dimanche 21 décembre 2014

La balance de Roberval


Toujours inspirée par Charlotte Mason et par sa liste de matériel indispensable, j'ai décidé de ranger l'ancienne balance de cuisine à piles (toujours vides) et d'acquérir à la place une vieille balance de Roberval trouvée sur ebay.

Désormais, en cuisine, peser est le travail des enfants.

Les toutes petites ont très vite compris le principe d'équivalence des poids: elles ajustent, plus ou moins, jusqu'à trouver le point d'équilibre. Les premiers jours c'était la foire d'empoigne, tous les objets de la pièce y sont passés, des verres aux soucoupes en passant par les paquets de biscuits... nous connaissons le poids de tout! Mais nous sommes désormais tous habitués à la bête, qui fait autant partie de notre quotidien que l'horloge à cadran. 

Les petits en restent pour le moment à trouver le point d'équilibre, ce qui n'est pas rien puisqu'il faut bien réfléchir à quels poids enlever ou ajouter.

Seul le grand de 7ans
- additionne ("deux poids de 200g et un poids de 10g ça fait... 410g"),
- convertit ("il nous faut 1/2 kilo... ok, donc 500g"; "40dag? ça fait 400g, donc deux poids de 200g!")
- et soustrait (moins le poids du bol, ça fait donc...)

Le travail de manipulation avec les poids apporte beaucoup au quotidien: c'est plus long, plus compliqué, mais la gymnastique mentale qu'il impose est autrement plus intéressante. La balance de Roberval fait travailler toutes les notions suivantes:

poids
égalité
plus et moins
additions
soustractions
conversions

Et tout ça l'air de rien, juste en demandant aux enfants un peu d'aide en cuisine chaque jour... 

samedi 20 décembre 2014

Vidéo, comment apprendre à compter avec un boulier


Plusieurs personnes m'ont demandé un article pour expliquer notre utilisation du boulier.

Cet outil fait partie de notre quotidien pour plusieurs raisons:
-un boulier va jusqu'à 100, quand les doigts ne permettent de compter que jusqu'à 10
-c'est un matériel simple, très peu onéreux
-avec le boulier la notion de dizaines et d'unités devient évidente (1barre=1dizaine & 1bille=1unité)
-le boulier est un assistant formidable pour le travail oral comme écrit.

Une première vidéo détaille la méthode ici.

Quelques exemples d'utilisation:


1- Apprendre à compter
L'enfant passe une bille à chaque fois qu'il prononce un chiffre de la comptine numérique

2- Reproduire un motif
Pour pouvoir reproduire le motif de la carte l'enfant doit compter les billes pour qu'elles correspondent. Les cartes sont à télécharger gratuitement sur le site de Melissa&Doug.

3- Additionner
2 billes + 4 billes font 6 billes

4- Compter de 2 en 2, de 4 en 4, de 10 en 10...
en laissant l'enfant passer à chaque fois le même nombre de billes.

5- Soustraire
15 billes - 12 billes = 3 billes

6- Aborder la multiplication
Combien font 4 fois 4 billes?

7- Aborder la division
Combien y a t'il de paquets de 3 billes dans 9 billes?

Place à la vidéo, avec un petit homeschooler de 6 ans, qui a commencé les maths il y a quatre mois (sans avoir été à la maternelle auparavant, et en ayant fait très peu de formel avant 6 ans). Nous allons volontairement TOUT DOUCEMENT. Nous avons passé plus de deux mois uniquement sur le 0 à 10 (additions et soustractions) puis nous avançons très progressivement: deux mois pour les nombres de 10 à 20, puis un mois par dizaine environ. Vers 7 ans il devrait en être à mille environ et avoir délaissé le boulier.




Les enfants délaissent naturellement le boulier quand ils sont assez à l'aise pour s'en passer, en fin de cp. Nous n'abordons donc pas les retenues sur le boulier: c'est juste un assistant temporaire, pour remplacer les doigts et se familiariser avec les nombres et les quantités.

Mon aîné s'est ensuite mis au soroban pour s'amuser, je ferai si cela vous intéresse une vidéo sur l'utilisation de ce boulier bien particulier (et plus efficace que les calculatrices modernes).



lundi 15 décembre 2014

Matériel pédagogique: faut-il vraiment tout avoir?

Je reçois de plus en plus de messages me demandant quel matériel indispensable acheter, comment boucler les fins de mois malgré les frais liés à l'équipement d'une école à la maison, ou encore où dénicher les meilleurs jeux éducatifs...

Le business du matériel pédagogique est florissant, mais a-t'on vraiment besoin de tous ces jeux, de toutes ces étagères de matériel spécifique?


Retour à la simplicité

J'ai trop de matériel, beaucoup trop. Petit à petit je fais le vide, parce que je m'aperçois que la fièvre acheteuse ne rend personne plus heureux, ni plus efficace. Je prends beaucoup de recul, grâce à la pédagogie Charlotte Mason, sur ce qui est indispensable au quotidien.

A l'école comme à l'école à la maison, la réussite ne dépend pas de l'argent que nous dépensons, mais du temps que nous consacrons à chaque enfant.

Que vous dépensiez 50 ou 600€ par an pour l'école à la maison, statistiquement les résultats seront les mêmes (c'est à dire bien supérieurs à ceux des enfants scolarisés).  Un tableau interactif, un ipad ou encore une étagère pleine de matériel en bois flambant neuf n'ont strictement aucune plus-value: c'est le temps qui compte, le temps de présence et d'écoute.

Pour les mathématiques l'enfant a besoin de manipuler, mais il n'a pas besoin de matériel spécifique, les objets du quotidien sont largement suffisants ("peux-tu me dire combien nous serons pour déjeuner, et mettre une assiette pour chacun sur la table s'il te plaît?... ah, finalement nous serons deux de moins, peux-tu enlever les assiettes en trop?"). Jouer à trouver un escargot, deux feuilles mortes, trois fleurs, quatre cailloux et cinq morceaux de bois. S'entraîner chaque jour à passer des dizaines et des unités sur le boulier. Faire des fractions avec des clémentines et des noix. Mesurer le camphrier au fond du jardin grâce au théorème de Thalès....

Les matières littéraires n'ont besoin que de livres, de bons livres vivants, en grande quantité.
Les arts se vivent en dessinant et en allant au musée...
Le langage s'enrichit en chantant des comptines et en lisant tous les jours.
La vie pratique s'apprend dans la vie quotidienne: un cadre d'habillage ne vaut pas de vrais souliers et un vrai manteau.
La science réclame des living books mais surtout un extérieur: un puzzle de feuille en bois n'égalera jamais une vraie feuille; un fichier à imprimer sur les étoiles n'arrivera jamais à la cheville d'une virée à l'observatoire et d'une nuit derrière un télescope...

Quels indispensables? 


-des living books en grande quantité,

-du bon papier,

-des crayons,

-un stylo plume,

-le matériel de base (balance de Roberval, microscope, loupe, jumelles, règle, équerre, rapporteur et compas, mallette de bricolage, boulier, globe, boîte d'aquarelles, matériaux simples pour bricoler... ),

-de bonnes habitudes (une routine quotidienne bien installée)

-et surtout, de l'espace naturel! Des balades régulières en forêt, un champ pour courir, un petit bout de jardin si vous avez la chance d'en avoir un, des heures au parc municipal...

lundi 1 décembre 2014

Les 10 raisons pour lesquelles j'ai choisi la pédagogie Charlotte Mason

1. L'importance du temps passé dehors

Quand vous demandez à un enfant ce qu'il préfère à l'école, vous avez de fortes chances pour qu'il vous réponde "la récréation". Et encore, ce qu'il appelle "récréation" est un espace grillagé et bitumé, dont la densité de population dépasse celle d'un centre commercial le premier jour des soldes.
Mais mettez un enfant dans un champ: il est capable d'y passer des heures sans jamais s'ennuyer. La nature apaise les enfants, tout en les stimulant: il s'y trouve toujours quelque chose de passionnant à découvrir ou à fabriquer, avec trois fois rien!

2. Trop peur pour me lancer dans du unschooling

J'ai beaucoup aimé le film de Clara Bellar, les livres de John Holt ou encore le témoignage d'André Stern. Je suis convaincue qu'en effet, l' enfant naît curieux d'apprendre, et qu'il grandit de façon beaucoup plus équilibrée s'il a la liberté de suivre ses centres d'intérêt. Mais je ne suis pas non plus prête à renoncer à un certain cadre...

3. Trop peur pour instaurer une éducation classique

Si nous avons fait le choix de ne pas scolariser nos enfants, ce n'est surtout pas pour reproduire une école à la maison! Nous avons gagné une liberté inouïe, il serait dommage de ne pas en profiter! Charlotte Mason représente le parfait compromis pour nous: quelques leçons formelles et beaucoup de liberté, pour une vraie éducation sur-mesure.

4. C'est une méthode économique

Avec Charlotte Mason, aucun matériel pédagogique spécifique. 
La manipulation mathématique se fait avec les objets du quotidien (fruits, crayons, cailloux...). Le seul investissement porte sur les living books, à acheter en grande quantité (une carte de bibliothèque est une excellente alternative), et sur le matériel "basique" indispensable (microscope, loupe, balance de Roberval, compas, ... ). L'enfant apprend à fractionner avec des clémentines et des gâteaux, à lacer ses chaussures directement sur ses souliers... Nous sommes loin du consumérisme à tout prix! 
Je trouve que cela apprend aux enfants à se débrouiller avec ce qu'ils ont sous la main, tout en leur montrant qu'il est très simple d'apprendre: des livres, du temps, de la concentration... rien de plus! 

5. Rien de formel avant 6 ans

Charlotte Mason estime qu'il y a un temps pour chaque chose, et qu'avant six ans l'enfant n'a pas besoin de faire de travail formel. Au contraire: asseoir l'enfant trop tôt devant un bureau le détourne de son principal objectif: découvrir, écouter de belles histoires, expérimenter... 

6. Les livres

J'aime les beaux livres, passionnément. 
En les plaçant au centre des apprentissages, la pédagogie Charlotte Mason ne pouvait que me convaincre. L'enfant apprend directement au contact des grands auteurs: peut-on vraiment rêver d'un meilleur professeur?

7. Le bain culturel

J'ignore qui apprend le plus: eux ou moi! L'importance des contes de fées, de la mythologie, de la Bible, de la littérature ou encore des musées et concerts est absolument géniale! Tout cela est très facile à mettre en place à la maison, avec des enfants d'âges différents: pour les bébés comme pour les personnes âgées, à chaque journée son lot de belles découvertes en famille... 

8. La liberté

Cette méthode, tout compte fait, est plus une philosophie éducative qu'un réel mode d'emploi.
Charlotte estime que chaque parent a l'intelligence d'adapter l'enseignement à son enfant. Cette liberté permet par exemple d'opter pour un cours par correspondance et de l'adapter.

9. La créativité

Charlotte insiste énormément sur la créativité.
Les arts ne sont pas "dirigés": l'enfant est laissé libre de peindre et de dessiner les objets de son choix, avec pour seule consigne de tenter de les reproduire. L'étude de l'histoire de l'art et la fréquentation des musées enrichissent le travail créatif de l'enfant, mais l'adulte n'intervient pas directement (ni consignes, ni coloriages, ni corrections: l'enfant est laissé libre de s'exprimer sur sa feuille blanche).

10. La narration

La narration est l'exercice le plus important.
Ce travail, quotidien, permet plusieurs choses que j'apprécie particulièrement:

-vérifier les acquis de l'enfant
-l'encourager à verbaliser ses découvertes (les connaissances s'approprient grâce au langage)
-travailler l'oralité (c'est formidable pour les enfants qui ont des troubles de l'élocution par exemple; tous gagnent énormément en s'exerçant à s'exprimer oralement)
-remplacer la quasi totalité des tests et autres quizz: avec la narration l'enfant n'est pas "guidé" par des questions. Il est seul, face à vous, pour vous raconter ce qu'il sait sur un sujet donné. Le gain de temps est considérable: l'enfant retient mieux, beaucoup plus rapidement.
-oblige l'enfant à se concentrer dès la première lecture. Puisqu'il sait qu'il devra raconter ensuite, il fait l'effort de retenir noms, vocabulaire, lieux, chronologie, détails...
-apprend à l'enfant à prendre des notes. En grandissant, l'enfant apprend peu à peu à consigner sur un carnet quelques mots clefs qui lui permettront ensuite de construire sa narration.