêts à négocier?…

Le jeu leur a beaucoup plu, et l'activité a dépassé mes espérances: chacun a argumenté, défendu son choix en essayant de convaincre les autres plus ou moins subtilement. A ma grande surprise, aux parties suivantes ils ont choisi d'autres cartes, et de nouvelles tractations ont eu lieu!

PS: J'ai placé au dos de chaque jeu une gommette de couleur, pour pouvoir les reconstituer plus rapidement.




mardi 1 avril 2014

Idées d'activités pour développer les compétences sociales

Certains enfants ont besoin d'un petit coup de pouce pour apprendre à se placer dans un groupe. Ayant un fils dans ce cas, je me suis penchée sur les différents jeux proposés aux Etats-Unis, pays précurseur en terme d'enseignement des compétences sociales.

Norman Rockwell, Marble champion

1- Développer les compétences sociales des tout-petits

En France on entend souvent dire qu'un jeune enfant a besoin de passer beaucoup de temps avec ses pairs pour se "socialiser". En réalité ce serait plutôt l'inverse: plus un enfant de moins de cinq ans passe de temps avec ses pairs en collectivité, plus il risque de développer des troubles du comportement.

Les compétences sociales des tout petits dépendent en fait de trois facultés:
-le contrôle de soi
-l'empathie
-et la communication verbale.

Pour acquérir ces trois compétences, la priorité serait surtout de veiller à maintenir un cadre affectif sécurisant, de parler beaucoup avec l'enfant des sentiments (colère, tristesse, joie...), de jouer avec lui à faire semblant, de lire énormément d'histoires et de contes, et de veiller à ce que ses fréquentations aient un comportement "positif".

Le jeu du nom

Beaucoup de tout petits ont besoin d'apprendre à capter l'attention avant de parler. Le jeu est le suivant: asseoir les enfants en cercle, et donner un ballon à l'un d'entre eux. Lui demander d'appeler par son prénom un autre membre du cercle avant de faire rouler la balle dans sa direction. Et ainsi de suite.

Suivre le leader

Dans un grand espace placer les enfants en ligne derrière un "leader". Les joueurs doivent tenter de rester en ligne derrière le leader durant tout le parcours décidé par le chef de file. Le leader change à chaque tour.

"Jouer à faire semblant" avec des enfants plus âgés et des adultes

Avant 5ans c'est en jouant à faire semblant que les enfants se lient d'amitié. Lorsque les parents y jouent avec un tout petit, le jeu est plus complexe et dure plus longtemps (Fiese, 1990); ainsi l'enfant apprend à communiquer et à adopter des comportements adaptés, qui lui permettront d'obtenir les clefs pour jouer avec d'autres enfants de son âge.
La difficulté est de ne pas critiquer ses idées ou de tenter de tout orchestrer, il faut vraiment le laisser faire, se prendre soi même au jeu et s'amuser! (Et en plus, devenir une princesse prisonnière, un loup affamé de biquets ou un rebelle de la forêt de Sherwood c'est délicieusement régressif).


2- Développer les compétences sociales des plus grands


Le sport

Faire partie d'une équipe peut être un exercice formidable… à condition d'expliquer en amont à l'enfant les règles fondamentales du "bon sportif":
-être un bon gagnant: ne pas se moquer ou dénigrer les perdants.
-être un bon perdant: féliciter le gagnant, ne pas reprocher la défaite aux autres membres de l'équipe.
-faire preuve de respect envers l'entraîneur et envers les autres joueurs.
-encourager et proposer de l'aide aux joueurs en difficulté
-tenter de résoudre les conflits sans courir sans cesse chercher l'entraîneur (merci qui?).

Lire les expression faciales

La faculté de décoder ou non les expressions du visage a des conséquences importantes. Certains enfants ne l'acquièrent pas spontanément, or ceux là auront plus de difficultés d'apprentissage et plus de mal à s'intégrer dans un groupe (Goodfellow and Nowicki 2009).
Hop toys propose des cartes d'expressions faciales toutes faites (mais on peut aussi se servir gratuitement de planches d'exercices de talentueux dessinateurs de BD) avec lesquelles on peut varier les jeux:

-l'enfant doit trouver dans le paquet de cartes les visages qui correspondent à une situation donnée (par exemple "la personne vient d'apprendre qu'elle va faire un fabuleux voyage", "on s'est moqué d'elle", "son cornet de glace vient de tomber par terre"…)

-l'enfant pioche une carte au hasard et doit raconter l'histoire du personnage: ce qui lui est arrivé pour qu'il ait cette expression.

-placer le paquet de cartes au milieu: l'enfant prend une carte, la garde cachée contre lui et en imite l'expression. S'il parvient à faire deviner aux autres joueurs la bonne émotion il gagne la carte, et c'est au tour du joueur suivant.

-La narration: on tire une carte, et on raconte l'histoire du personnage; par exemple si l'enfant tire une carte de visage paniqué, il peut raconter que le personnage est sur une île déserte, affolé d'être seul. Après un temps donné (1 ou 2 minutes) le joueur suivant tire à son tour une carte et enchaîne sur l'histoire du joueur précédent, en essayant de faire en sorte que la suite soit cohérente. Donc si ce second joueur a tiré un visage heureux, il faudra imaginer pourquoi le pauvre Robinson imaginé par le joueur précédent est devenu soudainement heureux (a t'il trouvé un ami? du secours? de la nourriture?…). Et ainsi de suite.

Apprendre à faire des consensus

Jeu à télécharger ici. 
L'idée est de préparer un anniversaire imaginaire (ou pas, là c'est vous qui voyez!). Les joueurs vont devoir se mettre d'accord sur un programme qui contentera un maximum de monde. Il faut préparer autant de jeux de cartes identiques que de joueurs. Chaque jeu comprend:

-des cartes "repas", avec sur chacune une possibilité de plat de résistance (gratin/pizza/nouilles/poulet basquaise/choucroute/steak-frites/…)
-des cartes "activités" (visite de musée/parc aquatique/balade à la plage/escalade/course de vélo…)
-et des cartes "gâteau d'anniversaire" (fondant au chocolat/tour de macarons/cake au citron/gâteau au yaourt/pièce montée…)

L'idée est d'amener les enfants à se concerter pour établir un programme de la journée qui leur convienne à tous. Sur quoi peuvent-ils faire des compromis? Sur quoi sont-ils prêts à négocier?…

Les jeux coopératifs

Pour gagner en équipe ou mener un projet à plusieurs, on est obligé de communiquer. Cela peut prendre l'apparence de jeux de société, d'un projet de construction à plusieurs, d'un potager élaboré en équipe, ou de sports tels que le volleyball (dans lequel la réussite dépend de la manière dont on s'adapte aux actions des autres joueurs).

Faire rire la statue

C'est un grand classique très précieux pour apprendre le self-control. L'enfant s'immobilise à la manière d'une statue. Un autre joueur doit le faire rire sans le toucher.

S'entraîner aux scénarios sociaux

Dans la vie il y a des situations pour lesquelles le scénario est écrit par convention sociale.
C'est le cas lorsque l'on entre dans un magasin, que l'on rencontre une nouvelle personne, lorsque l'on partage un repas, que l'on est invité, que l'on assiste à un mariage ou à des funérailles...
Déroger à ces conventions sociales peut choquer, être pris pour du mépris ou pour un manque d'éducation.
Or il est possible de de les travailler en jouant à des jeux de rôle: du théâtre de la vie quotidienne (je suis la boulangère, toi le client/ je suis ton ami et mon chien vient de mourir/ je suis ton invité/on fait semblant de ne pas se connaître/...)


En somme: amusez-vous!

Lire aussi:
La pédagogie Charlotte Mason et les enfants Asperger
Travailler les compétences sociales: le jeu du consensus.