A moins d'être très chanceux, peu d'entre nous côtoient beaucoup d'autres familles non-scolarisantes. L'éclatement géographique et le fait que nous sommes encore peu nombreux en France n'aide pas forcément à passer du temps entre "non-sco". Pourtant lorsque nous déscolarisons nos enfants nous rencontrons fatalement divers problèmes que seuls des parents ayant vécu la même situation peuvent comprendre.
Alors pour discuter, échanger, se réjouir ou même lâcher du lest, de nombreux groupes de discussion ont vu le jour ces dernières années sur Facebook. Voici la sélection des petits Homeschoolers:
Un groupe généraliste, avec plein d'infos et notamment un annuaire de tous les groupes régionaux:
Homeschooling, instruction en famille, école à la maison, le groupe!
Pour les familles qui font du formel:
IEF, échanges et partages sur le formel
Pour parler de unschooling:
Unschooling en France
Pour papoter autour de la pédagogie Charlotte Mason:
La pédagogie Charlotte Mason pour les francophones
Pour se plaindre, se réjouir, et décompresser les mauvais jours:
Bulle IEF
Et pour se retrouver un peu entre chrétiens non-sco, ça se passe du côté des
Chrétiens pour l'IEF!
Bon papotage à tous!
samedi 29 octobre 2016
jeudi 27 octobre 2016
Homeschooling: réinventer les études
Et je dois reconnaître que ce qu'elle a fait à Gennevilliers est absolument admirable. Pour des enfants issus d'un milieu défavorisé, qui à 3/4 ans traînaient déjà leurs propres casseroles, Montessori était clairement le meilleur choix possible. J'ai beau ne pas être pour les apprentissages trop précoces, et estimer que l'école maternelle "gnan-gnan" fait souvent plus de mal que de bien... pour ces enfants là on n'aurait pu rêver mieux. Elle a su les cadrer, développer leur vocabulaire et leur apprendre à lire (ce qui a son importance quand personne à la maison ne fait la lecture aux enfants).
Bien sûr tout n'était pas parfait. Elle reconnaît d'ailleurs bien volontiers qu'il aurait fallu faire sortir beaucoup plus souvent les enfants dehors dans la nature, ce qui lui était techniquement inaccessible. Mais elle a su prouver qu'avec de bonnes méthodes et de la bienveillance on peut faire des merveilles... même en zone d'éducation prioritaire. Il fallait le faire!
Alors admirative comme je l'étais j'ai longtemps cherché quelque chose qui soit transposable chez nous, dans notre petite instruction en famille.
Et... je n'en ai pas trouvé une seule.
Absolument tout est pensé pour un groupe d'enfants, pour un fonctionnement scolaire. A aucun moment je ne me suis vue récupérer quelque chose pour chez nous.
-Transvaser de l'eau? Il suffit de les laisser se servir à boire quand ils ont soif.
-Jouer avec des clochettes? Le piano c'est autrement plus riche.
-Apprendre à faire ses lacets et à boutonner sur un cadre? Il se trouve justement qu'ils portent sur eux des souliers et des vêtements pourvus de fermetures en tout genre...
-Nettoyer les feuilles des plantes vertes? C'est un bon substitut de nature dans une classe, mais à la maison un bac pour faire pousser des légumes c'est quand même plus complet.
-Plier du tissu? Ils le font déjà tous les jours en pliant leurs vêtements.
-Scotcher des dizaines d'étiquettes partout pour prouver qu'on a compris ce qu'on vient de lire? Génial pour dégager du temps pour l'enseignant mais la vérification de la compréhension se fait déjà naturellement quand on apprend à lire sur les genoux de ses parents.
-...
Bref: les nombreuses activités proposées sont très marrantes et efficaces dans une classe, et j'imagine qu'elles sont fabuleuses pour combler un déficit de vie familiale normale... mais sont-elles vraiment utiles ou même cohérentes à la maison avec des parents impliqués, instruits et francophones?
Absolument tout est pensé pour un groupe d'enfants, pour un fonctionnement scolaire. A aucun moment je ne me suis vue récupérer quelque chose pour chez nous.
-Transvaser de l'eau? Il suffit de les laisser se servir à boire quand ils ont soif.
-Jouer avec des clochettes? Le piano c'est autrement plus riche.
-Apprendre à faire ses lacets et à boutonner sur un cadre? Il se trouve justement qu'ils portent sur eux des souliers et des vêtements pourvus de fermetures en tout genre...
-Nettoyer les feuilles des plantes vertes? C'est un bon substitut de nature dans une classe, mais à la maison un bac pour faire pousser des légumes c'est quand même plus complet.
-Plier du tissu? Ils le font déjà tous les jours en pliant leurs vêtements.
-Scotcher des dizaines d'étiquettes partout pour prouver qu'on a compris ce qu'on vient de lire? Génial pour dégager du temps pour l'enseignant mais la vérification de la compréhension se fait déjà naturellement quand on apprend à lire sur les genoux de ses parents.
-...
Bref: les nombreuses activités proposées sont très marrantes et efficaces dans une classe, et j'imagine qu'elles sont fabuleuses pour combler un déficit de vie familiale normale... mais sont-elles vraiment utiles ou même cohérentes à la maison avec des parents impliqués, instruits et francophones?
A contrario je n'ai absolument rien trouvé dans le livre sur l'éveil culturel des enfants. Rien sur les lectures si ce n'est quelques albums ludiques, rien sur d'éventuelles sorties à la ferme, autour d'un monument, à la piscine ou au musée, rien non plus sur le sport ou sur le temps passé à l'extérieur... autant d'aspect fondamentaux en école à la maison.
Au final j'ai été rassurée quand elle a abordé la question de l'application de ses principes à l'école à la maison. Pour l'avoir vue mise en pratique dans des familles elle est on ne peut plus claire: elle n'est pas contre le homeschooling mais la pédagogie Montessori est conçue POUR une salle de classe. Elle ne prend que grâce à une dynamique de groupe, grâce aux interactions permanentes de nombreux enfants d'âges différents. Piocher dans le matériel, pourquoi pas! Les lettres rugueuses par exemple sont intéressantes (même si elles ne sont pas vraiment "Montessori"). Mais faire du Montessori pur à la maison, c'est exactement comme jouer tous les jours au basket tout seul, sans équipe: il manque l'essentiel! On ne peut tout simplement pas faire fonctionner de la même manière une école et une fratrie.
Alors à la maison... on fait quoi?
Les américains distinguent généralement cinq styles de homeschooling. Cinq grandes tendances qui ont fait leurs preuves en instruction en famille. J'ai mes préférences, comme tout le monde, mais j'estime que toutes ces méthodes ont leur rôle à jouer selon les affinités, l'âge, l'enfant ou même le contexte:-Unschooling (à ne pas confondre avec "informel"). Aucun programme d'étude n'est défini à l'avance, l'adulte ne fixe aucun objectif de connaissances à acquérir à telle date. L'enfant choisit ce qu'il étudie selon ses centres d'intérêt du moment. Cela peut se faire en informel uniquement (en comptant sur le bain culturel) ou -si l'enfant en fait la demande- de manière plus rigoureuse (avec livres et cahiers). Pour en savoir plus: lire John Holt, André Stern, Ivan Illich !
-Classique. Ce sont les vieilles méthodes d'antan, celles qui ont fait leurs preuves. Lecture syllabique, calcul au boulier, analyse grammaticale et logique, dictées, étude des grands auteurs, Histoire de France dès les petites classes...
Pour en savoir plus: direction les cours par correspondance Sainte Anne, Hattemer, Cefop, Sacré-coeur, Kerlann (attention, cours ponctué de très nombreuses coquilles)... Ou encore la caverne d'Ali-Baba "manuels anciens".
-Traditionnel: ou l'école contemporaine transposée à la maison. L'enfant suit la progression de ses manuels scolaires Hatier/Belin/Nathan/... et valide, compétence après compétence, les programmes de l'éducation nationale. Le fonctionnement est basé sur des interros/QCM/polycopiés. La lecture est apprise avec la méthode mixte.
Pour en savoir plus: c'est sur le site du ministère de l'éducation que ça se passe. Côté cours par correspondance le CNED ou encore Pi sont tout indiqués.
-Charlotte Mason, ma préférée! Plus qu'un programme, c'est une philosophie qui permet de se donner une certaine ligne de conduite et de choisir les bons supports. Ici les living books remplacent les manuels et la narration quotidienne remplace toutes les autres formes d'évaluation. Le programme d'étude est dense, articulé autour d'une routine fixe. Le temps passé en extérieur à découvrir la nature et à faire du sport est considérable. Le soucis de plonger l'enfant dans un véritable bain culturel est constant. Par exemple aucune dictée, aucun exemple ne sont jamais inventés pour coller aux difficultés étudiées: tout est pioché dans la grande littérature.
Pour en savoir plus: La pédagogie Charlotte Mason tome 1 et tome 2, mais aussi les innombrables ressources sur les blogs anglophones.
-Unit Study. L'adulte choisit un thème qui va servir de base à tout le reste. Imaginons que le thème est la pomme. En maths l'enfant va compter des pommes. En français il apprendra les sons des mots pomme/verte/rouge/verger/chenille/tarte..., en lecture il lira Un petit trou dans une pomme, en poésie il apprendra Petite Pomme... En sciences il verra comment elle pousse et en dessin il en dessinera de toutes les couleurs. L'année se déroule ainsi, autour d'une succession de thèmes. L'unit study (qui est très en vogue, si ce n'est incontournable, dans les écoles maternelles françaises) convient souvent bien aux créatifs puisqu'il est propice à la multiplication d'ateliers, d'expériences et d'activités manuelles en tout genre.
Pour en savoir plus: Pinterest! Et tous les blogs d'enseignants de maternelle en général.
Et vous? Comment faites vous fonctionner votre homeschooling?
dimanche 23 octobre 2016
Un film sur le homeschooling: Captain fantastic!
Une famille nombreuse élevant ses six enfants au fond d'une forêt reculée, avec pour tout matériel une grande bibliothèque et de beaux idéaux... nous ne pouvions pas passer à côté de Captain Fantastic!
Le film a rencontré un succès considérable aux USA, mais en France il semble relégué à quelques salles d'art et d'essai. La note des spectateurs est unanime: c'est un vrai bijou. Mais médias et critiques ne sont pas franchement du même avis (comme cet article "tous à l'école publique!"; france 24 ou encore critikat n'ont pas franchement apprécié non plus): Captain Fantastic dérange.
Nous l'avons vu avec les enfants, parce que nous avons pensé que le sujet les intéressait autant que nous. Ils ont adoré mais je préfère prévenir: les dialogues sont parfois... fleuris, et certains sujets sensibles sont abordés (à commencer par le suicide de la mère)...
Attention, la suite risque de vous dévoiler l'histoire!
Une vie de Robinsons
La première partie du film est un pur régal: les enfants sont attachants, ils mènent une vie simple et passionnante. Leur quotidien est fait de parties de chasse, de toilette dans la rivière, de course à pied dans les bois, d'escalade sur des parois rocheuses, de cours de self defense, de musique autour du feu... et surtout de centaines de livres inspirants et intellectuellement stimulants (oui je n'ai pas vu l'ombre d'un album pour enfant). Ils ne fêtent pas Noël mais l'anniversaire de Noam Chomsky, sont polyglottes, étudient énormément, font des burpees tous les jours et confectionnent leurs propres vêtements.
Chaque enfant a un programme d'étude (le père est d'ailleurs surpris qu'une des filles lise un livre qui n'était pas dans son programme), dans lequel la narration tient une place centrale. Les enfants sont constamment encouragés non seulement à raconter ce qu'ils ont lu mais aussi à donner leur avis et à débattre entre eux. Rien n'est jamais "intéressant" (mot proscrit!) mais "déstabilisant", "dérangeant", "novateur"... En bref: pour un film sur des enfants non scolarisés vivant dans la forêt je m'attendais à voir du unschooling baba cool... mais non: valeurs communistes et anti-chrétiennes mises à part, c'est bien du "Charlotte Mason" version survivaliste!
Le choc des cultures
Un évènement tragique -la mort de la mère- oblige toute la joyeuse troupe à rejoindre la civilisation pour assister à l'enterrement. J'ai beaucoup aimé voir la société de consommation à travers les yeux des enfants: choqués par l'obésité et par la surabondance de tout sauf de l'essentiel. Ils sont politiquement incorrects juste en s'assumant: vêtements bariolés, idées atypiques...
Le père, patiemment, défend son choix de vie ou esquive quand on l'accuse de maltraitance parce que ses enfants (qui ne passent pas leurs journées entre un pupitre et une console de jeux vidéo) ont des bleus et des égratignures... Je crois qu'on s'est tous un peu reconnus n'est ce pas dans le "oh non c'est parti" lorsque le policier demande "ils ne sont pas à l'école?"! Ou encore lorsque le grand père accuse le père de marginaliser les enfants, de les rendre inadaptés au monde réel. J'ai vraiment retrouvé dans le film cette difficulté qu'ont je pense tous les homeschoolers à s'assumer en permanence dans leurs choix de vie aussi atypiques soient-ils, ainsi que la lassitude d'avoir sans cesse à se justifier de faire "autrement".
J'ai beaucoup aimé la relation de confiance entre le père et les enfants. Ils parlent de tout librement: de politique et d'alimentation comme de sexe ou de suicide. Aucun sujet n'est tabou: tout est abordé sans condescendance, avec des mots justes et précis.
La famille "standard", incarnée par l'oncle, la tante, et leurs deux affreux rejetons, offre un pendant saisissant: biberonnés aux jeux-vidéo, ne fonctionnant qu'au chantage (si tu vas jouer avec tes cousins tu pourrais faire de la X-box après"), sous-éduqués, hilares lorsque le petit cousin sorti des bois prend la marque Nike pour la déesse grecque de la victoire... Ils sont certes parfaitement adaptés à la société de consommation, mais sont-ils heureux ou même intéressants? Ont-ils ne serait-ce qu'une once de personnalité?
Le difficile équilibre
On sent, tout au long du film, que les personnages s'interrogent sur le bien fondé de leurs choix de vie. Contrairement aux personnages "standard" ils se remettent continuellement en question. Ils sont clairement très heureux et érudits, mais le manque de culture populaire les fait constamment passer pour des excentriques. Comment s'épanouir en société quand on ignore ce qu'est le Coca-Cola et qu'on porte son trophée de chasse en guise de couvre-chef?
J'ignore si je suis la seule à avoir rencontré ce problème, mais oui, clairement, quand vous faites du homeschooling et qu'en plus vous n'avez ni télé, ni jeux-vidéo ni même chocapics au petit déj, les enfants passent vite pour des martiens auprès des petits copains. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'apprécie qu'ils soient abonnés au journal de mickey: parce que même si je pense qu'ils n'ont pas besoin de savoir que les J.O ont eu lieu au Brésil, ça leur donne juste assez de culture populaire pour ne pas avoir à souffrir de passer pour de gentils illuminés.
En revanche j'ai été attristée par la fin (attention, si vous ne l'avez pas encore vu vous pouvez encore arrêter la lecture!) puisque la décision est prise de trouver un juste milieu, d'aller vivre dans une maison à la campagne et d'envoyer les enfants à l'école en bus avec le lunch bag. Je les trouvais hyper attachants dans leur marginalité mais cet épilogue donne l'impression qu'il faut obligatoirement passer par l'école pour être apte à s'épanouir en société...
Les critiques lues sur le web
Dans les critiques le conditionnement idéologique revient souvent.Certes: le père est clairement en guerre contre la société de consommation, et il transmet ses valeurs à ses enfants. Mais c'est le cas absolument partout. Une instruction sans valeurs... ça n'existe pas. A partir du moment où l'enfant est instruit des valeurs sont inévitablement transmises, heureusement d'ailleurs! Soit ce sont les valeurs de l'école (donc des valeurs politisées, qu'on le veuille ou non), soit ce sont celles des parents.
D'ailleurs ils ne vivent pas non plus sous la coupe toute puissante du père puisque leurs lectures sont variées et qu'ils sont encouragés à jeter un regard critique très personnel sur tout ce qu'ils apprennent. A plusieurs reprises ils prennent une autre position et défendent leurs convictions (mission sauver maman!). La rébellion du fils est même plutôt bien gérée: la discussion est ouverte, posée.
L'autre critique récurrente concerne les scènes d'enfants qui chassent. Mais à moins d'être vegan, je trouve plutôt plus sain de voir un enfant chasser qu'un enfant mangeant un big-mac sans même avoir conscience de la composition du steak. Nos enfants mangent leurs poules et pêchent dès 3/4 ans, c'est quelque chose qui me semble normal.
Bref: certes dans captain fantastic on est dans l'extrême, c'est d'ailleurs un choix de vie absolument impossible en France sous peine de se voir retirer les enfants par l'assistance sociale. Mais malgré tous ses petits défauts et dérapages la famille des bois m'a bien moins choquée que la famille américaine standard, engluée devant la playstation!
Et vous, qu'en avez-vous pensé?
jeudi 20 octobre 2016
Les maths, la chimie et la génétique en BD
Lui, c'est Larry Gonick, prof à Harvard, auteur, dessinateur, mathématicien, journaliste au MIT... Non seulement c'est une tête, mais en plus il sait expliquer avec limpidité des concepts complexes histoire de les rendre accessibles au commun des mortels.
Et ces petits chefs d'oeuvres remplis d'humour ce sont ses oeuvres, traduites en français après avoir connu un succès incroyable aux USA.
Je vous présente, si vous ne les connaissez pas déjà, Les maths en BD, La Chimie en BD et La génétique en BD! Accessibles dès dix ans, ils ont rejoint l'étagère des livres dont nous nous servons presque tous les jours pour le homeschooling.
Et ces petits chefs d'oeuvres remplis d'humour ce sont ses oeuvres, traduites en français après avoir connu un succès incroyable aux USA.
Je vous présente, si vous ne les connaissez pas déjà, Les maths en BD, La Chimie en BD et La génétique en BD! Accessibles dès dix ans, ils ont rejoint l'étagère des livres dont nous nous servons presque tous les jours pour le homeschooling.
Hop, trois nouveaux livres à ajouter à la liste des living books de sciences et de maths!
lundi 17 octobre 2016
Maths: et après la méthode Singapour?
Je sais que je suis loin d'être la seule à avoir cherché en vain de quoi prendre la relève après la fabuleuse méthode Singapour, qui malheureusement s'arrête au CM2. Mon grand homeschooler ayant une vraie passion pour les maths, la question s'est posée plus tôt que prévu.
J'ai d'abord pensé opter pour un manuel en anglais (aux USA la méthode se poursuit bien au-delà du 5th grade/CM2). Ils sont par ici, et vous aurez l'embarras du choix. Mais l'impossibilité de les feuilleter avant de les commander me freinait un peu. Et puis la barrière de la langue restait à mes yeux un obstacle non négligeable: à dix ans, rares sont les enfants qui maîtrisent assez d'anglais pour être autonomes face à un énoncé de problème de maths. Je me suis ensuite tournée vers Sésamaths, qui semblait faire l'unanimité. Mais ici ça n'a pas pris du tout: la sixième est à un niveau plus bas que le cm2 Singapour, nous avons trouvé les explications un peu tordues et le nombre d'exercices franchement léger... Bref, nous n'avons pas été convaincus.
J'ai fini par poser la question directement à l'auteur de la méthode Singapour, qui a eu la bonté de me conseiller le meilleur ouvrage pour prendre la relève. Je le remercie infiniment pour cette belle découverte:
Table des matières ICI
Extrait ICI (premier chapitre du niveau 5°, la division euclidienne)
Heureuse surprise: le manuel s'adresse, entre autres, "aux familles qui pratiquent l'école à la maison".
C'est un véritable pavé: il regroupe tous les cours et tous les exercices de maths et de géométrie pour tous les niveaux du collège. Et surtout: les corrigés sont inclus. Le tout pour17,30€, c'est imbattable! Les concepts sont expliqués clairement, les enfants sont encouragés à les expérimenter eux mêmes pour les comprendre et le nombre d'exercices est assez fourni pour qu'il y ait de quoi faire. La sixième est volontairement éludée: après une primaire Singapour, les enfants enchaînent tout naturellement avec le niveau cinquième.
Attention: le livre est en noir et blanc, sans dessins ni aucun côté ludique. Pour un manuel de maths niveau collège le "fun" me semble superflu mais pour un enfant qui a beaucoup de mal en maths ça risque d'être un peu austère.
Ici nous travaillons avec depuis un an, avec l'aide de la Khan Academy pour présenter chaque nouveau concept, et vraiment, nous n'aurions pas pu rêver d'une meilleure relève après Singapour.
lundi 10 octobre 2016
On a testé la junior spartan race
Dans une super forme depuis que j'ai décidé que, malgré le homeschooling, la sédentarité n'est pas une fatalité, je me suis laissée embarquer dans une folle aventure: faire la Spartan Race en couple. Et tant qu'à faire... nous avons aussi inscrit nos deux grands à la course pour enfants.
Je ne m'étendrai pas trop sur la course des adultes étant donné le nombre d'articles sur le sujet (oui c'est une course de fous-furieux, oui il faut descendre et remonter une montagne avec un sac de gravier de 25 kg, oui il faut nager, sauter et ramper dans la boue sous des barbelés, non personne ne m'a forcée, oui je suis couverte d'hématomes, et oui, en grande masochiste que je suis je recommencerai sans hésiter l'an prochain!).
Par contre j'ai trouvé très peu d'informations sur la course catégorie JUNIOR. Voici donc notre retour d'expérience:
Pour qui?
Pour tous les enfants de plus de 7 ans qui sont en bonne condition physique (c'est à dire habitués à faire du sport très régulièrement). L'effort est important pour des enfants, tout en restant raisonnable: il faut compter environ 25 minutes d'efforts continus pour boucler la course. Le départ se fait par tranche d'âge.
Où?
En France la Spartan Race propose plusieurs évènements chaque année: à Paris, Marseille (circuit Paul Ricard), Morzine, et La Rochelle. Pour les québécois et les expats regardez par ici: des "Spartan" sont programmées un peu partout en Amérique du Nord et en Europe.
Et ça consiste en quoi?
C'est la même course que pour les adultes mais en miniature. J'ai trouvé que c'était vraiment bien dosé: ni trop facile, ni écoeurant. Les enfants doivent parcourir entre 750m et 2km, selon l'âge, en franchissant divers obstacles: gravir une montagne de pneus, grimper à la corde, escalader des bottes de paille, ramper dans la boue, courir dans les cailloux, porter des charges lourdes, tirer au javelot, franchir un plan incliné, sautiller à pieds joints, passer dans des tubes... Le tout dans une ambiance... spartiate!
Ils ont franchi la ligne d'arrivée écarlates, dégoulinants de boue, mais fiers et heureux. Comme pour les adultes, le mieux est de prévoir de vieilles baskets et des vêtements en bout de course: de toute manière c'est pour aller patauger dans la gadoue.
On a adoré...
-L'ambiance: très jeune et familiale! Pour la spartan race junior comme pour celle des adultes l'esprit est vraiment bon enfant. Les gens s'entraident, s'encouragent... Ca se sentait même chez les petits.
Les enfants ont adoré: "Un spartan pousse son esprit et son corps jusqu'à ses limites. Un spartan est maître de ses émotions. Un spartan apprend continuellement. Un spartan donne généreusement. Un spartan mène ses troupes. Un spartan se lève pour ce en quoi il croit, peu importe les sacrifices. Un spartan connaît ses défauts ainsi que ses forces. Un spartan se révèle à travers ses actions, pas à travers des mots. Un spartan vit chaque jour comme si c'était son dernier."
-Le prix: 15€ par enfant, c'est très raisonnable (beaucoup plus que le tarif adulte qui pique un peu même si je pense personnellement que la course les vaut largement).
-La mixité (hommes/femmes, armoires à glace/brindilles, ...). De tout le week end je n'ai été témoin d'aucun machisme, d'aucune condescendance, au contraire! J'ai vu des petites filles et des ados courir et franchir des obstacles aussi bien, si ce n'est mieux que leurs homologues masculins. L'atmosphère "femme forte" est quand même autrement plus marquante pour les enfants que ces "ABC de l'égalité" bidons. Bref: ils ont été impressionnés par la force des femmes, aux antipodes de certains clichés sur le sexe faible.
-La proximité des autres courses: les enfants ont adoré assister aux arrivées des adultes et regarder les grands traverser un lac, soulever des pneus de camion ou franchir des murs.
-La simplicité: Certes, entre la Swedish Drill et la spartan race gît comme un lac de boue surplombé de barbelés. Mais je trouve l'esprit très "Charlotte Mason" malgré tout: faire du sport avec des objets de la vie quotidienne, courir dehors dans la nature, se dépasser, manger sainement (les ravitaillements sont composés d'eau et de fruits, ce n'était pas du tout un esprit de "consommation". D'ailleurs la spartan race prône un mode de vie sain et simple)...
-La simplicité: Certes, entre la Swedish Drill et la spartan race gît comme un lac de boue surplombé de barbelés. Mais je trouve l'esprit très "Charlotte Mason" malgré tout: faire du sport avec des objets de la vie quotidienne, courir dehors dans la nature, se dépasser, manger sainement (les ravitaillements sont composés d'eau et de fruits, ce n'était pas du tout un esprit de "consommation". D'ailleurs la spartan race prône un mode de vie sain et simple)...
-Et bien sûr la médaille! C'est un très beau souvenir dont ils peuvent être fiers.
On a moins aimé...
-le manque d'indications pour la course junior (contrairement à la course adulte qui elle était remarquablement bien organisée). On ne savait pas trop où était le départ, l'inscription était un peu chaotique (horaire, files d'attente...) et pendant la course les enfants ne savaient pas combien de tours ils devaient faire selon leurs âges. Bref, quelques couacs sans grande importance mais s'il y a un point à améliorer, ce serait celui-là.
-le manque de visibilité pour les parents. C'est secondaire par rapport au fait que les enfants se sont absolument éclatés, mais j'ai entendu beaucoup de parents regretter de ne pas pouvoir plus facilement encourager et photographier ces petits "spartans". La spartan race junior c'est juste tellement craquant: si on pouvait assister à autre chose qu'au départ et à l'arrivée ce serait fabuleux.
Deux excellents livres pour approfondir, avec les enfants, l'histoire de Sparte:
-l'histoire de l'antiquité (le chapitre sur la Grèce est passionnant).
-et l'histoire des grands hommes (une double page est réservée à Léonidas et à la bataille des Thermopyles dont s'inspire la Spartan race)
Lois et décrets sur l'ief: un vrai point de situation!
Je pense ne pas être la seule à avoir du mal à me repérer entre les différents projets de loi et de décrets en cours. Pour nous aider à y voir plus clair, Denis a gentiment accepté de prendre la parole au nom de la toute nouvelle FELICIA (fédération pour la liberté du choix de l'instruction et des apprentissages)
Bonsoir Denis, quelques mots sur toi?
Bonjour Laure, je suis Denis ;-)
Papa d’une jeune ado en IEF, je suis celui qui a le beau rôle dans la famille. Je fais des trucs rémunérés en dehors du domicile tandis que la maman gère toutes les galères et la responsabilité de la gestion quotidienne de l’instruction en famille. En mai 2016 après l’annonce d’un décret ministériel qui implique une modification réglementaire des contrôles de l’instruction en famille, malgré mon manque d’implication au quotidien je me suis dit : « WOW , mais stop maintenant ! » (d’autant que je voyais à peu près à quoi peut ressembler un contrôle new look tel qu’il se pratique déjà de manière a-légale dans certaines académies.)
Je me suis dit que je pouvais sacrifier mon temps libre en transports en commun et autres, et j’ai regardé quelles étaient les actions mises en place par les associations IEF nationales ou celles de ma région pour lutter contre ce projet de décret et pour faire connaître cette atteinte à la liberté de choix d’instruction dans la presse etc.
De fil en aiguille, ne trouvant pas d’action qui me corresponde, je suis tombé sur un groupe facebook monté par quelques mamans investies proposant d’unir un maximum d’associations et de quidams dans une communication unifiée et des actions communes, explicites, sur le sujet ainsi que de chercher rapidement comment se défendre. Ca m’a parlé parce que c'était à la fois très pragmatique, très ciblé et faisait montre d’un accueil assez ouvert.
J’ai proposé mes maigres compétences en gestion de projet pour aider à ce que les discussions autour de cette proposition de regroupement accouchent d’un concept concret et utilisable pour que cette fédé / asso puisse voir le jour, afin que je sache concrètement si j’ai envie de la rejoindre. Comme j’ai une grosse tendance / défaut à donner mon avis sur tout… ben je me retrouve avec de demandes d’interview sur ton site, largement illégitimes en fait puisque la fédé n’est pas née de mon cerveau (je n’en ai d’ailleurs pas ;-) et qu’elle est à ce jour la somme du travail d’une grosse vingtaine de parents qui bossent tous les jours sur différents chantiers urgents (les statuts, le règlement intérieur, la prise de contact avec les pouvoirs publics, les réactions au texte de loi….), mais aussi le résultat du soutien d’une grosse centaine de sympathisants et de plus de dix associations qui ont déjà manifesté l’envie de porter un projet commun. Tous mériteraient bien plus que moi la faveur d’une interview. Je suis celui qu’on voit parce que je parle beaucoup /trop. Loin d’être celui qui porte le projet sur mes épaules. Elles n'y suffiraient d’ailleurs pas.
On a beaucoup entendu parler ces derniers temps de projets de loi et de décrets autour de l'instruction en famille. Qu'en est-il aujourd'hui?
Tout a “commencé” par le travail de veille des assos nationales sur le sujet. LEDA, LAIA, CISE, le Collectief… ont été invitées à participer au cabinet de la ministre Belkacem à prendre part à la discussion sur l’amélioration des contrôles de l’IEF initié par l'inspection académique. Or en fait de “discussion”, elles se sont retrouvées uniquement invitées à lire un nouveau projet (page 21) de décret d’application régissant les contrôles de l’instruction en famille… et pas vraiment à apporter leur savoir faire dans sa définition. Dans tout autre secteur de la vie publique on appellerait ça un “traquenard”.
Comme pour justifier de la création d’un décret, il faut l’adosser à une loi qui peut seule justifier de modifier les procédures existantes, est né l’amendement n°3679 au projet de loi Egalité Citoyenneté qui modifie par la loi, l’article 131-10 du code de l’éducation de manière très subtile : « L’autorité compétente de l’État détermine les modalités du contrôle ». Dès lors comme il y a nouvelles modalités inscrites dans le code, il y a forcément besoin d’un nouveau décret. Et ça tombe bien il est déjà écrit. :-) Ce décret a fait bondir, à raison, les associations qui l’ont lue et tous les parents qui l’ont ensuite consulté. En voici les quelques lignes qui changent tout:
Article 1er
L’article D. 131-12 du code de l’éducation est remplacé par les dispositions suivantes :
« D. 131-12. L'acquisition des connaissances et compétences est progressive et continue dans
chaque domaine de formation du socle commun de connaissances, de compétences et de culture et doit avoir pour objet d’amener l'enfant, à l'issue de la période de l'instruction obligatoire, à la maîtrise de l'ensemble des exigences du socle commun. La progression retenue doit être compatible avec l’âge de l’enfant et son état de santé, tout en tenant compte des choix éducatifs effectués.
Le contrôle de la maîtrise progressive des acquis du socle commun est fait au regard des objectifs de formation attendus à la fin de chaque cycle d’enseignement de la scolarité obligatoire. »
Article 2
Après l’article D. 131-12 du même code, il est ajouté un article D. 131-13 ainsi rédigé :
« Le contrôle de l’acquisition des connaissances et compétences prescrit par l’autorité de l’Etat compétente en matière d’éducation se déroule sous la forme d’un entretien avec les personnes responsables de l’enfant soumis à l’obligation scolaire en présence de ce dernier. L’enfant est ensuite soumis à des exercices écrits ou oraux ».
Les trois phrases que j’ai mises en gras changent beaucoup de choses. D’abord, le contrôle est désormais prévu non plus pour vérifier qu’une instruction cohérente est bien dispensée à l’enfant , lui permettant d’acquérir pour l’âge de seize ans les attendus du socle commun de connaissances et de compétences, comme c’était écrit dans la précédente version du code et des circulaires envoyées aux inspecteurs mais bien pour vérifier que cette instruction permet d’atteindre les attendus de chaque palier d’acquisition de ce socle (tel que mis en place par les écoles de l’éducation nationale) ; soit des échéances de deux ou trois ans, entre 6 et 16 ans (palier 1, palier 2, palier 3…).
Plus encore, une “maîtrise progressive” est demandée au regard de ces paliers bi ou trisannuels. Ca veut dire, pris au pied de la lettre, que la progression de l’instruction donnée doit être conforme à ce qui est communément établi comme norme pour l’acquisition des connaissances du palier : et la seule norme de progression connue des inspecteurs, ce sont les niveaux de classe définis dans leurs référentiels.
Pour ce qui est de la dernière phrase en gras, cela signifie que désormais l’enfant sera SYSTEMATIQUEMENT soumis à des tests écrits ou oraux, à la fin de l’entretien avec le parent instructeur là où , avant , l’inspecteur pouvait simplement proposer une discussion additionnelle avec l’enfant, après avoir entendu la méthodologie et le projet de l’enseignant parent dans l’acquisition du socle à 16 ans pour vérifier que l’instruction donnée est bien réelle et que l'enseignant n’est pas atteint de mythomanie. Parce qu’il faut le marteler, le but du contrôle est de vérifier la compétence de l’enseignant dans son rôle d’instruction. Pas d'évaluer les résultats de cette instruction sur l’élève. C’est d’ailleurs la stricte transposition de ce qui se fait s’agissant du contrôle des professeurs en classe des écoles de la République.
Ces trois phrases changent beaucoup de choses. Je pense aux parents qui pratiquent les apprentissages informels ou à ceux qui par exemple appliquent des pédagogies où l’examen écrit/oral est une aberration pédagogique. Ou encore ceux qui ont des enfants-élèves passionnés par une matière qu’ils creusent à un certain âge largement au delà des attentes du référentiel et réservent une autre matière pour un autre âge (les études ne cessent de démontrer par exemple que tous les enfants n’ont pas un cerveau programmé pour apprendre à lire à 6 ans)
On jugera aussi avec ironie la prise en compte des « choix éducatifs des parents » mentionnée dans le décret, dans la mesure où le même décret sous-entend de les contraindre à des paliers du socle commun, une progressivité d’apprentissage et des tests écrits ou oraux. Les parents ont donc la liberté de choix de faire comme l’école de la République, à un tempo à peine individualisé. Drôle de conception de la liberté. Aveu de déni de toute avancée pédagogique, neuroscientifique… qui ne cessent de remettre en cause le modèle de l’école en France.
On notera aussi pour compléter le tableau noir que rien n’oblige plus, dans le texte proposé, les inspecteurs à se déplacer dans la classe de l’enfant c’est-à-dire son domicile, la médiathèque du coin…. Nombreux sont les parents qui connaissent déjà le départ pour le contrôle à l’Académie avec une valise à roulettes regroupant toutes les productions de l’élève depuis le début (bah oui parce qu’en plus les inspecteurs changent souvent et ne disposent pas de l’historique de l’élève )
En lisant le texte du décret de manière à peine pessimiste, on peut tout à fait se représenter que le contrôle imaginé par le ministère consiste à inviter les enfants dans un local de l’Académie, de discuter quelques minutes avec les parents, puis de soumettre les enfants à une série de tests piochés dans les exercices donnés aux élèves de la classe correspondante dans les écoles de la République. Et pourquoi pas de rassembler dans une salle d’examen plusieurs examinateurs et plusieurs examinés en demandant aux parents de quitter la salle. (Si d’aucuns en doutent, sachez que c’est déjà l’usage “hors des clous” qui se pratique dans plusieurs académies sous prétexte de rentabilité du temps alloué )
Ce qui se passera après cet “examen” devenu légal par décret est une boîte noire qui n’est pas transcrite dans les nouveaux textes de loi. Que se passera-t-il si l’inspecteur dispose de tests écrits « prouvant » qu’un enfant n’a pas réussi à atteindre le niveau espéré par la progression dans le palier ? A-t-il l’obligation de proposer le brouillon de son rapport pour commentaire à l’instructeur? Sera-ce l’occasion d’une discussion sur les méthodes de l’instructeur-parent pour « corriger le tir » ? Aura-t-on besoin de « corriger le tir » si on parvient à faire valoir que nos choix pédagogiques n’impliquent pas de réussir des tests écrits ou de respecter des paliers de socle? Quelles preuves pourra-t-on conserver d’une inadéquation éventuelle du test avec les besoins de notre enfant ou son profil (dys, zèbre…), quand la seule chose qui restera de l’examen c’est une feuille d’exercices ratés par l’élève et l’appréciation à sens unique d’un inspecteur assermenté de fait?
Toutes ces questions sans réponse et l’expérience malheureuse de certains parents déjà avec le cadre législatif actuel laissent présager que la bienveillance sera parfois toute relative (quand on sait que la rapporteur de la commission du sénat en débat parle déjà de certains parents “qui n’ont pas les pieds sur terre”, que le ministre Kanner évoque “la recherche de médiatisation s’agissant d’un contrôle qui se passe mal” je vous laisse imaginer le champ d’interprétation possible par un inspecteur formé aux et convaincu par la méthodologie pédagogique mise en place de la primaire au collège).
C’est pourquoi les parents, les assos… tout le monde est parti en croisade contre ce décret qui est une atteinte manifeste à la liberté de choix d’instruction. Et pour partir en combat contre un décret qui n’existe pas encore officiellement, la seule issue c’est de se battre pour qu’il n’y ait pas de nouvelle loi, donc pas la possibilité de rédiger un nouveau décret.
En mai tout le monde s’est motivé pour prévenir les députés de l’assemblée des dangers du décret adossé à la loi. Tout le monde a fait les choses dans son coin. On a manqué notre cible. Et accumulé de l'expérience: pour parler d’une loi anodine en apparence adossée à un projet de décret qui n’existe pas encore officiellement il faut avoir des démarches personnelles auprès des représentants de la République, avoir un plan structuré pour faire en sorte de les convaincre individuellement sans en oublier au passage, et surtout faire en sorte qu’ils soient tous présents lors du vote..
Le texte du 14 b n’a pas été retiré ni changé malgré un certain nombre de députés alertés ou gagnés à notre cause. Les débats affreux ont essentiellement parlé de protection des enfants contre les sectes et le terrorisme, et les arguments des pro-ief n’ont pas été entendus, ou si peu. Les enfants ief de Saint Denis ont pris cher dans les débats, souvent cités en exemple pour justifier l'obligation de contrôles dont la plupart des députés semblaient ignorer qu’ils existaient déjà. Le texte de la loi est resté « L’autorité compétente de l’État détermine les modalités du contrôle » (et justifie toujours le décret).
Cet été la loi a été transmise au sénat qui a analysé tous ces points. Les associations nationales, -pas nous malgré mes demandes-, ont été convoquées à une table ronde menée par la rapporteur de la commission spéciale du sénat saisie de la loi Egalité Citoyenneté incluant le 14b. Madame Gatel. Elle a compris en partie les questions légitimes des parents.
Mais elle n’a pas souhaité, non plus, entièrement le 14b du texte qu’elle présentait, avec sa commission, aux autres sénateurs. Elle a juste admis que si le but de la loi proposée par le ministre Kanner était de contrôler les dérives terroristes alors il fallait admettre que les contrôles se passent plutôt à la maison, sinon ça n’avait pas de sens. Le texte qui a été soumis au vote des sénateurs mardi 5 octobre a donc été transformé en ce sens « L’autorité compétente de l’État en matière d’éducation détermine les modalités du contrôle. Le contrôle est effectué sur le lieu où est dispensée l’instruction, sauf décision motivée de l’autorité compétente de l’État en matière d’éducation. » . Plusieurs sénateurs ont proposé là aussi pendant les débats, des choses affreuses à base de terrorisme, de soumettre nos enfants à un examen médical obligatoire, de demander l’autorisation de faire l’IEF…. Mais aucun n’est passé. Ouf, on a bien préparé le terrain. A priori donc les tests réglementés par le décret devront avoir lieu à la maison sauf “motivation” de l’Académie. Ce qui en soit veut tout et rien dire, puisqu’on ne sait pas ce qu’est une motivation recevable.
A noter, on s’était beaucoup investi avec la fédé -et là on est sûrs aussi d’avoir alerté tout le monde et pris des contacts personnels avec un sacré paquet- autour d’un amendement n°309 qui aurait pu encore préciser les modalités du contrôle et qui aurait changé le texte comme suit : « L’autorité compétente de l’État en matière d’éducation détermine les modalités du contrôle. Le contrôle est effectué, dans le respect des choix pédagogiques des parents, sur le lieu où est dispensée l’instruction, sauf décision motivée de l’autorité compétente de l’État. » . Il a été signé par 20 sénateurs qu’on a contacté. Cet amendement aurait rendu le décret de juin sans doute un peu plus compliqué à justifier et aurait offert aux parents lésés lors d’un contrôle la possibilité de faire un rappel à la loi… Malheureusement il n’est pas passé non plus, la sénatrice de Menton qui le portait l’ayant retiré de son propre chef pendant les débats, convaincue par les arguments de Mme Gatel concernant “la brèche” que lui semblait ouvrir cet amendement dans les contrôles qui se passent mal. Nous on aurait plutôt dit la possibilité de faire respecter nos droits. Mais bon...
La loi suit sa procédure normale s’agissant d’une loi « en procédure accélérée ». Elle sera discutée au sénat jusqu’au 12 octobre. Après le 18 octobre, elle retourne à l’Assemblée Nationale ou une commission mixte paritaire de 6 députés et 6 sénateurs devra définir si les modifications proposées par le sénat sont pertinentes ou non.
Ils doivent se mettre d’accord sur un texte final. Ils peuvent encore retoquer complètement l’article 14b mais ce serait étonnant, ou faire revenir le texte dans l’état où il était avant son passage au sénat, donc sans mention pour le lieu du contrôle.
Après, la loi sera officiellement votée, publiée au Journal officiel et le décret d’application sera sans doute traduit en circulaire à l’usage des inspecteurs d’académie pour la conduite des tests.
Si nous ne sommes pas d’accord avec le texte du décret, en opposition à la liberté de choix d’instruction, il faudra sans doute passer par la voie juridique. Et c’est assez compliqué à titre individuel (il faut attendre qu’un inspecteur décide de rescolariser son enfant au nom d’un test raté, et là attaquer en disant que le test est contraire à la liberté de choix d’instruction), parce que c’est un combat qu’on mène souvent seul et qui peut avoir des conséquences familiales dramatiques, malgré le soutien d’assos ou de proches..
On peut aussi explorer des voies juridiques plus globales pour essayer de démontrer que le décret ne respecte pas la liberté de choix d’instruction et pose des questions en matière de constitutionnalité. (C’est un peu ce qui est arrivé à l’arrêté anti burkini, dont le conseil d’état a jugé qu’il était anticonstitutionnel). Mais pour saisir le conseil d’état c’est une autre paire de manches. C’est pourquoi la création d’une fédération d’intérêt général, représentant un maximum de gens par un avocat apte par exemple à plaider au conseil d’état, fait sens. Mais n’est à ce jour une garantie de rien. Et trouver le cador qui prendra fait et cause pour tous, n’est pas une recherche qui se fait à la légère, ni sans financement. En répartissant le poids du financement et la recherche du BON profil entre plusieurs personnes, on ne sera que plus efficace.
La fédération FELICIA semble prendre forme. En quoi pourrait-elle changer la donne à l'avenir?
Elle n’a pas prétention à changer la donne je crois. Poser des garde-fous généraux plutôt. Elle vise essentiellement à se positionner en référent de réalités d’instructions différentes, représentées déjà par plusieurs associations qui font très bien leur travail et leurs actions dans leur microcosme régional ou thématique, mais n’abordent toutes qu’une partie de la réalité des familles en France. Entre une association pour la liberté d’apprendre différemment, une autre qui milite pour l’épanouissement ou les méthodes alternatives, une école hors contrat, des écoles en CPC, des associations de rencontre entre IEF d’une même région, des associations culturelles ou philosophiques en IEF etc. Il y a un large éventail de réalités. Qui aujourd’hui voient les actions à mener chacune par leur prisme particulier, ne peuvent pas toutes, par leurs statuts actuels ou par leur taille, se positionner en association d’intérêt général ou se mettre en ligne dans une quelconque action en justice.
L’idée à la base de la fédération est de se dire qu’en cumulant les dénominateurs communs à toutes ces associations, en y ajoutant la voix de parents qui ne se retrouvent aujourd’hui dans aucune des associations existantes on devient une force de réaction et de prise de position forcément plus importante. On écoute forcément de manière plus attentive une association qui représente 10 000 personnes que 7 associations de 1000 personnes plus une série d’isolés. On produit forcément plus d’actions coordonnées quand on s’y met tous ensemble que chacun de son côté, avec des succès divers et des moyens qui se chevauchent parfois.
On essaie aussi de créer cette association conformément aux règlement qui lui permettraient de se piquer d’ester en justice sur les cas manifestes d’atteinte à la liberté de choix de l’instruction et des apprentissages. C’est passionnant et très complexe, mais le temps presse et les journées ne font que 24h.
Concrètement, que peut-on faire pour t'aider? Recherches-tu des profils particuliers?
M’aider moi, pas grand-chose, sauf à connaître un profil de magicien pour élargir la durée d’une journée. 😀
Mais pour aider tout le monde en IEF il y a plein de manières via la fédé. On a pas mal galéré (ça a été houleux il faut l’admettre) cet été à définir des statuts de fédération qui impliquent que tout le monde soit partie prenante du projet et pas uniquement une petite équipe qui serait la « tête pensante » de la fédé et penserait à la place de ses membres. Certains ont pris leurs distances, d’autres sont montés ou remontés à bord, et quelques voix en gardent une certaine rancoeur. Je ne savais pas mais il faut croire que c’est le lot de la création de ce genre de projet fédérateur. On ne contente pas tout le monde tout de suite, on passe sans doute trop de temps chrono à asseoir des règles qui conviennent au plus grand nombre et ça fait parfois bouillir les esprits au vu du timing serré dont on dispose pour agir. J’ai l’espoir de croire que plus les bases sont solides et moins l’ensemble peut être laminé à la moindre bourrasque.
Le pire travers serait de tomber dans une perpétuelle discussion de philosophie ou d’ego au détriment de l’action, et la structuration nécessaire accapare effectivement beaucoup de temps de cerveau disponible (comme disait l’autre). Il faut trouver le juste équilibre.
Mais c’est vrai aussi qu’au vu de la multitude de chantiers à mener de front, du besoin d’avancer rapidement sur des sujets multiples et parce qu’on a défini un mode de fonctionnement assez ouvert et “investissant”, il faut que chaque participant se responsabilise dans une démarche tout sauf attentiste: si tu as une idée pour faire avancer un des aspects de la fédé ou de ses combats, tu te signales, on étudie ensemble ce que représente ton idée et où tu peux l’emmener. Ensuite on t’invite à constituer une petite équipe de choc qui se met des objectifs clairs, datés, jalonnés quant à la réalisation de ton idée. Et quand ton projet a abouti au résultat préparatoire espéré, on le soumet au vote de tous. Là, si il remporte l’adhésion, on le met en application l’instant d’après. Dit comme ça on dirait les règles d’une communauté hippie. Je sais, c’est aussi la remarque que j’ai faite avec ironie en arrivant en juillet dans les débats au moment ou plusieurs membres ont proposé ce modèle de fonctionnement collaboratif qu’on a ensuite affiné. Mais il faut plutôt le voir comme la mutualisation des cerveaux et des savoir faire pour aller plus vite, plus loin, plus efficacement. Ca a fini par me séduire.
Un exemple simple : quand on s’est dit qu’il fallait trouver un moyen de prévenir les sénateurs que le projet de loi allait leur arriver on a créé un chantier spécifique. On ne s’est pas contenté de proposer à tous les « membres » des éléments de langage sortis de la tête d’un chef de fédé. On a segmenté le truc comme un projet d’équipe. Certains se sont occupés de la lettre type, d’autres de lister les sénateurs à contacter, d’autres ont traqué les fautes dans les courriers que les « membres » se sont proposés d’envoyer, on a essayé de centraliser toutes les démarches histoire d’être sûrs que tous avaient été contactés, on a fait des relances téléphoniques systématiques des assistants parlementaires, et même travaillé à écrire l’amendement 309 dont on regrette qu’il ne soit pas passé.
Autant de tâches impossibles à gérer à deux ou trois, qui se sont avérées possibles avec la force du nombre et la répartition des tâches. C’est sûr qu’on aurait préféré t’annoncer une petite victoire qui nous auraient évités les esprits narquois qui nous regardent de l’extérieur, mais on a au moins la certitude qu’à chaque étape du projet de loi au sénat, on n’avait aucun trou dans la raquette. On a la certitude d’avoir été au plus loin de ce qu’on pouvait faire.
Pour aider Felicia, du coup, il n’y a qu’une seule méthode : se proposer avec ses compétences pour aider à un chantier en cours, ou identifier un chantier utile auquel on a pas encore pensé et qu’on veut mener à bien. La phrase que je répète le plus depuis Août aux gens qui croisent la route de Felicia par la page Facebook ou dans les échanges qu’on peut avoir c’est “qu’on se fiche de savoir ce que tu ne sais pas faire, par contre dis-nous en quoi tu excelles , on va t’aider à aider la création de cette fédé avec ce super pouvoir».
Et franchement les apports sont variables. On a des actions très ponctuelles qui ont permis par exemple de trancher rapidement sur le nom de la fédé de la part d’un papa qui nous a dit qu’il avait quinze jours et pas plus’ pour s’investir. On a des gens qui sont d’une aide précieuse en relecture, en recherche d’outils ou de solution technique, en apport d’idées à première vue farfelues mais qui aident à voir le problème sous un autre angle, on a de très bons chefs de projets, des traducteurs de jargon politique, des meneurs d’hommes et de femmes percutants, des spécialistes de la création d’asso, des graphistes, des as du résumé, des gens qui ont le temps de mener des recherches de fond, de proposer des premières moutures…
Dans les urgences du moment, il y a bien sûr le débroussaillage du volet juridique qui va mobiliser pas mal de bras et de cerveaux pour identifier, argumenter, synthétiser les possibilités. Mais d’autres chantier sont déjà ouverts : quid de l’après 14b s’il passe ? doit-on proposer un livret type pour les cas d’enfants avec une particularité en IEF, pour les faire connaître mieux des inspecteurs ? Comment sensibiliser l’autorité publique de tous les contrôles qui se sont passés ou se passent mal ? Faut-il proposer un référentiel de contrôle ? Doit-on alerter la presse? Une pétition est-elle utile…. Et mille autres qui naîtront au fil des idées des membres pour défendre la liberté de choix de l’instruction et des apprentissages
Si on avait pas établi ce mode de fonctionnement « une idée = une équipe => un résultat » on ne pourrait pas se permettre de réagir rapidement à chaque avancée du projet de loi malgré à peine deux mois “d’existence”. On a donc surtout besoin de gens impliqués et d'un peu de temps de chacun d’eux pour continuer d’avancer sur tous les terrains nécessaires. Cette fédération par le modèle de fonctionnement qu’elle s’est choisi ne pourra exister que si des gens se mobilisent avec leur opiniâtreté et leurs idées pour la faire vivre. Si elle ne trouve pas les relais qu’elle espère auprès des gens qui ont en commun la défense de leur droit au choix… Oui elle ne sera qu’une coquille vide, ou au mieux une association de plus, au pouvoir d’action et à la représentativité limitée. Ce n’est clairement pas ce que je souhaite aux instruits en famille.
Donc bah… venez quoi, il n’y a aucun petit apport. La seule qualité nécessaire est celle d’être capable de se prendre en main seul et ne pas attendre que quelqu’un vienne nous relancer sur la partie de projet qu’on a choisi de porter, si petite ou grande soit-elle. Ca va c’est maigre comme contrainte.
Je te souhaite une bonne soirée. Et merci pour tout ce que vous faites avec FELICIA!
Merci Laura, mais tu sais que ton blog est pas mal non plus ;-) Faire savoir, c’est aussi « Faire ».Tu nous rejoins du coup?
Avec joie!
mardi 4 octobre 2016
Homeschooling et organisation: on s'améliore!
C'est notre sixième année de homeschooling et avec un peu de chance je serai au point niveau organisation avant leur BAC!
Voici quelques astuces trouvées avec le temps que j'aurais beaucoup aimé copier dès le départ:
Nous en avons un par enfant. (Et en passant: cet alphabet Buffon est une pure merveille)
Ikea Rimforsa, en bambou, 14,99€, mais j'imagine qu'il existe beaucoup d'autres modèles.
Et au dos du chariot j'ai juste la place de glisser les bouliers et les sous-main d'écriture pour les deux petites, et les grands classeurs pour ranger les modules des grands:
Et vous, quels sont vos "trucs"?
Voici quelques astuces trouvées avec le temps que j'aurais beaucoup aimé copier dès le départ:
Le support pour livre
Ces petits supports, à l'origine conçus pour l'ipad, nous sont très précieux. Ils permettent de gagner énormément de place sur le plan de travail et de créer un petit cocon bien agréable.Nous en avons un par enfant. (Et en passant: cet alphabet Buffon est une pure merveille)
Ikea Rimforsa, en bambou, 14,99€, mais j'imagine qu'il existe beaucoup d'autres modèles.
Les chariots
Quand je partageais il y a trois ans notre liste d'outils pour le homeschooling, j'étais loin d'imaginer que ce petit chariot Ikea remporterait un tel succès dans la communauté du homeschooling! C'est vrai qu'ils sont assez géniaux pour l'école à la maison: tout y est rangé sur roulettes, on peut facilement les faire rouler pour aller travailler sur la terrasse ou dans la cuisine, ou même les emmener voir ailleurs le temps d'une soirée entre adultes.
Avec les années nous avons de plus en plus de matériel à mettre dedans, et ils commençaient à devenir vite un peu "fouillis". J'ai donc repensé leur organisation et abaissé le bac central.
J'ai désormais un chariot pour les grands et un chariot pour les petites: chaque enfant a son bac. Les bacs du bas, moins accessibles, sont réservés aux feuilles vierges pour l'un, et aux cahiers d'autocollants pour l'autre. Les deux du haut sont pour les enfants. Chaque bac d'enfant comporte trois range-revues (ikea aussi, mais promis je ne suis pas un agent double suédois...):
-français,
-calcul,
-leçons.
Ainsi tout est très facilement accessible. Il reste juste assez d'espace sur le côté pour glisser le cahier de brouillon, les jolis cahiers H, la boîte de crayons de couleur, le dictionnaire, le sachet de fausse monnaie pour nos petits calculs d'apothicaires...
De face |
De dos |
La Tripp Trapp
Mais cette chaise là... est juste géniale. Nous en avons acheté une pour chaque naissance, et aujourd'hui elles accompagnent toujours les enfants au quotidien. Grâce à leurs tripp trapp ils sont toujours à la bonne hauteur pour travailler, leurs pieds ne balancent pas dans le vide...
Niveau ergonomie, s'il y a bien un achat que je ne regrette pas, c'est celui-là.
20 propositions pas si anodines...
Voici un sujet épineux. Un sujet que j'ai d'abord tenté d'éviter en espérant qu'il se règle de lui même en tombant dans l'oubli qu'il mérite. Mais je reçois presque quotidiennement des messages me demandant d'éclaircir ma position. Par ailleurs on ne m'a pas donné la possibilité de m'exprimer directement sur le groupe du collectif en question, la dissidence y faisant désordre.
"J'ai constaté que tu ne faisais pas partie du Collectif de Laurence, bien que faisant du formel avec tes enfants. Pourrais tu en toute confidentialité ( d'où le message privé) m'indiquer qu'elles sont tes restrictions ? J'ai moi même des doutes, (...) j'ai beaucoup de mal à me situer et la question est quand même assez fondamental pour nous tous!"
"Je me permets de te demander pourquoi tu ne soutiens pas le collectif?"
"Coucou, j'ai vu que tu es contre les 20 propositions. Ca fait du bien parce que j'ai l'impression que personne ne comprend que ça ne nous aide pas du tout au contraire. Mais j'ose rien dire, elles sont hyper agressives."
"Je trouvais l'idée géniale au début mais j'ai lu ton intervention et c'est vrai que maintenant que tu le dis ça fait un peu collabo cette façon de faire."
...
A l'origine du projet
Pour ceux qui n'ont pas suivi toute l'affaire, petit flashback: un peu avant les grandes vacances, une homeschool-mom, ancienne institutrice de métier récemment reconvertie en "coach", a décidé de monter un collectif chargé de défendre 20 propositions pour encadrer l'école à la maison. Propositions soumises tout récemment aux politiques sans aucun réel débat. "L'école est la maison", comme son nom l'indique, défend une seule catégorie de familles: celles qui transposent le système scolaire chez elles... et qui ne souhaitent pas que d'autres aient la possibilité de faire autrement.
Leur idée est la suivante: plutôt que de subir les restrictions successives en matière de droit au homeschooling, elles souhaitent collaborer directement avec l'éducation nationale en émettant elles-mêmes les restrictions qu'elles jugent être les "moins pires"... puisqu'elles ne les affecteront pas directement. En somme: on livre le petit voisin en pâture en espérant ne pas se faire bouffer soi-même.
Quelques propositions du collectif, en vrac:
-les familles suivant des cours par correspondance devront être systématiquement contrôlées comme les familles en IEF
-des contrôles de la mairie annuels et non plus tous les deux ans.
-l'obligation pour les familles de soumettre à l'inspection académique un dossier par enfant, présentant le programme dans chaque matière, la progression prévue, les supports et les méthodes qui seront utilisées etc...
-un déroulement standardisé des contrôles, avec tests oraux et/ou écrits. Autrement dit des tests nationaux pour chaque niveau. Un common core à la française, rien de moins.
-un "pallier" à dix ans, avec des objectifs qui devront être atteints sous peine de rescolarisation, peu importe si l'enfant vient d'être déscolarisé ou non.
-un examen obligatoire à 16 ans afin de vérifier que toutes les cases du socle commun sont cochées. Seuls les enfants qui ont présenté et réussi le brevet des collèges en seraient exemptés.
Les petits homeschoolers ne soutiennent en aucun cas cette initiative. Nous faisons du formel, les enfants ont un niveau qui ne me préoccupe absolument pas, et nos contrôles se passent plutôt très bien.... mais je tiens beaucoup trop à la liberté d'instruction en France pour livrer ainsi ceux qui ont une autre façon de faire que la mienne. Je pense également à tous ceux qui rencontrent d'autres difficultés que les miennes (situations complexes de handicap, enfants très atypiques, déscolarisations tardives d'enfants largués,...). Et non, je n'ai aucune envie de devoir confectionner chaque année quatre dossiers pédagogiques pour justifier auprès de l'éducation nationale la progression et les supports choisis, ni celle de soumettre mes enfants à des tests nationaux qui nous imposeraient forcément de suivre les programmes et d'employer le lexique en vigueur dans les écoles. Ces propositions desservent nos intérêts et n'apportent aucun bénéfice en matière de protection de l'enfance ou de garantie à long terme pour le droit au homeschooling.
Agir plutôt que de ne rien faire?
Comme cela a été rabâché à l'assemblée nationale: en France absolument tout l'arsenal juridique est déjà existant pour protéger les enfants non scolarisés. Nous avons juste à défendre les lois déjà en place, ce que les diverses associations font très bien. Nul besoin de tirer à boulets rouges sur ceux qui font autrement, et encore moins d'imposer notre façon de faire en espérant préserver nos petits intérêts personnels.
Collaborer et livrer une minorité pour assurer son propre confort dans la tourmente n'a jamais été une très idée très noble... Alors restons unis les amis, malgré nos différences. On est beaucoup plus fort ainsi.
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