jeudi 26 novembre 2015

Ecole à la maison: comment sauter le pas?

Chaque semaine je reçois une quantité impressionnante de mails. J'essaie de répondre à un maximum de messages, mais malheureusement le quotidien bien chargé d'homeschool mum prend souvent le dessus et certains messages "passent à la trappe"; je m'en excuse sincèrement. Parce que vos interrogations sont souvent les mêmes, trois personnes m'ont autorisé à publier ici leurs questions afin que j'y réponde et que vous vous sentiez peut-être moins seuls avec vos angoisses. C'est parti!




Vos enfants étaient-ils d'accord à 100% ou y-a-t-il eu des réticences de leur part?
Nous avons commencé lorsque mon fils avait quatre ans. Il était emballé à cette idée. Nos voisins faisaient l'école à la maison donc ce n'était pas un saut vers l'inconnu; je pense que cela nous a tous beaucoup rassurés. Les plus petits, qui ne sont jamais allés à l'école, sont très intrigués lorsque nous passons devant une cour de récréation. Je leur demande parfois s'ils aimeraient y aller mais pour l'instant c'est un non catégorique. Vu de l'extérieur ils trouvent ça trop bruyant, ils ont peur de manquer de temps... et l'un de mes fils est terrifié à l'idée d'y attraper des poux (les panneaux "alerte aux poux" sont presque systématiques devant les écoles)! 

Tu ne doutes jamais?
Tout le temps! Je suis sans cesse en train de réfléchir à comment présenter tel sujet pour qu'untel comprenne mieux. Il m'arrive de me demander si nous avons fait le bon choix, parce que ce n'est certainement pas le plus "facile" dans la société actuelle. Mais au final, quand je doute, leurs progrès et leur joie de vivre sont la meilleure des réponses.

Nous n'arrivons pas à franchir le pas... Peur des réactions de l'entourage, nous habitons à 500m de l'école et avoir des remarques dès que l'on croisera un parent d'élève me semble difficile à supporter pour moi et les enfants dans la durée... Comment avez-vous pris votre décision? 
En voyant notre aîné en souffrance. Nous avons juste pris du recul: 
-il n'est pas acceptable qu'un enfant de quatre ans soit aussi malheureux à l'école. 
-il n'est pas acceptable de voir sa curiosité s'éteindre de jour en jour. 
-il n'est pas acceptable qu'il progresse aussi peu sur le temps scolaire et autant durant les grandes vacances. 
-il n'est pas acceptable qu'il rapporte à la maison des cahiers remplis d'âneries et des avant-bras couverts de morsures.
Partant de là, l'avis et le regard des autres... cela devient totalement accessoire. 


Comment avez-vous géré les réactions parfois négatives de l'entourage, tant au niveau de la famille que du voisinage?
Ca a été une belle surprise! 
Les réactions ont été vraiment positives lorsque nous l'avons annoncé. Deux copines enseignantes l'ont pris comme une attaque personnelle et ont coupé tout contact, mais sinon nous avons plutôt eu des encouragements très sympas. Une ou deux fois par an j'essuie des remarques désobligeantes venant d'inconnus ("vous voulez les garder pour vous, c'est égoïste", "et les services sociaux ne vous disent rien?", "dire que tant de gens se battent à travers le monde pour avoir une éducation, vous vous crachez dans la soupe", "vous n'avez pas peur pour leur avenir dites-donc!", "vous voulez jouer à la maîtresse en fait?"...). Je passe vite à autre chose: le monde compte assez de personnes passionnantes et ouvertes d'esprit, il serait dommage de s'attarder avec les autres. 

Comment faites-vous pour tout ce qui concerne le "roulement" de la maison ? les courses, le linge, la cuisine, les rdv (para)-médicaux pour chacun, le temps de s'organiser préparer les activités le matériel etc...?? 
Hum... sujet hautement sensible. 
Faire l'école à la maison c'est plus de bazar, plus de repas et plus ménage... et moins de temps libre pour ranger, cuisiner et nettoyer. Dire le contraire serait mentir: ma maison était beaucoup plus propre et rangée avant! Un jour j'aurai une belle maison impeccable... mais elle sera vide de fou-rires, de petits pas qui trottent sur le plancher et de concours de quatre-pattes dans les escaliers. Tout cela passe tellement vite: j'ai juste envie d'en profiter plutôt que de passer ma vie à faire les courses et le ménage pendant qu'ils sont à l'école, pour ensuite m'énerver après eux le soir parce qu'il faut vite finir les devoirs. 

Mais même si j'ai appris à ne plus être maniaque, j'essaie de m'organiser au maximum pour garder la tête hors de l'eau:
-je me fais livrer les courses. 
-je n'ai pas de plaisir à cuisiner, donc je délègue volontiers (vive Picard!)
-concernant le linge, chacun a son panier et son jour de lessive. J'aide les deux petites de trois et cinq ans bien sûr, mais tous les autres sont autonomes (dès 7 ans on est cap' de gérer son linge, les garçons sont même assez fiers de s'en occuper eux-mêmes). 
-les enfants qui ont des corvées s'en sortent mieux dans la vie. Ca tombe bien parce que sinon sans femme de ménage je ne peux pas m'en sortir! En plus des chambres (chacun est responsable de la sienne), nous avons tous des corvées. La répartition des tâches a été décidée en commun, selon les capacités et les préférences. Le tableau est affiché sur le frigo: chacun connaît son rôle, même le bébé!
-les rdv médicaux: je sacrifie une journée début septembre pour les check-ups complets, éventuels vaccins et innombrables certificats sportifs. Ils sont très rarement malades mais quand cela arrive mon généraliste vient à domicile. Si j'ai besoin d'un rendez-vous médical pour moi, je fais garder les enfants. 

Avez-vous du temps juste pour vous ? 
Pas assez! Mais je suis heureuse, très heureuse. J'ai moins de moments "pour moi", mais je les apprécie beaucoup plus. J'ai un mari, des parents et une baby-sitter formidables. 


Avez-vous fait l'école à la maison tout en étant enceinte ? Cela me paraît difficile de tout gérer, et la fatigue ?
Oui, pour la grossesse de la petite dernière. J'ai des grossesses assez épouvantables, j'étais donc assez vite alitée. Ca a été une période plus "lente" au niveau du homeschooling, mais nous avons avancé tout de même. Ils travaillaient et dessinaient sur la table basse, et je profitais des après midis libres pour faire la sieste. Je pense même qu'enceinte le homeschooling est moins fatiguant que les conduites école-maison quatre fois par jour. 

Vos enfants coopèrent-ils tous naturellement ? Comment gérez-vous les moments où la motivation est moins grande, où chaque leçon génère conflit et discussion ? Comment gérez-vous les susceptibilités de chacun, et votre propre fatigue/lassitude/énervement...?
C'était ma grande angoisse: l'enfant qui ne veut rien faire, qui veut rester au lit toute la journée. Mais je n'ai pas du tout ce problème. Ils sont tous, tous les jours, à 9h sur le canapé pour le récit et la narration qui débutent chaque matinée de travail. Il est déjà arrivé que "ça ne passe pas" mais ça arrive de moins en moins depuis que nous avons une routine avec une grande diversité de matières: s'ils bloquent complètement sur la conjugaison, on passe de toute manière assez vite à autre chose donc ils n'ont pas le temps de se braquer. 


Et vous, quelles sont les questions que vous vous posiez? 

4 commentaires:

  1. super article et très très actuel pour moi ;-). merci !!
    La question du temps pour moi m'interroge aussi, en parallèle avec une autre question que j'en profite pour poser ici car peut-être d'autres de tes nombreuses lectrices vivent-elles cette problématique : jusqu'à quel point (/ taux d'activité) l'IEF peut-elle être compatible avec une activité professionnelle ? Je creuse en effet la question de l'équilibre pro/perso, et je me demandais si poursuivre encore un peu, en bossant 2J/semaine par exemple, serait compatible avec l'instauration d'une routine claire pour les enfants, et n'alourdirait pas trop le programme des jours "école". Je suppose que cela dépend des rythmes de boulot, et des âges des enfants, et j'espère pouvoir m'inspirer des expériences des autres avant d'y apporter ma pierre l'an prochain.
    Une autre crainte est liée aux premiers temps : mes lectures bloguesques me donnent l'impression que, quand on saute le pas avec directement plusieurs enfants, cela peut faciliter les choses car il y a un effet d'entrainement, de groupe ("tout le monde bosse, moi aussi"), qui manque peut-être quand on commence avec un aîné tout seul (ou que N°2 est encore vraiment trop jeune pour être concerné). Qu'en penses-tu ?

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  2. Merci pour cet article dans lequel je nous retrouve ma famille et moi sur plusieurs points!! ça fait du bien et ça (ré)conforte!

    En ce moment mes questionnement se posent sur la poursuite de mon métier d'assistante maternelle qui, même si j'arrive à gérer des temps pour tout le monde, est quand même compliqué par l'IEF (et l'IEF se trouve compliquée par l'accueil des petits)... Pas moyen de se passer de mon salaire néanmoins du coup je ne sais pas trop vers quoi me tourner. Si tu connais des pistes, je serais preneuse! ;)

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  3. Petite question d'une maman non ief : étiez vous enseignante initialement ? Comment apprendre à apprendre quand on n'est pas pédagogue à la Base? Je sais écrire mais apprendre à autrui est plus complexe qu'il n'y paraît : il faut réfléchir au sens du tracé, aux différents alphabets, aux supports pour écrire. Idem pour compter: je découvre avec mes enfants en maternelle que le calcul nécessite de savoir aussi compter de multiples façons.
    Et pour la lecture, idem. Cela prend du temps de savoir comment s'y prendre.
    J'ai un petit garçon différent et je commence à me dire qu'il va falloir que je mette la main à la pâte, l'école ne me paraissant pas très coopérative et mon enfant est pourtant ouvert aux apprentissages...à la maison.

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  4. Je fais l'école à mon fils chez moi. Il aura 5 ans bientôt. Le CNED nous fournit les matières à traiter. Seulement, je ne sais pas combien de temps faudrait-il passer chaque jour pour voir tout ça. Je ne suis pas très pédagogue, je pioche sur le net les méthodes que certains pratiquant l'ief utilisent mais ça reste encore un peu compliqué dans la pratique. Je cherche constamment des méthodes qui seraient efficaces pour capter l'intérêt de mon fils pour les matières. J'y arrive parfois. Il m'arrive de voir qu'il ne branche pas du tout et je manque de créativité. Faut-il vraiment instaurer une routine? Quelles activités faudrait-il instaurer en routine? Faut-il absolument imposer un rituel? Comment selon vous établir un programme équilibré? Certains émettent qu'il y a des heures où l'enfant est plus concentré. Or, tous les domaines à aborder demande une attention soutenue. J'ai fait un programme qui me semblait bon (afin d'aborder tous les domaines en 1 semaine) mais concrètement difficile à atteindre. Je me sens un peu perdue.

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