Faire l'école à la maison, c'est prendre une responsabilité énorme: celle de l'instruction de ses enfants. Vous ne pouvez plus vous cacher derrière l'enseignante peu consciencieuse, les programmes mal faits ou les rythmes inadaptés. C'est vertigineux quand on y songe: comment éviter les lacunes? Comment s'assurer qu'ils sachent tout ce qu'il faut savoir pour affronter la vie?
Des lacunes, ils en auront forcément.
Une instruction, aussi bonne soit elle, n'est jamais exhaustive.
Si tu es une adepte du unschooling, ils auront des lacunes. Si tu utilises un cours par correspondance, ils auront des lacunes. Si tu les envoies à l'école, ils auront des lacunes. Si tu utilises des manuels scolaires, ils auront des lacunes. Si tu changes chaque année de pédagogie, ils auront des lacunes. Et si tu utilises la même pédagogie de la maternelle au bac, ils auront des lacunes. Quoi que tu fasses, quelle que soit l'instruction que tu choisis pour tes enfants, elle ne sera jamais parfaite, complète.
Tout ne dépend pas que de toi
En Afrique la sagesse populaire dit que pour élever un enfant, il faut tout un village.
C'est malheureusement plus difficile à mettre en pratique dans notre société, mais il est toujours vrai que les parents ne suffisent pas. Certes nous tenons les rênes, mais tout ne s'arrête pas à nous. Les enfants ont besoin d'autres professeurs (de sport, de musique...), ils doivent vivre d'autres expériences enrichissantes (lectures, autres membres de la famille, rencontres, découvertes, scoutisme, ...) et avoir l'occasion de puiser ailleurs ce que nous ne sommes pas capables de leur apporter.
Certaines lacunes sont plus graves que d'autres
Qu'un enfant soit aux fraises sur la dynastie des Ming, qu'il ne sache pas placer les pays d'Afrique centrale ou qu'il confonde radius et cubitus, c'est un DRAME.
Non... sérieusement: on s'en fiche! Il sera incollable sur les sujets qui le passionnent... et beaucoup moins sur ceux qui le barbent. Peut-être qu'un jour il en aura besoin, ou peut-être pas. Mais il pourra toujours étudier ça plus tard, s'il choisit de se spécialiser.
Non... sérieusement: on s'en fiche! Il sera incollable sur les sujets qui le passionnent... et beaucoup moins sur ceux qui le barbent. Peut-être qu'un jour il en aura besoin, ou peut-être pas. Mais il pourra toujours étudier ça plus tard, s'il choisit de se spécialiser.
En revanche Charlotte Mason distinguait deux sortes de personnes:
- celles qui lisent, et qui réfléchissent.
- et celles qui ne lisent pas, et qui ne réfléchissent pas non plus.
Celui qui ne lit pas n'a pas la capacité d'aller chercher l'information, de faire des rapprochements d'idées, de prendre du recul, d'étudier et d'analyser par lui-même. L'illettré est beaucoup plus vulnérable à la propagande, à la servitude et aux dérives sectaires puisqu'il adhère directement aux idées des autres. Chaque enfant mérite d'apprendre à lire et à écrire parfaitement. Ce n'est pas une option mais une obligation: seule la lecture et l'écriture feront de lui une personne libre et indépendante.
Cela ne veut pas dire que lire-écrire-compter soit suffisant, loin de là! Mais qu'avec de bonnes habitudes de travail et de concentration c'est la base de tout le reste, et qu'un enfant qui sait ça est capable d'aller au-delà.
Personne ne peut prédire ce qu'ils auront besoin de savoir
Les métiers qu'exerceront nos enfants n'existent probablement pas encore, et il est impossible de prédire les compétences qui leur seront vraiment utiles. J'ai passé des heures dans la salle d'informatique de l'école à apprendre à insérer des disquettes qui arrivée à l'âge adulte n'existaient plus! A contrario nous devons les jolies lettres de nos traitements de textes à Steve Jobs, qui fréquentait un cours de calligraphie juste pour l'amour de l'art: aucun autre geek n'avait pensé à proposer plusieurs polices d'écriture.
Dans le doute, à nous de leur proposer un éventail de connaissances aussi riche que possible! L'idée n'est pas d'être exhaustif (c'est impossible!). L'idée n'est pas non plus de leur apprendre absolument ça, ça et ça juste parce qu'on pense que c'est utile. L'idée est d'ouvrir ses horizons. Une personne cultivée, qui a le goût de l'effort et de la découverte est beaucoup plus apte à s'adapter à un monde changeant.
Et vous, avez-vous peur des lacunes?
Pour en savoir plus sur la pédagogie Charlotte Mason:
Très chouette article , comme souvent.
RépondreSupprimerMerci!
Peur des lacunes? Non, j'en compte tellement moi-même, et ce n'est pas faute d'avoir reçu une bonne éducation, une solide instruction...
RépondreSupprimerComme précisé dans l'article, quoi que nous fassions, il y aura des lacunes. Entre l'intérêt proche de zéro et les oublis, les difficultés etc. Il y en aura, c'est comme ça.
Est-ce une excuse pour le glandage de pro? Certes non. Tout juste à prendre du recul sur ce qui est essentiel, de notre ressort ou pas.
J'ai constaté avec la tendance actuelle " Montessori-trop- à-la-mode-qui-déchire-sa-race-que-si-tu-ne-le-fais-pas-t'es-trop-nulle " que de nombreux parents de bébés étaient véritablement angoissés lorsque junior de 12-18 mois sonnés préférait empiler ou mâchouiller des crayons plutôt que de dessiner des formes géométriques, et posent mille fois la même question, à savoir si c'est normal, s'il n'est pas en retard? (limite le pédopsy!)
Une chasse inquiétante à la performance et à la lacune (qui n'en est pas bien souvent) à tout prix dès le plus jeune âge.
Merci pour ce billet qui ne manquera pas de produire son effet sur les angoissés de l'IEF de tous poils!
@ bientôt
Ahelya
Merci pour ce bel article, fort juste.
RépondreSupprimerOui Nandini, on fait des bébés super performants et des ados de queue de peloton... Quand on pense que Pascal ou Balzac ont été des bébés serrés dans des langes et totalement inaptes au dixième de ce que savent faire les nôtres...
"Cela ne veut pas dire que lire-écrire-compter soit suffisant, loin de là!"
L'essentiel est d'apprendre à apprendre, d'éveiller la curiosité et le goût du travail utile et juste. C'est, pour le résumer, favoriser le développement harmonieux du cerveau et du cœur par des pratiques. Un cerveau n'est pas, dans son fonctionnement, différent d'un arbre: on l'arrose, on lui donne un tuteur, on lui donne de la lumière, on recueille ses fruits, on le taille parfois (et c'est une opération brève), on ne le plante pas à côté d'un autre, on lui donne de l'air, on lui fiche la paix, on ne le prend pas en charge, on ne décide pas quelle branche poussera, on ne préjuge pas de ses résultats, on l'accepte.
PS: "L'illettré est beaucoup plus vulnérable à la propagande, à la servitude et aux dérives sectaires"
Voilà pourquoi les partis de pouvoir et quiconque veut contrôler le peuple organisent l'analphabétisation et, à cette fin, soutiennent l'Education nationale, leur outil qui porte deux mots faux...
Merci pour cet article et pour votre blog que je suis avec grand plaisir! La pédagogie Charlotte Mason nous parle tout particulièrement! Comme chez vous, nous aimons beaucoup les imageries de Fleurus...nos enfants en raffolent! Cependant, j'aurais souhaité savoir quels documentaires vous lisez après les imageries, j'entends quand l'enfant a grandit.
RépondreSupprimerIl existe les grandes imageries (Fleurus), nous en avons mais elles me semblent (c'est peut être juste moi) moins attrayantes, le format me plait moins...
Qu'en pensez-vous? Connaissez-vous des collections de beaux documentaires? D'avance, merci pour votre réponse.
A bientôt,
Céline
Bonjour,
RépondreSupprimerje préférerais lire les livres de Charlotte Mason en version originale, il y en a plein entre "home education" et "Charlotte Mason's Original Homeschooling Series Volume 1" puis 2 et 3... Par lequel me conseilleriez-vous de commencer ?
Encore merci pour ce blog que j'apprécie énormément !!
A bientôt,
Maryline
Parfaitement d'accord avec toi...ce ne sera pas pour t'étonner...! J'ajouterais cependant que le moyen le plus simple, le plus rapide et le plus payant pour éviter les lacunes dans les connaissances de bases (maths, étude de la langue etc...) reste la répétition régulière à l'oral (et un peu à l'écrit) des notions. Quelques questions à la suite d'une dictée, d'une lecture, d'un problème permet de rebrasser les connaissances supposées acquises et de contrôler rapidement et sans lasser l'enfant qu'il y a ou non des lacunes.
RépondreSupprimerDepuis que j'ai vu (et revu) le fabuleux film documentaire "Être et devenir", je n'ai plus peur du tout du tout! Belle journée :)
RépondreSupprimerBravo!
RépondreSupprimerbon je ne vais pas être bien originale, mais effectivement un article comme celui ci fait du bien à lire, on a tellement peur d'oublier quelque chose , moi j'ai pris parti pour le côté sciences c'est d'aborder plein de sujets différents , l'enfant retient ce qu'il veut et si c'est son souhait on approfondit . J'ai envie que sa culture soit un éventail, plus tard libre à lui d'approfondir certains sujet ou non
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